[Expo] Carte blanche à Enki Bilal - Musée de l'Homme - Paris - du 06/03 au 13/06/22

LE BUG HUMAIN

Le Musée de l’Homme donne carte blanche à l'artiste Enki Bilal.

En parallèle de l’exposition "aux frontières de l'humain" qui explore nos limites et interroge l’avenir de notre espèce, le Musée de l’Homme donne carte blanche à Enki Bilal. Suivez-nous.

 

Dans ses oeuvres le dessinateur Enki Bilal explore les frontières. Des frontières matérielles, temporelles, spatiales. De celles qu’il faut franchir pour découvrir un ailleurs, souvent inquiétant mais dont la recherche est séduisante.

Souvenez-vous, dans la bande-dessinée "Les phalanges de l'Ordre noir", en 1979, d'anciens camarades de la Brigade internationale franchissaient les Pyrénées pour donner la chasse aux phalangistes franquistes, quarante ans après la guerre civile espagnole. Des frontières déjà. La frontière du temps, des idéologies qui séparent les hommes et la frontière naturelle de la montagne.

En 1980, dans la bande dessinée "La foire aux immortels", Alcide Nikopol revient à Paris après avoir passé trente ans en hibernation dans l'espace. Une autre frontière. Blessé dans sa chair, amputé, Nikopol se fait greffer une jambe d'acier. Pour corser l'affaire un dieu grec se glisse dans son esprit. Nikopol est réparé et connecté à un autre être. 

 

Quarante plus tard, dans la série "Bug" (en cours de parution), un astronaute revient de l'espace. Parasité par un extra-terrestre, il a soudain accès aux connaissances de toute l'humanité. Une qualité recherchée car un bug a effacé toute les données informatiques au niveau mondial. Privée de mémoire l'humanité court un danger mortel. Sur le visage de l'astronaute, une tâche bleue grandit. Comment un homme peut il gérer un accès brutal et illimité à l'ensemble des informations de l'humanité ? Voici une bande dessinée haletante, très bien scénarisé et au trait toujours élégant.

 

Enki Bilal aime l'humain. L'humain qui doute, qui souffre, qui aime, qui avance tant bien que mal. Un être humain qu'il représente de plus en plus souvent augmenté dans son corps. C'est sur cet aspect que l'exposition se concentre. Des images d'humains un peu machine, d'humains abimés et reconstruits, d'humains mutants, d'humains immortels, d'humains animaux.

 

L’exposition permet d’admirer une trentaine d'oeuvres originales d'Enki Bilal, dont des inédits de la série "Bug" (le troisième tome est sorti le 16 mars soit après le début de l'exposition). Nous pouvons aussi voir des tableaux et des reproductions. En nous approchant ainsi des toiles, nous voyons comment Enki Bilal peint et dessine. Pour réaliser ses bandes dessinées, Enki Bilal n’exécute pas directement des planches mais dessine des cases en grand format, une à une, avant de les assembler. Nous avons tout loisir d'apprécier la technique employée. Acrylique, pastels gras, crayon et encre de Chine. Ainsi naissent les personnages, les villes et ces magnifiques cieux torturés et rougeoyants.

Après notre visite à l'exposition Enki Bilal, nous sommes aller voir l'exposition permanente du Musée de l'Homme.

Nous vous resituons le lieu. Le Musée de l'Homme est un des sites du Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Il est situé dans le palais de Chaillot à Paris. Si la Grande Galerie de l'Evolution présente l'histoire de la vie (ici), le Musée de l'Homme présente le genre humain dans sa diversité anthropologique, historique et culturelle. Il s'agit de comprendre la singularité de l'espèce humaine dans le monde du vivant, d'explorer les origines des lignées humaines et de s'interroger sur notre avenir. Un vaste programme.

 

Pour tenter de répondre à ces questions, le parcours des deux niveaux de l'aire courbe de la Galerie de l'Homme est jalonné de grandes vitrines thématiques, exposant quelques 1 800 objets. Des pièces d'anatomie comparée, l'arborescence de l'évolution des espèces humaines, l'homme actuel réparé et robotisé, l'impact humain sur la planète. Pour rendre tout ça digeste, des dispositifs interactifs multimédias nous proposent des expériences audiovisuelles, tactiles ou sensorielles. Nous apprécions tout particulièrement le « mur de langues ». Il suffit de tirer sur les langues pour écouter les langages du monde. Nous nous amusons beaucoup à nous visualiser sous les traits d’un Néandertalien avec un logiciel de morphing.

Nous sommes éblouis par la qualité des 15 sculptures en bronze ou marbre de Charles Cordier.

 

Nous admirons la collection d'objets préhistoriques. Une collection de crânes nous montrent que la trépanation était une pratique chirurgicale déjà employée au Néolithique, pour soulager une blessure ou un traumatisme, avec des chances de survie appréciables.

 

Depuis la Préhistoire la chirurgie des blessures a fait des progrès considérables. Nous observons les prothèses présentées. Il est désormais possible de relier la prothèse au système nerveux. Des implants peuvent pallier un organe déficient. Les exosquelettes, articulés et motorisés, augmentent les capacités du corps. Nous faisons le lien avec les humains réparés, augmentés ou connectés de l'exposition d'Enki Bilal.

 

 

Une cabine à la fin de l'exposition permanente nous permet de laisser un témoignage vidéo au « 7 milliards d’Autres » en nous filmant. Un mur interactif permet d'écouter le message laissé par les précédentes personnes. A la question « Comment voyons vous l'avenir de l'espèce humaine ? », une personne a répondu « Bref ». Ah ! Ah ! Excellent ! Un message étonnant, hilarant et émouvant.

 

 

Et vous, vous le voyez comment l'avenir de l'espèce humaine ?