Paul Klee - L'ironie à l'oeuvre - Exposition - Centre Pompidou - Paris - du 06/04 au 01/08/2016 - Compte-rendu de visite

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   SUIS
D I E U
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Le Centre Pompidou propose une importante rétrospective de l’œuvre de Paul Klee.


"Je suis Dieu.

Tant de divin
s’est entassé en moi
que je ne peux mourir.

Mon crâne est en feu à éclater.

L’un des mondes
qu’il recèle
veut naître.

Mais il me faut maintenant souffrir
avant cet accomplissement. "

Paul Klee – Journal – 1901

 

La rétrospective Paul Klee au Centre Pompidou réunit deux-cent trente œuvres.

Au premier plan : Fama - 1939

La première salle expose « Les débuts satiriques ». Paul Klee décide dès ses débuts de jouer avec les principes propres à l’art. Il cherche à trouver une faille dans le système. Il commence ainsi par dessiner des caricatures et des dessins satiriques.
La salle « Klee et le cubisme » montre comment l’artiste s’approprie le vocabulaire cubiste tout en le déstructurant. Il découpe ainsi ses toiles en morceaux qui deviennent alors autant de nouvelles œuvres. Nous soulignons que la signalétique du plan du parcours de l’exposition est discrète et qu’il faut faire un léger effort d’attention pour suivre l’ordre chronologique des salles. C’est le seul petit point à améliorer.

La Première Guerre Mondiale inspire à l'artiste le « Théâtre mécanique ». Des figures mécanisées apparaissent dans l’œuvre. La salle « Klee et les constructivismes » voit l’artiste expérimenter les nouveaux dogmes du Bauhaus. Klee s’empare des grilles, des carrés, des rythmes et déploie sa propre vision.




Page du carnet de Nina Kandinsky - vers 1924

C’est à partir de la salle « Regards en arrière » que nous commençons à pleinement apprécier la vision de l’artiste. Paul Klee voyage à travers le Monde. Il est alors imprégné par l’héritage pictural du passé. Ses œuvres se remplissent de mosaïques, de symboles de l’Egypte Antique, de signes gravés à la Préhistoire. L’imaginaire même devient ancestral avec des roches, des plantes, des animaux. Quant à la forme, Paul Klee touche dorénavant au sublime. Choix épatant des couleurs, composition parfaite. Paul Klee parvient à capter le rythme du monde et à le retranscrire dans ses œuvres. En combinant le moderne et le primitif, il capte l’essentiel. Il rend visible ce qu’on ne peut voir.


Enlacé - 1932

Chemins de serpents - 1934

Lieu de l'incendie - 1939

Collection de pierres sacrées - 1937

La salle « Klee et Picasso » montre les liens entre les œuvres des deux peintres, quand bien même Paul Klee veillait à ce que sa propre créativité ne soit pas influencée par celle de l’artiste espagnol.


Les « Années de crise » sont celles de l’arrivée au pouvoir de Hitler en 1933, de l’exil de Paul Klee en Suisse, de la maladie qui affaiblit l’artiste. Les dessins sont dès lors envahis par l’angoisse. Comment rendre visible ce que nous ne pouvons pas voir ? Paul Klee simplifie son trait, entre contrainte physique et évidence picturale. Des petits bonhommes dansent, entre joie et crainte, à l’annonce de l’avènement du Troisième Reich. L’angoisse étreint celles et ceux que la doctrine nazie désigne comme cibles. La terreur se répand. Les visages expriment la détresse. Leurs traits disparaissent, ne laissant que des corps affaiblis, courbés, rompus.
Paul Klee meurt le 29 juin 1940, une semaine après la signature de l’armistice par la France. Le pire des mondes vient de naître.

Une très belle exposition.


 L'Homme du futur - 1933

Projet - 1938

Explosion de peur III - 1938

Messager en flammes - 1939

Démarche tragique - 1939


Paul Klee - L'ironie à l'oeuvre - Exposition - Centre Pompidou - Paris - du 06/04 au 01/08/2016 - Compte-rendu de visite Paul Klee - L'ironie à l'oeuvre - Exposition - Centre Pompidou - Paris - du 06/04 au 01/08/2016 - Compte-rendu de visite Reviewed by Concerts expos by Pat on mai 21, 2016 Rating: 5

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