[Concert] New Model Army - Unbroken Tour - Divine Shade - Le Trabendo - Paris - 30/03/2024

INDOMPTÉ
New Model Army présente son album Unbroken au Trabendo. Un concert magnifique.

La tournée du seizième album studio de New Model Army, « Unbroken », passe par Paris, au Trabendo. New Model Army arpente le monde depuis plus de quarante ans. C'est la garantie d'une soirée électrique et chaleureuse. Le concert affiche complet comme beaucoup de dates sur cette tournée. Suivez-nous.

 

 
Le trio Divine Shade ouvre la soirée. Le groupe joue une musique cold wave, froide et minimaliste, avec des boucles électroniques. Rémi chante, joue de la guitare et des claviers. A l'autre guitare, Nicolas apporte une touche shoegaze qui rend le son plus organique. Émile tape dur sur sa batterie. Nous ressentons l'envie de jouer et de faire bouger le public pendant ces 30 minutes de jeu.

 

New Model Army est un quatuor depuis fin 2022. Sur scène Dean White joue dorénavant de la guitare et laisse les claviers à un jeune inconnu que Justin Sullivan nous présentera en fin de concert (Claude si nous avons bien noté).
« Coming or Going », extrait du nouvel album « Unbroken », ouvre la soirée. La frappe de Michael Dean et la ligne de basse de Ceri Monger se réunissent à la perfection pour installer une ambiance puissante et entraînante. Le chant sincère et bouleversant de Justin nous empoigne d'entrée de jeu. Vous êtes embarqués par tant d'authenticité. Nous notons qu'une partie du public connait déjà les paroles des chansons du dernier album.

 

 
Avec le « Long Goodbye », la fosse entame avec force le frénétique engagement corporel propre à tout concert de New Model Army.

« First Summer After » est un magnifique nouveau morceau. Rythmique vigoureuse, guitares subtiles, chant gorgé d'émotion, choeurs légers, claviers irréels. Voici des musiciens qui aiment composer ensemble. Nous ressentons leur plaisir à jouer, leur fierté de nous proposer leurs morceaux, le shoot d'adrénaline sur scène.

Les paroles de « Language » soulignent que « le langage de l'amour nous apportera l'amour et que le langage de la guerre nous apportera la guerre ».

Le morceau « Winter » date de 2016. New Model Army ne se contente pas de jouer les titres fédérateurs. Plus de la moitié des morceaux joués ce soir datent des dix dernières années. Huit titres sont extraits du récent album « Unbroken ». Justin Sullivan préfère envisager le futur que de célébrer le passé. Il fait valoir son droit à ne pas servir ce que le public attend. C'est une qualité indéniable des concerts de New Model Army. Loin d'une liste inamovible avec les chansons préférées, le groupe propose une liste renouvelée, actualisée. Il se réserve une liberté totale pour faire ce qu'il pense être bien.

Justin Sullivan nous souhaite beaucoup de courage face aux temps difficiles qui s'annoncent. Il va nous falloir de l'amour et de l'attitude. Cette chanson parle d'attitude. Elle s'intitule « If I Am Still Me ».

Pour « Stormclouds », le bassiste Ceri Monger s'empare d'un deuxième petit kit de batterie. La double rythmique accompagne la voix de Justin. Les choeurs sont superbes.

« Do You Really Want to Go There ? » démarre avec une guitare saturée et le chant ardent de Justin. Puis la section rythmique, indomptée, emporte le tout.

 

 

« No Greater Love » s'ouvre sur quelques larsens maîtrisés puis la frappe impérieuse et la guitare impalpable propulsent le titre vers les sommets.

« Cold Wind » propose une atmosphère mélancolique avec sa guitare acoustique, son importance accordée aux voix des musiciens et des synthés lumineux. Nous trouvons ici l'influence de la récente expérience avec l’orchestre symphonique de Leipzig.

Justin nous dit que quand vous vieillissez ils vous disent que la vie est courte, qu'il pense que c'est faux, que la vie peut être très longue si vous êtes chanceux. Que beaucoup de choses peuvent se passer si vous les laissez arriver. Puis Justin propose de revenir 35 ans en arrière, en 1989, avec la chanson « 225 ». Est-ce que les choses ont changé ?Oui, mais pas forcément pour le meilleur. Les paroles sont prémonitoires.

Cet âge d'or de la communication
Ça veut dire que tout le monde parle en même temps
Et la liberté signifie simplement la liberté d'exploiter
Toute faiblesse que vous pouvez trouver.
Je jure que nous n'avons jamais rien demandé de tout ça

Restons en 1989 avec « Green and Grey ». A l'écoute de ce classique un fan grimpe sur les épaules de son copain. Voici le retour des pyramides humaines, ces chorégraphies propres aux concerts de New Model Army. Un spectacle dans le spectacle.

