[Expo] Nicolas de Staël - Musée d’Art Moderne de Paris - Du 15/09/2023 au 21/01/2024

SUR LA ROUTE
Le Musée d’Art Moderne de Paris consacre une grande rétrospective à Nicolas de Staël. Une rare intensité.


« On ne peint jamais ce qu’on voit ou croit voir,
on peint à mille vibrations le coup reçu,
à recevoir, semblable, différent. »
Nicolas de Staël - avril 1950

Agrigente, Ménerbes, 1953-1954
 
La rétrospective consacrée à Nicolas de Staël par le Musée d’Art Moderne de Paris rassemble une sélection d’environ deux-cent tableaux, dessins, gravures et carnets.
Avant de nous déplacer nous visionnons le très réussi documentaire « Nicolas de Staël, la peinture à vif » de François Lévy-Kuentz sur ARTE France. Histoire de commencer à nous imprimer la rétine. Puis nous nous rendons à l'exposition. Suivez-nous.

L'exposition, organisée de manière chronologique, retrace le renouvellement permanent du travail de Nicolas de Staël, des années 1940 jusqu’à la veille de son suicide en 1955, soit une douzaine d’années d'exploration intense. Staël cherche et trace sa voie en fonçant tant qu'il peut. La rétrospective est riche en informations sur les recherches graphiques et picturales de Staël, sur l'importance de ses déplacements et voyages.
 
Staël cherche la lumière. Dans un dessin au fusain, sa gomme fait surgir la clarté du papier.
 
Composition, 1943
 
 
Nous sommes impressionnés par la variété des formats, qui vont du tableautin à la composition monumentale. Nous notons le rôle prépondérant du dessin, les œuvres sur papier servant d'exploration préalable aux peintures. Quelques traits suffisent pour capter sur le vif, dans un carnet, ce qui sera plus tard travaillé dans le silence de l'atelier. Les lignes de force définissent l'espace. La matière est travaillée par couches successives jusqu'à faire émerger la lumière sous-jacente. Devant nos yeux éblouis, nous pouvons voir, ressentir, la complexe construction des formes et des couleurs.

Composition, Paris, 1949-1950

Composition, Paris, 1950

Nicolas de Staël n'oppose pas la peinture abstraite à la peinture figurative. Ses peintures s'apprécient en tant qu'objet au mur tout autant qu'en tant que représentation d'un espace. Voyez par exemple comment quelques carrés gris permettent de définir des pommes placées sur une table.

Trois pommes en gris, Paris, 1952
 
Suite à la visite en 1951 à Paris d’une exposition sur les mosaïques de Ravenne, Staël peint des petits éléments juxtaposés de couleur. Les toiles deviennent vibrantes, brillantes et lumineuses. Nous nous délectons à varier notre position par rapport à la toile, entre formes de loin et aplats de matière de prêt. Lorsque nous collons la rétine à la toile, nous pouvons identifier le travail au couteau, à la spatule, à la truelle ou à la planche de bois. C'est physique, vivant.

Les Cyprès, Provence, 1953
 

 
A partir de 1954, la technique évolue vers le pinceau ou la gaze. Les toiles gagnent en légèreté. La pâte est étalée jusqu’à la transparence.
 
La Route, Ménerbes, 1954
 
Nicolas de Staël varie ses techniques. Il peut peindre des paysages sur le vif, sur le motif. Pour la série de paysages de Sicile, il choisit de peindre dans son atelier. Avant cela, Staël capte au feutre les lignes principales des reliefs sur de grands carnets à spirales. Dans le silence de l'atelier il pense les formes et les couleurs et utilise le collage pour donner corps au tableau.

Composition, 1953-1954, Collage de papiers déchirés sur papier kraft

Sicile, Ménerbes, 1954

Agrigente, Ménerbes, 1953-1954

Nicolas de Staël manie les tons avec subtilité. Nous sommes émerveillés par ce qu'il transmet au travers de son œuvre. La beauté des choses, la lumière du soleil sur un paysage, le mouvement des corps.
Une superbe exposition.
 
 
Les Martigues, Ménerbes, 1954

[Expo] Nicolas de Staël - Musée d’Art Moderne de Paris - Du 15/09/2023 au 21/01/2024 [Expo] Nicolas de Staël - Musée d’Art Moderne de Paris - Du 15/09/2023 au 21/01/2024 Reviewed by Concerts expos by Pat on janvier 06, 2024 Rating: 5

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