[Expo] Kehinde Wiley - Dédale du pouvoir - A maze of power - Musée du quai Branly-Jacques Chirac - Paris - Du 26/09/2023 au 14/01/2024

PUISSANTS EN MAJESTÉ
Kehinde Wiley expose les puissants au Musée du Quai Branly. Surprenant.

L'exposition « Dédale du pouvoir », dans la galerie Jardin du Musée du quai Branly à Paris, propose onze portraits de chefs d'État africains peints par l'artiste américain Kehinde Wiley. Un point de vue intrigant sur la représentation du pouvoir. Suivez-nous.

 

Kehinde Wiley, portrait de Sahle-Work Zewde, présidente de la République démocratique fédérale d'Éthiopie, 2023

 
L’exposition s’intitule « Dédale du pouvoir ». Nous déambulons de fait dans un labyrinthe sombre, formé de pans de murs tortueux et peints en noir. Des enfants captent le côté ludique de l'endroit et jouent à cache-cache. Les toiles sont accrochées aux murs de cet obscur lacis. Elles sont illuminées et magnifiés par un superbe éclairage. Les onze portraits sont esthétisés et monumentaux.

 

Kehinde Wiley, Portrait de Paul Kagame, président de la République du Rwanda, 2023

 

Kehinde Wiley fait poser des chefs d’État africains vivants en reprenant les codes esthétiques occidentaux du portrait royal et militaire européen de la Renaissance à Napoléon. Nous sommes face aux codes visuels des portraits des souverains occidentaux, soit un style grandiloquent et cérémonial, aujourd'hui vu comme ampoulé et boursouflé. Les portraits réalisés par l'artiste, hyperréalistes, sont d'une beauté plastique éclatante, avec des couleurs chatoyantes. Les arrière-plans séduisent, entre papiers peints décoratifs somptueux et superbes vues des paysages de chaque pays.

Kehinde Wiley, Portrait de Olusegun Obasanjo, ancien président de la République fédérale du Nigéria, 2023

 

Un passionnant documentaire éclaire le principe employé par l'artiste. Kehinde Wiley a rencontré des chefs d’État africains. Il leur a montré les tableaux de la tradition occidentale des souverains entre le XVIIe et le XIXe siècle. Il les a laissés libre de choisir leur posture, leur costume et leurs accessoires.

Kehinde Wiley, Portrait de Nana Akufo-Addo, président du Ghana, 2023

Kehinde Wiley n'a pas soumis ses interlocuteurs à un test de moralité. Nous trouvons ici plusieurs chefs d’États accusés de corruption, de violence politique, de dérive dictatoriale. De ceci il n'est pas question dans cette exposition, pas plus que des coups d’Etat qui se succèdent en Afrique depuis 2019 (en Guinée, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad, au Soudan et au Gabon).

Je ne souhaite pas créer un art qui soit politiquement correct. Ce que je souhaite créer, c’est quelque chose qui soit peut-être un peu dangereux, un peu inconfortable. Les portraits que je peins peuvent être difficiles à comprendre d’un point de vue universel. Chaque visiteur qui viendra ici observera cette série d’un point de vue différent, au sein de ce labyrinthe de compréhension.

Kehinde Wiley

Les portraits peints par Kehinde Wiley sont surprenants. Nous sortons de l'exposition avec des images belles et troublantes, imprimées sur nos rétines, comme celle d'Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigeria, en habits traditionnels, sur fond de fleurs multicolores, comme celle d'Hery Rajaonarimampianina, ancien président de la République de Madagascar, trottinant sur un alezan dans une clairière ou encore celle de Sahle-Work Zewde, présidente de la République démocratique fédérale d’Éthiopie, seule femme de pouvoir représentée ici, en robe traditionnelle devant une fenêtre ouvrant sur les immeubles flambants d'Addis Abeba.

 

Kehinde Wiley, Portrait de Hery Rajaonarimampianina, ancien président de la République de Madagascar, 2023