 

« Idumea » est un titre surprenant, avec une musique mise en tension entre un manifeste gospel et une rythmique tribale, assurée par Michael Dean et Ceri Monger au deuxième kit de batterie. Justin Sullivan s'empare d'une basse pour renforcer le rythme répétitif et hypnotique. Le chant spirituel et ses harmonies créent une forme de ferveur.

Et suis-je né pour mourir ?
Pour déposer ce corps.
Et mon esprit tremblant doit-il s'envoler
Dans un monde inconnu ?
Et voir le Juge couronné de gloire
Et voir le ciel enflammé.

Justin nous dit qu'ils viennent de Brexit Island, où tout est, à peu de chose près, la même merde qu'avant. Avec « Reload », Justin pose un regard révolté sur l'échec du Brexit, sur le cynisme mortifère du capitalisme ambiant. D'où l'importance de proposer des titres nouveaux, pour témoigner de l'ère post-Covid, de l'ère post Brexit, de la rage qui monte. C'est un regard engagé sur le présent, avec une musique qui puise dans le punk, une basse énorme et un flot de mots. Justin interpelle l'Union Jack, le drapeau du Royaume-Uni, dès le début de la chanson.

Si je dois voir un autre putain d'Union Jack flotter sur ordre du gouvernement, je vais être malade
Pendant que les lumières s'éteignent partout dans notre ville
Et tout ce que nous ressentons c'est de la rage et tout ce que nous entendons c'est de la rage
Nous ne sommes que du carburant qu'ils brûlent

« Angry Planet » (nous vivons sur une planète en colère) est un brûlot de 2014 qui met le feu à la fosse. .

Si écrire une chanson ne change pas le monde, Justin dit ce qu'il a à dire. En ce temps de capitalisme, de nationalismes, de religions, de personnes qui frappent sur les tambours de guerre et brandissent des drapeaux, il est bon de se rappeler les paroles de « Purity » en 1990.

Rien n'est plus cruel que la droiture de l'innocence
Avec des armes automatiques et un évangile de la vérité
Révolution pour toujours
Succession des saisons
Dans le sang de la nature, tous élevés pour pourrir et mourir
Cette pureté, la pureté est un mensonge

 

Justin plaisante sur le fait que lors de son dernier passage en 2022 il a beaucoup parlé en français, mais pas aujourd'hui. Il conclut en disant .. « Brexit ! ». Il nous souhaite bonne chance pour le futur et de prendre soin les uns des autres. Le groupe nous quitte avec « Wonderful Way to Go », un morceau parfait, joué au taquet.
A la fin les guitaristes laissent leurs instruments contre les amplis pour provoquer un bon vieux larsen.

La foule en redemande avec force. New Model Army revient et parle du quarantième anniversaire du premier album. Justin se marre en expliquant que New Model Army est le seul groupe au monde à avoir commencé sa discographie avec un morceau sur la banqueroute des banques. C'était en mars 1983 avec « Bittersweet », joué ce soir.

 

Les deux titres finaux sont de pures tueries avec « No Rest » et « Get Me Out ». De quoi se défouler dans la fosse ou hurler à pleins poumons. Les musiciens quittent la scène, de nouveau sous les larsens.

Nous observons que tout le Trabendo applaudit, chaque personne, jusqu'au fond de la salle. Les lumières s'allument. Nous continuons à faire du bruit. Les lumières s'éteignent. New Model Army revient sur scène. Justin nous explique que ce soir marque la fin de la première partie de la tournée (25 concerts sur le seul mois de mars). Pour résumer leur état d'esprit, New Model Army nous quitte avec « I love the world ». Une dernière occasion de s'égosiller en hurlant « J'aime le monde ! ».

New Model Army a fait un superbe concert, débordant de caractère et d'attitude. Le dernier album est excitant, servi par des musiciens enthousiastes. Le public, emporté par la cadence, la fougue et l'émotion, a participé de manière dynamique et fusionnelle. Une bien belle soirée.

* Setlist :

1. Coming or Going
2. Long Goodbye
3. First Summer After
4. Language
5. Winter
6. If I Am Still Me
7. Stormclouds
8. Do You Really Want to Go There ?
9. No Greater Love
10. Cold Wind
11. 225
12. Green and Grey
13. Idumea
14. Reload
15. Angry Planet
16. Purity
17. Wonderful Way to Go

Rappel 1

1. Bittersweet
2. No Rest
3. Get Me Out

Rappel 2

1. I love The World