[Concert] Judas Priest - Saxon - Zénith - Paris - 08/04/2024

NOUS NE NOUS RENDRONS PAS
Le Zénith de Paris accueille Saxon et Judas Priest, deux grands noms du heavy metal britannique. Une très belle soirée.

Superbe double affiche au Zénith de Paris avec Saxon et Judas Priest, deux piliers du heavy metal. Saxon est né en 1976, avec vingt-six albums studio au compteur. Judas Priest a été fondé en 1969 et a sorti dix-neuf albums studio. C'est l'embarras du choix pour les titres joués ce soir et chaque groupe va couvrir au mieux sa longue carrière tout en assurant une ambiance d'enfer. Nous y étions. Nous vous racontons. Suivez-nous !
 

Le concert affiche complet. Contrairement aux autres pays qui ont une triple affiche avec la présence de Uriah Heep, ce troisième groupe n'est pas présent aux dates françaises.
 
Nous sommes dans la fosse. La scène est décorée d'un immense backdrop au nom de Saxon, les amplis Marshall sont siglés de l'aigle, le logo du groupe. La sono lance « It’s A Long Way To The Top » d’AC/DC. C'est le signal de l'imminente montée sur scène de Saxon. L'instrumental « Prophecy » fait monter la pression. Le groupe est accueilli par une ovation. Le chanteur Biff Byford, 73 ans, seul membre originel, veille à maintenir l'aigle actif. Le guitariste Paul Quinn, qui était là depuis 1976, vient de quitter le groupe. Biff Byford a choisi Brian Tatler, le fondateur de Diamond Head, pour intégrer le groupe. Choix judicieux tant Brian Tatler se mêle de manière cohérente à la formation et a d'ores et déjà participé au dernier album « Hell, Fire And Damnation ». C'est d'ailleurs par le morceau éponyme que Saxon choisit d'ouvrir la soirée. Le public ne se fait prier pour suivre l'invitation de Biff à faire un putain de boucan.
 


Le son est clair et permet de distinguer chaque instrument. Les jeux de lumières et les fumigènes installent une belle atmosphère. Les guitaristes arpentent toute la largeur de la scène. Biff nous invite à devenir dingue avec « Motorcycle Man » que nous chantons en coeur. Vu les cheveux gris blanc dans la fosse nous sommes nombreux à avoir écouté ce titre lors sa sortie en 1980. Les plus jeunes prennent aussi grand plaisir à participer à la grand messe. Il faut dire que la rythmique est impeccable, que les musiciens ont de l'attitude et que Biff nous sert son fameux sifflement avec les doigts. « Sacrifice » bourrine avec assurance.
« There's Something in Roswell », deuxième extrait ce soir du nouvel album, fonctionne très bien en concert, avec un groove entraînant et Biff qui saute sur place. Un petit malin lâche des capotes gonflées dans la fosse, capotes qui vont être renvoyées de personne en personne toute la soirée. Bref une excellente ambiance, souriante, bon enfant, participative.
Sur « And the Bands Played On » Brian Tatler aligne les mélodies tandis que Biff va au front chercher la foule.
Une puissante ligne de basse ouvre « Madame Guillotine », troisième et dernier extrait du nouvel album, au riff précis et tranchant. Saxon affronte la tête haute ses 48 ans d'activité. Rien à jeter au panier ce soir.
Retour 44 ans en arrière avec « Heavy Metal Thunder », morceau majeur qui a bercé nos années NWOBHM. La fosse monte en température. Biff ouvre et lance des bouteilles d'eau.
Le chanteur donne le choix au public pour le prochain titre. « Strong Arm of the Law », « Crusader », « Dallas 1PM », « Broken Heroes » et « Ride like the Wind » sont départagés au volume sonore émis par le public. C'est « Strong Arm of the Law » qui emporte le vote. La foule chante avec entrain. Pour le titre suivant nous avons le choix entre « Crusader » et « Dallas 1 pm ». C'est « Crusader » qui gagne. Ce classique est à la fois agressif et aérien. Le refrain est juste un peu trop compliqué à chanter et l'implication de la fosse baisse d'un cran. Biff l'a sans doute ressenti car à la fin du morceau il déchire devant nous la liste des morceaux de la soirée. Il nous donne un faux choix entre « Dallas 1pm » et « Dallas 1pm » et lance ce brûlot qui relance l'ambiance. Le suivant, « Denim and Leather », hymne au public metal jean et cuir de la NWOBHM, fait chanter la foule : « Où étais-tu en 1979 quand le barrage a commencé à céder ? ». Votre serviteur était en province et nous échangions entre collégiens les disques vinyles et les K7.
« Wheels of Steel » est un grand moment. Le public est à fond. Biff Byford réussit à faire se lever toutes les personnes des gradins du Zénith.
Biff Byford remercie l'audience pour sa ferveur. Il remercie aussi les copains de Judas Priest pour les avoir invités. Le concert dure une heure. Il est conclu en beauté par « Princess of the Night », hymne heavy metal imparable et déclaration d'amour romantique à une locomotive à vapeur.
La révérence finale des membres de Saxon lie les musiciens et le public, leur vie et la nôtre.

