Tobe Hooper est mort - 1943 - 2017

Tobe Hooper a imprimé des images sur mes rétines. Durablement. La première fois c’était en 1977. J’étais un môme. Un jour à la télévision un reportage parlait de films fantastiques. Soudain un extrait de peloche retient toute mon attention. Une fille court dans les bois, un costaud la suit avec une tronçonneuse vrombissante. Choc sonore. Le bruit du moteur et les cris hystériques de la jeune femme. Le film date de 1974. Il est interdit en France par la censure avant de sortir en vidéogramme VHS (l’ancêtre du DVD) en 1979 puis, enfin, au cinéma en 1982. Une chronique dans la presse quotidienne indiquait que seules les personnes dérangées pouvaient aller voir un tel film et que celles qui s’y aventureraient saines d’esprit en resteraient traumatisées pour le reste de leurs jours. Je ne sais pas vous mais moi, adolescent, quand je lis ça j’ai envie de voir le film. Il me faudra attendre les dix-huit ans d’un de mes copains pour pouvoir enfin voir la bête en VHS. Nous louons le Graal un jour où le reste de la famille est parti et regardons « Massacre à la tronçonneuse ». Nous trouvons le film fort peu effrayant et au contraire très drôle. Nous sommes surpris par l’absence de sang, le découpage attendu des chairs est réalisé hors champ de la caméra. Nous sommes bien loin des surenchères de viscères et de membres arrachés auxquels le cinéma d’horreur s’est ensuite adonné. Au final nous sommes surtout impressionnés par la bande sonore. Incapable de payer un compositeur officiel avec son budget de moins de trois cent mille dollars, Tobe Hooper a bricolé lui-même une impressionnante musique d’ambiance.

   
 


En 1986, le même Tobe Hooper réalise une suite, intitulée fort à propos « Massacre à la tronçonneuse 2 ». Ce deuxième volet exploite de manière beaucoup plus évidente l’absurdité de la situation. La famille de bouchers prend toute sa dimension humoristique. Amoureux de la viande, fascinés par son abattage, les artisans bouchers se plaignent d’être réduits au chômage par la grande distribution et les charges sociales. Le trait obscène est grossi, les effets sanglants ne sont plus éludés, pas plus que les allusions sexuelles du premier film qui deviennent ici explicites. Tobe Hooper pousse le curseur vers la satire et réalise un beau film d’humour noir. Mais alors, le premier film de 1974, est-ce une comédie ou un film d’épouvante ? Je l’ai revu une seconde fois pour être sûr. Et lors de cette seconde fois je n’ai jamais ri. J’étais du côté des victimes et j’ai eu la trouille, viscérale, d’être traqué, tué, dépecé, mangé. Sous un soleil de plomb, dans une ambiance poisseuse de sang et de sueur, le marteau s’abat sur mon crâne et le fend, la scie mécanique découpe mes chairs. C’est froid, brutal et définitif. Le film de 1974 est ainsi sur le fil du rasoir, entre comédie très noire et authentique film de pure épouvante.


En 1976 Tobe Hooper a réuni l'équipe du premier film pour réaliser « Le Crocodile de la mort ». Nous retrouvons une ambiance hystérique mais une photographie plus soignée et avec un personnage de tueur cinglé moins impactant que la famille de bouchers. En 1981 Tobe Hooper réalise « Massacres dans le train fantôme », un très chouette film de monstre qui se passe dans une fête foraine. Très belle image avec une superbe ambiance qui démarre lentement mais sûrement. Le traitement du tueur est très intéressant car il échappe au manichéisme qui s’abat alors sur le film d’horreur américain. La mort du tueur m’a fait un pincement au coeur.



En 1982 Tobe Hooper est choisi par Steven Spielberg pour réaliser « Poltergeist ». La rumeur dit que Tobe Hooper, accro à la drogue, a dû être remplacé par Spielberg sur le tournage. Quoi qu’il en soit le film est une réussite, mélangeant le cinéma rassurant de Steven Spielberg (la famille de la classe moyenne américaine, sa grande maison en banlieue résidentielle, la télévision allumée du matin au soir) et de traumatiques poussées de violence (l’homme s’arrachant le visage devant un miroir, les cadavres émergeant de la boue de la fosse creusée pour la piscine).


En 1985 c’est « Lifeforce », une histoire de vampires de l’espace que je trouve totalement tarte. Je termine ma vision des films de Tobe Hooper par « Massacre à la tronçonneuse 2 », sorti lui aussi en 1986 et dont je vous ai dit tout le bien que j’en pense un peu plus haut. Par la suite je n’ai pas eu l’occasion, ou simplement l’envie, de voir les autres films de Tobe Hooper.

 
Tobe Hooper est mort - 1943 - 2017 Tobe Hooper est mort - 1943 - 2017 Reviewed by Concerts expos by Pat on août 27, 2017 Rating: 5

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