Il est de retour - Er ist wieder da - Timur Vermes
HITLER EST DE RETOUR
La couverture du livre accroche immédiatement l'oeil, avec une mèche bien connue et un titre formant une moustache reconnaissable entre mille. Au dos de la jaquette, le prix rappelle l’année d’accession d’Adolf Hitler au pouvoir (19,33 €). Hitler est de retour. 66 ans après s'être suicidé d'une balle dans la tête, Adolf Hitler se réveille dans un terrain vague (le roman a été écrit en 2011). Ses vêtements sentent encore les deux cents litres d'essence qui ont servi à brûler son corps en 1945. Aujourd’hui il a retrouvé son corps et toute sa tête. Juste un mal de crâne à déplorer. Ni une ni deux, face à cette situation étonnante, Adolf Hitler loue la Providence et poursuit sa mission.
Le roman est narré à la première personne. C'est un choix judicieux car il nous projette dans l'esprit d'Adolf Hitler. Tous les évènements sont dès lors perçus à travers le filtre de son délire paranoïaque passionnel. Rien ne fait dévier Adolf Hitler de la mission qu'il s'est donnée. Il reprend son bâton de pèlerin avec une volonté d'acier.
L'excellente idée du roman est d'opposer Adolf Hitler, qui ne cherche à aucun moment à masquer qui il est, à des contemporains qui croient avoir à faire à un brillant imitateur. Ce double quiproquo engendre de savoureux dialogues et des situations hautement loufoques. Adolf Hitler abandonne bien vite l'idée d'utiliser la presse, qu'il déteste, pour diffuser à nouveau ses idées. Il trouve dans la télévision un vecteur épatant pour vendre ses immuables idées : instauration du grand Reich allemand, supériorité absolue de la race germanique, rôle de la femme réduit à celui de génitrice d’enfants aryens, apologie de la guerre et de la violence, culte de la hiérarchie et de la force, haine des juifs, mépris de l'individualisme, de l'internationalisme, du libéralisme. Le message se diffuse, lentement mais sûrement, protégé par la liberté d'expression et par le supposé aspect satirique du discours puisque Hitler est pris pour un humoriste. C'est là que le roman prend une certaine ampleur. Tant que l'audience est assurée, le spectacle peut continuer avec son lot d'imagerie violente et de discours haineux. Le livre étant écrit par un allemand, il y est fait de nombreuses références à des personnalités et politiciens allemands. Ça n’a pas gêné ma lecture car j’ai pu aisément me projeter en France et y faire des liens avec l'actualité récente, tant avec certains politiques qu'avec certains humoristes ou essayistes. Hitler découvre également le pouvoir d'internet, via le nombre hallucinant de vues sur Youtube à chaque publication d’une de ses charges racistes. Il trouve ce média bien plus efficace que le lent porte à porte des années 30. A nouveau la comparaison fait tilt. Voyez comme les vidéos complotistes les plus farfelues fourmillent sur Youtube. Voyez comme des organisations terroristes parviennent à retourner des personnes à distance.
Le culot de l’auteur a été d’oser parler à la place d’Adolf Hitler, malgré la singularité de l’homme, malgré les souffrances infinies qu’il a engendrées. Timur Vermes n’a cependant pas le talent d’autres auteurs lorsqu’il s’agit de se mettre dans la peau d’un nazi. On est loin de la puissance et de l’extraordinaire qualité d’écriture d’Edgar Hilsenrath dans son « Le Nazi et le Barbier». On est loin des tétanisantes quatre cent première pages du roman « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell (les mille pages suivantes étant à mon sens d’un niveau en dents de scie). La comparaison avec ces deux œuvres phares jouent en défaveur du roman de Timur Vermes, qui manque de références historiques, même si on sent bien que l’auteur s’est documenté. Au final un roman distrayant, plus humoristique qu’inquiétant.
L'excellente idée du roman est d'opposer Adolf Hitler, qui ne cherche à aucun moment à masquer qui il est, à des contemporains qui croient avoir à faire à un brillant imitateur. Ce double quiproquo engendre de savoureux dialogues et des situations hautement loufoques. Adolf Hitler abandonne bien vite l'idée d'utiliser la presse, qu'il déteste, pour diffuser à nouveau ses idées. Il trouve dans la télévision un vecteur épatant pour vendre ses immuables idées : instauration du grand Reich allemand, supériorité absolue de la race germanique, rôle de la femme réduit à celui de génitrice d’enfants aryens, apologie de la guerre et de la violence, culte de la hiérarchie et de la force, haine des juifs, mépris de l'individualisme, de l'internationalisme, du libéralisme. Le message se diffuse, lentement mais sûrement, protégé par la liberté d'expression et par le supposé aspect satirique du discours puisque Hitler est pris pour un humoriste. C'est là que le roman prend une certaine ampleur. Tant que l'audience est assurée, le spectacle peut continuer avec son lot d'imagerie violente et de discours haineux. Le livre étant écrit par un allemand, il y est fait de nombreuses références à des personnalités et politiciens allemands. Ça n’a pas gêné ma lecture car j’ai pu aisément me projeter en France et y faire des liens avec l'actualité récente, tant avec certains politiques qu'avec certains humoristes ou essayistes. Hitler découvre également le pouvoir d'internet, via le nombre hallucinant de vues sur Youtube à chaque publication d’une de ses charges racistes. Il trouve ce média bien plus efficace que le lent porte à porte des années 30. A nouveau la comparaison fait tilt. Voyez comme les vidéos complotistes les plus farfelues fourmillent sur Youtube. Voyez comme des organisations terroristes parviennent à retourner des personnes à distance.
Le culot de l’auteur a été d’oser parler à la place d’Adolf Hitler, malgré la singularité de l’homme, malgré les souffrances infinies qu’il a engendrées. Timur Vermes n’a cependant pas le talent d’autres auteurs lorsqu’il s’agit de se mettre dans la peau d’un nazi. On est loin de la puissance et de l’extraordinaire qualité d’écriture d’Edgar Hilsenrath dans son « Le Nazi et le Barbier». On est loin des tétanisantes quatre cent première pages du roman « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell (les mille pages suivantes étant à mon sens d’un niveau en dents de scie). La comparaison avec ces deux œuvres phares jouent en défaveur du roman de Timur Vermes, qui manque de références historiques, même si on sent bien que l’auteur s’est documenté. Au final un roman distrayant, plus humoristique qu’inquiétant.
Il est de retour - Er ist wieder da - Timur Vermes
Reviewed by Concerts expos by Pat
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mai 08, 2015
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