[Journal] Le pangolin vous salue bien - Episode 16

"Vue générale de Cachan prise vers 1910 du coteau dominant la vallée de la Bièvre

Auteur photo : Jean-Bernard Vialles (reproduction) - © Inventaire général, ADAGP

8 mai. 56e jour de confinement.

Ma compagne et moi nous poursuivons à pied notre exploration des environs de notre logement. Un kilomètre maximum selon la règle imposée.
A Cachan, le quartier du Coteau juste à côté de notre logement. il nous suffit de monter la pente. Ce quartier s’est développé sur le flanc de la plus haute colline du sud parisien. En bas de la Colline coule la Bièvre, devenue une rivière souterraine serpentant sous le centre-ville. En haut, Villejuif, séparée dorénavant de Cachan par l'autoroute. Le quartier du coteau est constitué de maisons entourées de jardinets arborés. Remontons le temps. Le Coteau était couvert de vignes au Moyen Âge. Au début du 20e siècle, seuls subsistaient quelques arpents. L'artisanat des blanchisseries était installé au bord de la Bièvre. C'est sur le flanc de la colline que des demeures modestes ont commencé à être construites. Elles suivaient les traces des anciennes limites de propriété. C'est ainsi qu'un siècle plus tard le quartier du coteau est aujourd'hui traversé en long et en large d'allées, d'escaliers et de sentiers piétonniers. Nous prenons un grand plaisir à sillonner ces chemins, au milieu d'habitations souvent anciennes, avec beaucoup de fleurs et de verdure.

Pendant la période de confinement les rues sont encore quasi désertes lorsque nous arpentons le quartier du coteau, souvent après notre journée de travail imposée à notre domicile. Très peu de circulation. Très peu de piétons. Pas d'avion dans le ciel. Un hélicoptère de temps à autre. Le silence est prégnant. Nous marchons au milieu des rues. Lorsque nous apercevons un sentier nous l'empruntons. Le sentier des garennes, le sentier des joncs, le sentier de la fontaine couverte. Au long de ces sentiers les jardins potagers sont nombreux. C'est le printemps. Nous voyons apparaître les figues, les cerises, les choux-fleurs, les framboisiers, les orties, les radis. Lorsqu'il pleut la nature revit. Les escargots se baladent. Nous les voyons dans les arbustes à des hauteurs improbables. Ces grands amateurs de verdures se mettent-ils à l'abri des hérissons ? En parlant de hérissons nous en avons croisés plusieurs, morts, sans trace de coup. Nous nous demandons si ces hérissons n'auraient pas été intoxiqués en mangeant des limaces qui auraient observé du produit anti-limace. Attention aux marques d'anti-limaces pour les jardins, certains produits sont très toxiques et tuent au passage ce prédateur fort utile qu'est le hérisson.

Au gré des sentiers nous croisons les aqueducs de la ville, des accès aux conduits souterrains (fermés à clef), des vignes, une fontaine du XVIIe siècle ou même des bornes en pierre volcanique entre gris foncé et teinte noire, gravées « VDP ». Renseignement pris, ces bornes sont en pierre de Volvic, VDP veut dire Ville de Paris. Ces bornes matérialisent le passage de l'aqueduc dérivant les eaux de la Vanne.
Du haut des sentiers nous apprécions le superbe point de vue sur la vallée de la Bièvre et sur Paris.

 
Retour dans le passé, au début du XXe siècle. Redescente du coteau. Voici une vue prise en 1905 de la colline du futur quartier du coteau depuis le bas de la vallée de la Bièvre.

"Les blanchisseries de la rue Camille-Desmoulins, vues vers 1905 depuis l'Ecole spéciale des travaux publics.

A l'arrière, l'ancien parc de Cachan et le coteau autrefois en vignes"

Auteur photo : Jean-Bernard Vialles