[Expo] Kupka. Pionnier de l'abstraction - Grand Palais - Paris - du 21/03 au 30/07/2018
UN HOMME DE COULEUR
Une excellente exposition au Grand Palais retrace la carrière de Kupka, pionnier de l'abstraction.
L’exposition au Grand Palais retrace toute la carrière du peintre tchèque František Kupka de la fin du XIXe siècle jusqu’à l’après-guerre. Ou comment
Kupka devient l’une des figures majeures de l’abstraction. C'est une des plus belles expositions que nous ayons vues. Le parcours de salle en salle souligne la splendeur des oeuvres et met en valeur les étapes de la réflexion de l'artiste. Jusqu'à faire naître des émotions. Suivez-nous.
Nous précisons que nous avons visité le musée en avril 2018 et que nous rédigeons cette critique en mars 2021 alors que les musées sont fermés en raison de la crise sanitaire.
Dès l'entrée dans l'exposition, nous sommes frappés par la qualité de l'accrochage. Les quelques 300 oeuvres sont présentées de manière aérée, avec beaucoup de goût. L'éclairage est impeccable. Le parcours est chronologique.
Installé en France en 1896, après des débuts marqués par le Symbolisme, Kupka travaille pour la presse et réalise des dessins satiriques. L'artiste se passionne pour l’histoire de l’Humanité en travaillant aux illustrations de L’Homme et la Terre. Nous nous régalons tant ces oeuvres sont belles et variées.
Le bibliomane (détail), 1897
La Voie du silence (Sphinges), 1903
Dieu du Vatican, 1904
Histoire ancienne, frontispice du livre II de L'Homme et la Terre d'Elisée Reclus, 1905
La série des « Gigolettes »
Entre
1907 et 1911, Kupka concentre ses recherches sur la couleur. Ses toiles deviennent solaires. Les pigments vibrent. Voyez cette baigneuse, les ondulations de l'eau et de la lumière sont palpables. L'émotion est physique lorsque nous regardons ces oeuvres. La couleur devient l'instrument privilégié. Année après année, Kupka cherche comment éliminer le sujet de la toile.
Entre les explications apportées et la qualité des toiles présentées, nous sommes fascinés par le parcours de l'artiste. Madame Kupka apparaît une dernière fois dans les verticales d'une toile. František Kupka vient de dire adieu au figuratif. Il s'apprête à faire le grand plongeon dans l'abstraction.
L'Eau (La Baigneuse), 1906-1909
Grand nu. Plans par couleurs, 1909-1910
Madame Kupka dans les verticales, 1910-1911
Nous basculons dans un univers magnifique. Kupka veut peindre des synthèses, des concepts, des accords. Il développe un langage géométrique à portée universelle. Des verticales et des circulaires construisent un monde harmonieux traversé d'arabesques dynamiques.
Le Solo d'un trait brun, 1912-1913
La Première Guerre Mondiale éclate en août 1914. Kupka s'engage comme volontaire. Il combat dans la Somme et, à l'arrière, active
la résistance tchèque.
Après la guerre, Kupka, passionné par les sciences, s'intéresse à la problématique des ondes gravitationnelles, ces ondulations de l'espace-temps prévues par la théorie de la relativité générale d'Einstein. Kupka se lance dans la représentation de la courbure de l’espace-temps. Sur ses toiles les lignes et les plans sont des perspectives de notre vision de l’espace, des formes compréhensibles. Les courbes expriment la dimension du temps. Les cercles et les ovales sont des concepts et des symboles. Les formes irrégulières représentent le monde organique. Nous sommes emportés dans un monde à la fois visible et invisible. Nous sommes bercés par les ondulations dans l'espace-temps.
Autour d'un point, 1920-1930
Traits, plans, espace III, 1921-1927
Crépuscule et lumière (ou contrastes gothiques), 1920-1921
Nous descendons un étage dans le Grand Palais pour voir la suite et la fin de l'exposition. Les architectures ascensionnelles de Kupka intègrent une part de spirituel, entre élévation monumentale du gothique et jaillissement des matières.
Toujours intéressé par la technique, Kupka revient au figuratif avec une série sur les machines. C'est pour mieux replonger ensuite dans l'abstraction.
Jaillissement II, 1922-1923
Quatre histoires de blanc et noir, une des 26 planches, 1926
La période machiniste
Les années de guerre, entre 1939 et 1945, sont sombres pour Kupka. L'homme est malade et il est recherché par l'occupant allemand. Il se réfugie à la campagne avec sa famille où il subsiste en donnant des cours d’allemand et de philosophie. Après guerre, éprouvé, il poursuit ses recherches picturales.
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