[Expo] Jeanne Vicerial - Nymphose - Galerie Templon - Paris - du 17/05 au 19/07/2025

LE CORPS SE TRANSFORME
Jeanne Vicérial dévoile l’aboutissement de deux années et demi de réflexion autour du thème de la métamorphose. C'est à la galerie Templon à Paris, ça s'appelle « Nymphose » et c'est magnifique.

L'artiste Jeanne Vicérial investit l’espace de la galerie Templon rue Beaubourg à Paris, avec ses sculptures de fil noir, crocheté ou lissé. Jeanne Vicérial est à la fois designeuse, chercheuse, couturière et plasticienne. Nous fonçons voir l'exposition. Suivez-nous.

 

 

 

Nous poussons la porte du 30 rue Beaubourg. Nous quittons l'agitation de la rue parisienne et nous remontons jusqu'au fond de la cour. Quand nous atteignons la galerie Templon nous avons fait le vide sonore et visuel dans notre tête. Nous entrons dans un lieu silencieux, à la blancheur immaculée, nimbée d'une douce lumière à travers une verrière. L'endroit est empli de présences noires.

 

 

Les sculptures de fil noir nous impressionnent par leur puissance immobile et par la grâce de leurs silhouettes féminines.

 
Lors de ses réflexions à la Villa Médicis, Jeanne Vicérial a vu les sculptures de femmes « aux draps mouillés » qui laissent apparaître la nudité. Elle a commencé à habiller les femmes avec une armure de fil. Ses sculptures souligne le rapport aux corps des surfaces textiles. Chaque oeuvre combine des cordes, des fils, un travail à la main et un tricotissage. Le fil, selon l'effet recherché, va des fils fins comme un cheveu à de la drisse, la lourde corde des matelots. Ces fils et cordes forment comme un cocon abritant une nymphe, qui émerge au stade adulte, après s'être protégée du monde extérieur.

 

 

Les ex-voto (« sex-voto ») d’ombre noire, réalisés avec un fil unique, incrustés de pépites de bronze et d'or fin, évoquent les contours de vulves stylisées. 

Lorsque nous prenons le temps de méditer devant ces oeuvres, tout ici nous évoque la transformation. L’exposition nous semble être une ode à la métamorphose du corps féminin sous toutes ses facettes. Nous ressentons ici des évocations de naissance, de puberté, de force, de vulnérabilité, de transition, de mutation, de dégradation, de disparition, de transfiguration en nymphes surnaturelles, mi-végétales, mi-animales. Nous voyons le pouvoir, les transformations invisibles et les douleurs tues.

 

En contemplant longuement ces oeuvres, nous pensons au temps de méditation lors des mouvements répétitifs nécessaires à leur réalisation.

 

Au fond de la pièce trône une présence allongée, sur laquelle s'écoule en vagues le fil Outrenoir d'une œuvre hommage à Pierre Soulages. Comme le peintre, Jeanne Vicérial fait dialoguer matière, ombre et lumière. Cette oeuvre a été présentée en novembre 2024 au Musée du Vieux Nîmes.
 

Après la superbe exposition « Armors » en 2023 à la galerie Templon (ici),  « Nymphose » est une magnifique progression dans les réflexions et les recherches de Jeanne Vicérial.