Henri Cartier-Bresson - Exposition - Centre Pompidou - Paris - du 12/02 au 09/06/2014 - Compte-rendu de visite

PHOTOSENSIBLE
Le Centre Pompidou présente une rétrospective du photographe Henri Cartier-Bresson. Immense.

"S’il n’y a pas d’émotion,

s’il n’y a pas un choc,

si on ne réagit pas à la sensibilité,

on ne doit pas prendre de photo.

C’est la photo qui nous prend"
Henri Cartier-Bresson

La rétrospective au Centre Pompidou parcoure toute l'oeuvre de Henri Cartier-Bresson. L'exposition regroupe 500 photographies, dessins, peintures, films et documents. Armé de son Leica, le photographe a traversé un XXe siècle jalonné d'événements majeurs. Henri Cartier-Bresson commence par peindre, découvre la photographie avec les surréalistes, devient photoreporter, milite pour le parti communiste, est soldat, prisonnier puis résistant durant la Seconde Guerre Mondiale, fonde l'agence Magnum en 1947, parcoure le monde jusqu'en 1970 puis se consacre au dessin. Son oeil est infaillible et ses compositions parfaitement équilibrées.
A coté des nombreuses photographies, la rétrospective présente des documents méconnus comme ces extraits de films montrant le photographe à l'oeuvre en tant qu'assistant et/ou acteur dans les films de Jean Renoir entre 1936 et 1939.

L'engagement militant de Henri Cartier-Bresson est ici particulièrement bien documenté. On peut ainsi voir dans son intégralité et sur grand écran son film "Victoire de la vie". Le film est réalisé en 1938 en Espagne, durant la guerre civile qui oppose les républicains et les nationalistes (les rebelles putschistes menés par le général Franco). Tourné à Madrid et à Barcelone, le film montre les conséquences des bombardements italiens et allemands sur la population, l'aide sanitaire internationale, l'installation d’un hôpital mobile au plus prêt de la ligne de front, la rééducation des blessés avant leur retour au front. Le film visait à témoigner et à obtenir des soutiens financiers pour aider l'armée républicaine. Il s'agit d'un très beau film qui colle au plus prêt des visages des combattants et de la population. L'ennemi et ses alliés sont évoqués par des insignes affichés au mur d'une casemate reprise par les Républicains (on voit l'insigne des troupes franquistes, l'insigne de l'armée des Maures et la croix gammée nazie).

Après avoir participé activement à la Seconde Guerre Mondiale, le photographe documente l'effondrement du IIIe Reich (la Libération de Paris, le village martyr d'Oradour-sur-Glane, les civils allemands après la défaite, le rapatriement des prisonniers).
Henri Cartier-Bresson sait saisir les visages et les vies avec une grande sensibilité et une immense compassion pour les faibles et les démunis. Il poursuivra ses reportages après avoir fondé l'agence Magnum, couvrant la décolonisation, la guerre froide, les Trente glorieuses et mai 1968. En 1972, il quitte Magnum et retourne au dessin.

La palette d'Henri Cartier-Bresson est impressionnante. Le photographe est, avec un même talent, photoreporter, militant, rêveur, voyageur, esthète, portraitiste.

Une grande et belle exposition.

Le film "Victoire de la vie" sur la Guerre d'Espagne est visible ici

Voici ci-dessous quelques unes des oeuvres présentées.