Setlist
The Prophecy (instru)
  1. Hell, Fire and Damnation
  2. Motorcycle Man
  3. Sacrifice
  4. There's Something in Roswell
  5. And the Bands Played On
  6. Madame Guillotine
  7. Heavy Metal Thunder
  8. Strong Arm of the Law
  9. Crusader
  10. Dallas 1 PM
  11. Denim and Leather
  12. Wheels of Steel
  13. Princess of the Night

Judas Priest est le groupe qui, avec Black Sabbath, a posé les bases du heavy metal traditionnel. Les deux formations sont originaires de Birmingham, Angleterre. Le bassiste Ian Hill est le seul membre permanent depuis 1969. Du premier album de 1974 sont également toujours présents le chanteur Rob Halford, qui a quitté le groupe une dizaine d'années avant de revenir, et le guitariste Glenn Tipton, même si la maladie de Parkinson l'empêche dorénavant de jouer en concert (et si il nous semble improbable que ses lignes de guitare figurent sur le récent album). Rob est surnommé le Metal God, la tournée est intitulée Metal Gods 2024. Voyons comment Judas Priest va tenir son rang en 2024.
 


Sur scène, plusieurs écrans géants sont disposés. De chaque côté nous voyons deux grands fanions à l’effigie du dernier album. Au centre un immense drapeau propose un texte avec des références aux textes du groupe. La sono lance « War Pigs » de Black Sabbath, le signal qui annonce le début imminent du concert. Puis retentit le thème de l'« Invincible Shield Tour ». Le drapeau tombe et dévoile les musiciens. Judas Priest démarre avec du neuf, soit le morceau « Panic Attack », extrait du nouveau meilleur album du groupe, « Invincible Shield », qui vient tout juste de sortir. Rob Halford, 72 ans, barbe blanche, piercing au nez, arpente avec lenteur la scène. Le chanteur accuse physiquement le poids des années. Le charisme est lui intact et l'homme sait embarquer le public avec lui.
« You've Got Another Thing Comin' », extrait du meilleur album du groupe, « Screaming for Vengeance », est joué en deuxième position.
Une immense croix-trident, symbole du groupe, descend du plafond en basculant vers la foule. L'ambiance est d'emblée mise à un haut niveau. Nous sommes dans la fosse. Ça chante, ça remue, c'est dynamique et sympathique. Rob nous applaudit. Richie Faulkner et Andy Sneap aux deux guitares ont fière allure dans leurs cuirs. Richie Faulkner a remplacé K.K. Downing en 2011, quand ce dernier a quitté le groupe qu'il avait fondé en 1969. Andy Sneap remplace Glenn Tipton sur scène depuis 2018. Les guitares sont précises et les harmonies agressives. Les deux guitaristes qui ont bâti le son de Judas Priest, K.K. Downing et Glenn Tipton, avaient deux jeux qui se complétaient à merveille, l'un spontané et sauvage, l'autre mélodique et accrocheur. La paire actuelle ne peut pas retrouver une telle alchimie et ne cherche pas à le prétendre. Il s'agit de défendre l'héritage de Judas Priest et d'ajouter quelques belles nouvelles chansons à ce superbe répertoire. Richie Faulkner à l'écriture et Andy Sneap (à la co-production puis à la production) portent haut le flambeau avec deux albums successifs de belle facture.
 

 
« Rapid Fire » est issu du meilleur album de Judas Priest « British Steel ». C'est une grosse claque. Les musiciens apparaissent en gros plan sur les écrans géants.
Le morceau est enchaîné sans coup férir sur « Breaking the Law » ce qui déclenche un pogo irrésistible dans la fosse. Il faut dire que c'est irrésistible. La soirée ne fait pourtant que commencer. Tout le monde chante. Rob assure le show. Il fait visiblement un effort physique. Ses nombreuses sorties de scène, dès qu'un bout d'instrumental le permet, en témoignent. Pas question cependant de s'assoir sur scène, la récupération c'est en marge du spectacle.
« Lightning Strike » est extrait de leur meilleur album « Firepower ». Ce très bon récent morceau est du Priest classique. Scott Travis à la batterie et Ian Hill à la basse assurent une rythmique infaillible. « Love Bites » issu du meilleur album du groupe, « Defenders of the Faith », voit Rob s'amuser comme un fou avec ces lignes vocales mordantes. « Devil's Child » est du tonnerre avec un chant varié. Rob est à son aise et se fait plaisir. Il rentre à fond dans le concert, semble moins souffrir et prend son pied. Le guitariste Andy Sneap est aux choeurs. A la fin du morceau, la croix-trident irradie d'une lumière rouge au dessus d'une scène plongée dans l'obscurité puis d'une lumière rose alors qu'une atmosphère bleutée envahit le Zénith. Splendide.
« Saints in Hell » est extrait du meilleur album du groupe « Stained Class ». Ce riff infernal, cette basse énorme, ce chant tel est sermon. Judas Priest a su varier les sons et les ambiances au long de sa longue carrière. Ce goût pour l'expérimentation permet d'offrir un choix dynamique de morceaux. « Crown of Horns » est un chouette titre du nouvel album. Guitares harmonisées, basse grondante. Un bel hymne très réussi. Le chant de Halford nous semble sur ce titre être au plus près de sa voix naturelle, ce qui ajoute de l'émotion.
 

