Prince est mort - 1958 - 2016 - Mon hommage en dessin

Voici mon petit hommage à Prince, avec quelques dessins.

En 1987, Prince a sorti l'album "Sign ☮ the Times". L'album ouvre avec le morceau éponyme. Lorsque j'ai entendu "Sign ☮ the Times", j'ai été subjugué par le riff au synthé, par ce son de basse, par la voix poignante. Magnifique.
Le morceau m'a tellement marqué à sa sortie que j'ai attrapé une feuille de papier et j'ai fait quelques illustrations.

  
J'en profite pour fournir un mot d'explication sur les paroles du morceau. Prince évoque parfaitement l'ambiance des années quatre-vingt. Il parle du SIDA, maladie aujourd'hui chronique mais qui était à l'époque mortelle (elle le reste hors des pays occidentaux par manque d'accès aux soins). Le SIDA traumatise durablement toute une génération. Les pouvoirs publics réagissent alors lentement. Prince parle d'un homme maigre qui meurt d'une grave maladie dans l'anonymat. Il indique que cet homme est un français. Ce n'est qu'en décembre 1986 que la sécurité sociale française accorde le statut de maladie de longue durée aux cas de SIDA qui ouvre la prise en charge à 100 % des soins. Par ailleurs de nombreux transfusés sont contaminés en France par des lots de sang contenant le virus. Dans sa chanson Prince passe ensuite la description de l'usage des drogues dures et de la violence des gangs, qui explosent aux Etats-Unis à l'époque. Une femme meurt d'une overdose dès la troisième phrase. Une femme noire car Prince l'appelle "Sister". Un homme blanc (Prince l'appelle son "Cousin", pas son "Frère") essaye la marijuana ("Reefer" en argot). Il devient ensuite accroc à l'héroïne ("Horse" en argot). Plus loin des ados de dix-sept ans se divertissent à grand renfort de crack et de fusil mitrailleur. Tous ce sujets sont restés d'actualité. De même les catastrophes naturelles tuent déjà en 1987. Ainsi ce couplet dans lequel un ouragan arrache le toit d'une église, tuant toutes les personnes à l'intérieur. On notera au passage la subtile allusion au hasard de la mort. Priez ne protège personne. Prince constate qu'on ne peut pas allumer la télé sans apprendre que quelqu'un est mort. La pauvreté a des conséquences tragiques comme cette femme qui tue son bébé car elle ne peut pas le nourrir. Prince souligne que pendant ce temps le gouvernement a assez d'argent pour envoyer des personnes dans l'espace. Il est impressionné par le fait que l'explosion de la navette spatiale Challenger au décollage en 1986 (sept morts) n'a rien changé au problème, tout le monde persistant à vouloir voler. J'adore la phrase "d'aucuns disent qu'un homme n'est heureux que quand il est mort". En ces années quatre vingt la course aux armements nucléaires était immense. Deux blocs s'affrontaient. Les Etats-Unis d'un côté, l'Union Soviétique de l'autre. L'immense Etat fédéral soviétique ne sera dissous qu'en 1991. En 1987 la crainte d'un affrontement entre les deux blocs était encore bien réelle. L'idée que toute l'humanité disparaissent sous les bombes nucléaires hantait de manière sourde les esprits. C'est ce que chante Prince : "le bébé babille, le voisinage se réjouit mais si une bombe tombe dans la nuit alors personne ne verra l'aube se lever".

Un superbe morceau.