Hope (Wish, So-won, 2013) - Lee Joon-ik - 8ème Festival du Film Coréen à Paris - Critique du film

HOPE
La 8ème édition du Festival du Film Coréen à Paris se tient du 29 octobre au 5 novembre 2013. Ce 31 octobre, le festival présente le film "Hope", en présence du réalisateur Lee Joon-ik.
Hope a pour protagonistes principaux une fillette nommée So-won ("voeu" en coréen) et ses parents. Sur le chemin de l'école, So-won est victime d'un viol. Ses séquelles nécessitent une longue hospitalisation. Ses parents se relaient à son chevet. En parallèle la police arrête l'agresseur, qui déclare ne se souvenir de rien.
En France nous avons découvert ces dernières années de brillants thrillers sud-coréens (Memories of Murder, Sympathy for M. Vengeance, Breathless, Bedevilled pour n'en citer que quelques uns). Des films puissants, complexes, très noirs, qui montrent la violence de manière frontale. Dans "J'ai rencontré le Diable", un tueur qui a violé et assassiné une femme est ainsi pourchassé par le mari, qui va se venger avec une férocité inouïe. Le Festival du Film Coréen à Paris a promis de nous faire découvrir un autre cinéma coréen. Le film "Hope" est sorti voici quatre semaines en Corée du Sud et a été présenté pour la première fois à l'étranger en ouverture du présent festival (l'avant veille). Au début de "Hope", je me demande comment le réalisateur Lee Joon-ik va pouvoir traiter un sujet aussi extrême que le viol d'une fillette?


Le réalisateur fait le choix de coller de près à la famille et à ses proches. Nous accompagnons dès le début la fillette, la mère et le père dans leurs activités respectives et croisons les personnes qui accompagnent leur quotidien (les camarades d'école, les clients de l'épicerie que gère la mère, les mères de famille du quartier, le chef du père à son travail). Les relations extérieures au cercle familial sont montrées comme étant plus fortes que celles qui gèrent le quotidien de la famille (la scène du repas de famille et sa vaine tentative de dialogue). Le matin du drame, les parents sont trop occupés par leurs activités pour trouver le temps de parler avec leur fille. La fillette elle-même sent qu'elle gêne ses parents avec ses demandes. Le film est dès le début d'une rare délicatesse. En quelques minutes le réalisateur nous a rendu les personnages très attachants. Il a aussi préparé le terrain pour que le sentiment premier de la fillette et de ses parents, face au drame, soit celui d'être coupable et non d'être victime. Le viol lui-même est filmé hors champ. Ses conséquences physiques sont elles montrées avec réalisme. La douleur est palpable face au visage tuméfié de la fillette. Les conséquences psychiques sont le sujet au centre du film. L'enquête policière importe peu. Comme dans le splendide "Le sang du châtiment" de William Friedkin, l'agresseur est arrêté quasi immédiatement et l'enquête fait place à un procès qui questionne sa responsabilité face à son acte. Là s'arrête la comparaison. Friedkin suivait le parcours du tueur et celui du procureur. Lee Joon-ik prend à revers le spectateur en restant aux côtés des victimes et de ceux qui vont les aider à se reconstruire. Le père relativement absent au début du film fait tout pour sa fille alors que celle-ci fuit maintenant tout contact masculin. La famille va peu à peu se reconstruire. Jusqu'à ce que l'envie de vengeance devienne trop forte. Mais Chut! Je n'en dis pas plus pour ne pas déflorer les rebondissements du film. Hope est un film empli de multiples émotions et parvient à être lumineux avec un sujet extrêmement tragique. Les larmes alternent avec les rires. Un équilibre trouvé avec pudeur.

Après la présentation du film, le réalisateur a répondu aux questions du public. Vif et souriant, Lee Joon-ik nous a rappelé que les viols restent un phénomène fréquent partout dans le monde. Dans son film, il a voulu montrer que le chemin de la guérison passe en premier lieu par soi-même, par son entourage. Si la justice institutionnelle est importante, et doit être adaptée au préjudice et à la faute, elle ne remplace pas la nécessaire reconstruction personnelle. Le réalisateur a également expliqué avec quelles précautions il a obtenu avec son équipe la performance remarquable de la jeune Lee Re. Il a souligné le soin apporté au réalisme des maquillages de blessures. Une rencontre très intéressante avec un cinéaste au regard d'une grande justesse.

Un mot pour dire que l'organisation du festival est agréable, avec des présentatrices sur la scène de la salle, un programme à la présentation claire (sur Internet et sur papier), une projection nickel, des sièges confortables et même des badges au logo du festival.

Après la séance nous sortons sur l'avenue des Champs-Elysées. Ce soir c'est Halloween et nous croisons des jeunes personnes déguisées, surtout les filles. Panthère, vampire, fée, catwoman ou diablesse. Un écho aux déguisements qui égayent le film.
Voici la bande annonce du film :
Hope (Wish, So-won, 2013) - Lee Joon-ik - 8ème Festival du Film Coréen à Paris - Critique du film Hope (Wish, So-won, 2013) - Lee Joon-ik - 8ème Festival du Film Coréen à Paris - Critique du film Reviewed by Concerts expos by Pat on novembre 02, 2013 Rating: 5

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