[Expo] Paris noir - Centre Pompidou - Paris - du 19/03 au 30/06/2025

UN DEMI-SIÈCLE DE LUTTES (ET CE N'EST PAS FINI)
L'exposition Paris Noir au Centre Pompidou retrace l'histoire des artistes noirs et les luttes anticoloniales en France dans la seconde moitié du XXème siècle. Ambitieux.

Paris Noir est une exposition d'envergure. Cent cinquante artistes africains, afrodescendants et caribéens sont représentés. Quatre cents œuvres et documents sont répartis en quinze sections thématiques. La vaste période choisie couvre toute la seconde moitié du XXème siècle. Paris, ville cosmopolite, est le creuset d'une grande diversité artistique. Pourtant les artistes noirs peinent à être représentés dans les musées français. L'exposition Paris Noir tente de rattraper un gros retard. Nous y allons. Suivez-nous. 

Georges Coran, Idorah, 1964

Sur plus de 2000 mètres carrés, l'exposition tente de montrer qui sont les artistes noirs en France des années 1950 jusqu’à l’an 2000. L'ensemble veut présenter leurs recherches plastiques, leur influence, leurs engagements, leurs revues, leurs rencontres, leurs soirées.
Le sous-titre explicatif est « Paris Noir : Circulations artistiques et luttes anticoloniales, 1950 - 2000 ». Le parcours de l’exposition relate à la fois la multiplicité des parcours et des échanges artistiques et un demi-siècle de luttes. Les luttes sont nombreuses, des indépendances africaines à la chute de l’apartheid, de la fin de la ségrégation aux Etats-Unis aux combats contre les discriminations et le racisme.

Gerard Sekoto, Self-portrait, 1947

 

Vue de l'exposition

Georges Coran, Délire et paix, 1954

Le parcours est très touffu. L'impression de fourre-tout est indéniable. Nous avons ici de la peinture, de la sculpture, de la tapisserie, de la sérigraphie, du cinéma, de l’installation, de la photo, du free jazz, de la vidéo, de la presse. Et même la mannequin et chanteuse Grace Jones. Il est difficile de repérer les échanges artistiques à l'oeuvre, entre les influences apportées dans les bagages et les courants majeurs du XXème siècle. La dimension politique et conflictuelle est peu traitée. La France métropolitaine n'a pas accueilli tous ces artistes sans heurts. Il manque ici un angle de vue, une perspective. Nous sommes étonnés de ne voir aucune carte de l'Empire colonial français. Paris, ville d'accueil pour les artistes noirs américains qui fuyaient la ségrégation aux Etats-Unis est aussi la capitale d'un immense empire colonial en pleine décolonisation.

Bob Thompson, untitled (The Miraculous Draught of Fishes), 1961

 

Paul Keene dans son studio devant son œuvre Crucifixion, 1950

Harold Cousins, Plaiton suspendu, 1958

Ed Clark, Sans titre (Vétheuil), 1967

 
Dans cette exposition très dense, nous avons de quoi nous perdre. Au détour des accrochages nous faisons d’innombrables et belles découvertes, comme Harold Cousins, Georges Coran, Papa Ibra Tall mais aussi Bob Thompson et Ed Clark.

 

Ed Clark, Sans titre (Vétheuil), 1967 

 

Papa Ibra Tall, Couple dans la nuit, vers 1965

Marcel Gotène, Femme perdue au cimetière, 1962

Ousmane Sembène, La Noire de..., 1966

 

Cette exposition permet de découvrir de nombreux artistes trop peu ou jamais exposés en France. L'ensemble est très copieux. Nous vous conseillons de picorer vos thèmes préférés et de vous laisser séduire par des oeuvres d'artistes méconnus. C'est aussi la dernière exposition thématique du Centre Pompidou avant sa fermeture pour travaux en septembre prochain pour de nombreuses années.

Kra N'Guessan, Blôlo, 1981

 

René Louise, La Grande Assemblée, 1985

 

Fodé Camara - Parcours n°3, 1988