 
« Turbo Lover », du meilleur album « Turbo Lover », est une tuerie. Le refrain simple et efficace est hurlé par le public. Ce titre met le feu au Zénith. A la fin Rob nous applaudit et nous salue. C'est le moment que le chanteur choisit pour évoquer le parcours incroyable du groupe de 1974 à 2024. Il place Judas Priest au côté de Black Sabbath comme étant les deux groupes anglais fondateurs du Heavy metal (qui d'autres ?). Il souligne qu'un seul des deux groupes est encore là et que rien n'aurait été possible sans le public qui a gardé la foi. Il lance le tout frais « Invincible Shield ». Gros riff classique, refrain mélangé aigu grave, le titre passe bien. Puis retour 48 ans en arrière avec « Victim of Changes », du meilleur album « Sad Wings of Destiny ». Les riffs sont puissants et ciselés, la construction progressive. Le chant, intense et émotionnel, voit Rob Halford sortir ses tripes, plié en deux et adossé à une petite croix-trident du décor. En transition avant le titre suivant, Rob fait hurler la foule en lui demandant quelques amusantes vocalises « Yeah yeah ». « The Green Manalishi » du meilleur album (live) du groupe, « Unleashed in the East », est une reprise survitaminée d'un titre de Fleetwood Mac de 1970. Nous sommes là face à une des influences de Judas Priest, à la source du heavy metal, avec ce morceau de blues rock psychédélique au riff lourd et maléfique. S'ensuit « Painkiller », du meilleur album du groupe « Painkiller ». Là c'est zéro psychédélique, ce morceau brutal redéfinit le son de Judas Priest à l'aube des années 90.
 
Après une courte pause le groupe revient pour un rappel qui va aligner les standards, en commençant avec « The Hellion/Electric Eye ». Pour « Hell Bent for Leather », extrait du meilleur album du groupe, « Killing Machine », Rob Halford arrive sur scène en moto, avec sa casquette et sa cravache SM. Ce look cuir et clous, initié par Judas Priest à la fin des années 70, a imprimé les rétines et marqué durablement la garde robe metal. C'était l'époque où la nouvelle génération de heavy metal britannique réclamait sa place (entres autres Iron Maiden et...Saxon).
 

 
Pas de surprise pour les morceaux choisis pour conclure la soirée. « Metal Gods » et « Living After Midnight » sont des classiques de chez classique. La surprise vient de la présence sur scène de Glenn Tipton. Glenn est ovationné à son arrivée. Le guitariste, très diminué physiquement, lunettes noires et casquette, arbore une bandoulière qui affiche en lettres énormes dans son dos « No surrender ». Ne pas se rendre. Pas de reddition.
A la fin de ce concert d’1h45, tous les musiciens viennent nous saluer, y compris bien entendu Glenn. Le groupe remercie le public parisien (venu de toute la France) sous les acclamations. « The priest will be back » s'affiche en immenses lettres sur les écrans. Le Priest reviendra. Comme le résume Rob : « Nous sommes Judas FUCKING Priest ».
La sortie de scène s'accompagne de la diffusion de « We are the Champions » de Queen.

En résumé, tant Saxon que Judas Priest ont tenu leur rang en proposant un excellent double concert festif à un public qui a participé avec joie.

Setlist :
War Pigs (instru)
  1. Invincible Shield Tour Anthem
  2. Panic Attack
  3. You've Got Another Thing Comin'
  4. Rapid Fire
  5. Breaking the Law
  6. Lightning Strike
  7. Love Bites
  8. Devil's Child
  9. Saints in Hell
  10. Crown of Horns
  11. Turbo Lover
  12. Invincible Shield
  13. Victim of Changes
  14. The Green Manalishi (With the Two Prong Crown) (Fleetwood Mac cover)
  15. Painkiller
Encore :
  1. The Hellion
  2. Electric Eye
  3. Hell Bent for Leather
  4. Metal Gods (avec Glenn Tipton)
  5. Living After Midnight (avec Glenn Tipton)
We Are the Champions (Queen song) (instru)
[Concert] Judas Priest - Saxon - Zénith - Paris - 08/04/2024 [Concert] Judas Priest - Saxon - Zénith - Paris - 08/04/2024 Reviewed by Concerts expos by Pat on avril 24, 2024 Rating: 5

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