[Journal] Le pangolin vous salue bien - Episode 13

La montée aux vignes - Cachan - 94 - Atelier marc Félix (ici)

2 mai. Septième week-end de confinement.

Attestations de déplacement en poche, nous continuons ma compagne et moi à explorer notre ville de Cachan dans un rayon de un kilomètre autour de chez nous. Pour élargir le rayon de notre ballade, nous avons le pouvoir de voyager par l'esprit entre présent et passé.

Aujourd'hui, ballade viticole. Oui, du vin, à Cachan, à une poignée de kilomètres au Sud de Paris. Les lectrices et lecteurs des régions viticoles peuvent sourire. Dans le contexte sanitaire et social actuel, je fais avec ce que j'ai autour de chez moi. Pour voyager il faut en premier lieu se projeter dans le passé. Un vignoble existait à Cachan dès le IXe siècle pour approvisionner un château aujourd'hui disparu. Les écrivains de la Pléiade évoquent au XVIe siècle leur promenade campagnarde le long de la Bièvre, qui coule au pied des coteaux plantés de vignes. Il reste encore des hectares de vignes à Cachan à la Révolution. La confiscation puis la destruction du château signe l'arrêt des vignes à Cachan. 

Dans les années 2000, la ville de Cachan a fait renaître la vigne en plantant sur le coteau nord des pieds de cépages bordelais de vin blanc, Sauvignon et Sémillon, et quelques plants de raisin de table. Chaque année à la fin septembre, les habitants peuvent dorénavant participer aux vendanges. C'est tout petit, quelques centaines de pieds, la cueillette prend une heure, un peu plus de deux cent bouteilles. Une fois récolté le vin est apporté au château Raspail (fin XVIIIe - début XIXe) pour son pressage. Ambiance conviviale.

Continuons la ballade. La ville de Cachan a tracé une promenade en ligne droite qui permet de relier les quartiers nord et sud. Cette promenade est incomplète car elle ne permet pas d'atteindre le quartier en haut du coteau nord, là où sont plantés les vignes. Un projet d'aménagement vise à prolonger le parcours piétonnier jusqu'aux vignes, en installant un escalier permettant de franchir la trentaine de mètres de dénivelé du coteau. Cet escalier va être construit sur une parcelle restée vierge sur le site des anciennes carrières de calcaire. Avec une pente moyenne à 30%, l'escalier va zigzaguer entre des rangs de vignes. Du haut de cette promenade vous aurez une vue panoramique sur la vallée de la Bièvre. Les travaux du chantier sont actuellement arrêtés par la pandémie. Cependant nous avons pu observer le dépôt de terre fraîche, ce qui laisse penser que des travaux vont reprendre. Du passé au présent, il faut maintenant se projeter par la pensée dans le futur pour visualiser des pins parasols, des chênes, des arbustes, des plantes vivaces et des promeneurs.

Jour après jour, le confinement nous oblige à observer ce qui est tout proche de nous. Avant nous étions happés par les merveilles de la Capitale toute proche. Là nous parcourons notre territoire et son histoire. Ce qui est intéressant c'est que les sources historiques sont peu nombreuses pour ce lieu en périphérie de Paris. Le risque est grand de recopier une vérité hasardeuse glanée sur le net. Il me faut recouper beaucoup d'informations avant d'écrire ces lignes, afin de limiter les âneries que je pourraient colporter. Les bibliothèques manquent. Les archives départementales manquent. Les visites manquent, celles des carrières par exemple. Tiens, il faudra que je me penche sur les carrières.