[Expo] Manet / Degas - Musée d'Orsay - Paris - du 28/03 au 23/07/2023
L'UN ET L'AUTRE
Le musée d'Orsay rapproche Manet et Degas dans une même exposition. Une réussite.
Nous vous avons raconté sur ce blog nos visites d'expositions consacrées à l'art moderne et à l'art contemporain. Il est temps pour nous d'aller nous frotter à l'art du XIXe siècle. Nous nous rendons au musée d'Orsay. Bonne pioche, le musée rassemble Édouard Manet et Edgar Degas, deux acteurs essentiels de la « Nouvelle Peinture » des années 1860-1880. L'exposition cherche à comprendre l’un à partir de l’autre en examinant leurs ressemblances et leurs divergences. Nous fonçons. Suivez-nous.
En pénétrant dans les salles, le nombre de visiteurs impressionne. Avec un peu de patience il reste possible d'apprécier les oeuvres.
Avec deux peintres majeurs dans une même exposition, le risque pour nous est de tout mélanger, d'autant que nous ne connaissons guère leur oeuvre respective.
Heureusement pour nous, les explications fournies dans chaque salle sont très claires, organisées autour de thèmes bien identifiés. Ceci va grandement nous aider, en particulier pour comprendre le contexte de l'époque.
Nous commençons par admirer des portraits. C'est la peinture en vogue sous le Second Empire lorsque Manet et Degas débutent leur carrière. Manet magnifie ses modèles dans des poses inspirées des maîtres anciens. L'expression du visage, du regard, est mise en avant. Degas préfère des attitudes familières et l'expression du corps.
Une salle montre le travail de copie des maîtres auquel se plient les deux peintres. La légende veut que Manet ait rencontré Degas au Louvre devant une peinture de Velasquez.
Dans les années 1860, Édouard Manet reprend ses peintures à l'huile à l'aquarelle dans le but de les estamper. Nous pouvons admirer les étapes de ce processus.
L'exposition nous explique l'importance du Salon au cours des années 1860. Cette manifestation annuelle réunit des milliers de peintures, de sculptures, de dessins. Elle attire 500 000 visiteurs. Le Salon est alors en France le principal lieu d’exposition des artistes vivants.
En 1865 Degas fait son entrée au Salon, passage obligé pour un jeune peintre. Il y présente « Scène de guerre au Moyen-Âge », un tableau qui atteste son ancrage dans la tradition. Son travail sur les nus nous impressionne. L'ancrage historique est flou et il est possible que la cruauté de la scène fasse écho à la guerre civile qui sévit alors depuis quatre ans aux Etats-Unis. Degas a de la famille en Louisiane.
Edgar Degas, Scène de guerre au moyen âge, vers 1865 (dont détail)
Manet expose au Salon depuis 1961. En 1965 il présente la peinture « Olympia ». Ce nu fait scandale. Manet ne peint pas une femme nue dans un contexte mythologique ou exotique. Ici la femme se montre, allongée. Son regard est frontal. La toile attire aujourd'hui un grand nombre de visiteurs. Nous patientons pour l'observer.
Les parents de Berthe Morisot, elle-même peintre, ouvrent un salon aux artistes, musiciens et écrivains. Ce salon est un foyer de modernité. Femmes et hommes y parlent sur un pied d’égalité. Manet et Degas intègrent ce creuset où va naître l'impressionnisme, dans lequel Berthe Morisot s'investit. Manet multiplie les portraits de la jeune femme.
Manet et Degas font l’expérience de la guerre de 1870-1871 entre la France et la Prusse. Les deux peintres sont réquisitionnés au sein de la Garde nationale pour défendre la ville de Paris durant le siège. Ils vont connaître le froid et les privations.
L'exposition propose de comparer les relations de Manet et Degas avec les femmes. Manet représente des femmes à la pose et au regard assurés. Dans l'oeuvre de Degas les relations apparaissent troublées. Pour les deux peintres, l'approche de la représentation corporelle est frontale. Comme Manet avec « Olympia », Degas présente lui aussi une nudité féminine dénuée de mythologie.
En résumé cette exposition permet de voir de très belles œuvres de Manet et Degas avec un regard bienveillant et instructif porté sur la complicité et la rivalité entre les deux artistes. Nous avons appris énormément.
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