Rosa†Crux - Sieben - Les Nuits Dark Ritual - IIIème édition - Eglise Sainte Croix des Pelletiers - Rouen - 16/09/2011 - Compte-rendu de concert - Concert review

CEUX QUI VONT MOURIR

Voir Rosa†Crvx en concert, c'est pour moi un rêve qui se réalise. Qui plus est à Rouen, ville natale du groupe. Qui plus est dans le décor d'une église.

Nous partons de la région parisienne cette fin d'après-midi du vendredi, ma compagne et moi, en direction de la Normandie. Après 3 heures de route (de nombreux accrochages entre véhicules ralentissent le trafic), nous voici à Rouen. Nous mangeons place du Vieux-Marché (la place où Jeanne d'Arc fût brûlée). Le quartier est splendide, avec de nombreuses maisons à colombage (c'est à dire avec l'ossature en bois), certaines étant à encorbellement (les étages sont en saillie par rapport au plan vertical). L'église Sainte-Jeanne-d'Arc apporte une touche moderne avec son architecture évoquant tant un bateau viking qu'un poisson (les toits du marché juste à côté évoquant eux les vagues de la mer).


Nous nous dirigeons vers la salle Sainte Croix des Pelletiers. Il s'agit d'une ancienne église dont le clocher a été détruit en 1843 et qui sert de salle de conférence et de concert depuis 1951. L'endroit est absolument charmant et parfaitement approprié à une soirée gothique.


Quand nous entrons dans la salle, la première partie, Sieben, a commencé à jouer. Sieben c'est Matt Howden, seul sur scène, qui fabrique littéralement ses chansons devant nous. Matt utilise une pédale pour faire des boucles sonores. Il croise ainsi plusieurs sons, qu'il produit avec son violon, par exemple en le tapant pour obtenir une percussion. Il pose alors sa voix (voire ses voix toujours grâce à la pédale). J'ai trouvé l'effet rendu très agréable, Matt construisant au final de vraies chansons bien mélancoliques.


Après la prestation de Sieben, nous visitons la salle. La voûte en bois est splendide. Nous identifions dans la salle les divers accessoires qui vont servir lors du spectacle de Rosa†Crvx.


Pour ceux qui ne connaissent pas, Rosa†Crvx est un groupe de rock gothique (pour simplifier). Le style est sombre, rituel, voire franchement martial. Le chant est en latin. Rosa†Crvx officie depuis 1984. Le groupe élabore lui même une partie de ses instruments. Ainsi le concert débute par les sons crées par la danse d'une femme qui frappe son corps. Des capteurs produisent un son différent selon la partie frappée : grave pour le ventre, strident pour la tête, métallique pour la nuque.

Claude Feery s'installe au piano et Olivier Tarabo effectue quelques roulements de tambours avant de laisser la place à la BAM. La BAM, c'est la Batterie Automate Midi, inventée par Olivier en 1995. Un procédé électromagnétique permet de faire reproduire à une baguette un roulement de tambour. Perfectionnée au fil des années, la BAM, entièrement gérée par un programme midi sur ordinateur, accompagne le groupe au son de huit fûts et de deux cymbales. Quand la BAM entre en action, le spectacle prend immédiatement de l'ampleur. Pour densifier encore le son produit par le piano et les percusions, Rosa†Crvx ajoute guitare électrique (Olivier), basse/contrebasse (Hugo Lafitte), des choeurs (Rosa Chordis) et, enfin, la voix puissante, envoûtante, d'Olivier.


Rosa†Crvx utilise un écran vidéo géant en fond de scène pour ajouter encore à l'ambiance créée. Je ne voudrais pas spoiler plus avant le spectacle mais sachez que ces vidéos sont toutes de très bonnes factures et qu'on y trouve quantité de crânes humains, de souterrains, de rats, ainsi que du feu, de l'eau et de la terre.

Le spectacle est partout, sur scène, sur écran et dans la salle. Deux jeunes femmes (Juliette Bates et Marianne Lachaux) viennent chacune agiter un drapeau aux armoiries du groupe au dessus de la foule. Oubliez les photos ou les vidéos que vous pouvez trouver de cette performance, elles ne peuvent rendre compte de la beauté de cette chorégraphie dans une église, avec les drapeaux venant souffler l'air juste au dessus des têtes des spectateurs. Un très beau moment. J'en oublie totalement de regarder le spectacle sur scène et sur écran.


Claude Feeny s'installe aux carillons d'église. Ces carillons ont été fabriqués spécialement pour elle et porte tous un nom différent. Une cornemuse, jouée par Benjamin Canu, vient également apporter un son plus organique.
Rosa†Crvx s'inspire des écrits d'Antonin Artaud et met notamment en spectacle des situations de sacrifice, ou en tout cas de corps en souffrance. Il faut voir des performances comme l'Homme dans la cage ou la Danse de la Terre pour les croire. Dans la première, un homme nu est enfermé dans une cage montée sur un câble horizontal; la cage est lancée à plusieurs reprises contre une immense plaque de métal. Le son du choc est intégré dans la musique jouée par le groupe. Dans la Danse de la Terre, deux jeunes femmes nues recouvertes de boue exécutent une danse rituelle en se couvrant le corps de poussière d'argile. Ces deux performances, totalement intégrées au spectacle musicale, sont réalisées au milieu de la foule. J'ai trouvé celà beau et fascinant.


Jamais à cours lorsqu'il s'agit d'inventer de nouveaux sons, Rosa†Crvx a installé un immense violoncelle en métal dans la salle. Les cordes sont frottées par un immense archet lui même actionné au travers de poulies par une personne juchée debout sur des pédales au sommet de l'instrument. Le son ainsi produit vient s'intégrer parfaitement dans un morceau du groupe.


Le public a une très large capacité de mouvement dans la salle. Nous ne sommes en effet que 350 personnes en raison des normes de sécurité (une seule issue dans ce lieu). Nous pouvons ainsi aller et venir librement dans la salle. Je veux dire que la répartition même de la foule varie selon les lieux des performances dans la salle. Quant aux yeux, ils ont tout loisir de passer des musiciens à l'écran, du public aux performances, des instruments à l'architecture de la salle. Le spectacle prend fin avec une scène plongée dans l'obscurité alors que l'écran montre des souterrains dans lesquels se répandent des incendies au sol (de larges flaques d'alcool sont allumées dans les ténèbres). Un final de toute beauté.


Une nuit plus tard et après avoir arpenter les très belles rues de Rouen, nous repassons à l'église. Je viens revendre deux places pour le soir (j'ai dû intervertir le samedi prévu à l'origine avec le vendredi afin d'honorer l'invitation d'une amie à son anniversaire ce samedi soir). La première place est revendue immédiatement devant la salle. Il m'en reste une. Je rentre dans le vestibule de l'église. Le groupe est là, préparant la soirée du samedi. Olivier me reconnaît, tout sourire. Je le félicite pour le concert de la veille et lui dit que nous n'avons pas pu venir à la nocturne qui poursuivait le concert (vu qu'il nous faut être d'attaque pour l'anniversaire ce soir). Je lui explique qu'il me reste une place pour le concert complet de ce soir. Olivier me propose immédiatement de la racheter. Sitôt dit sitôt fait. Je remercie vivement Olivier qui nous invite chaleureusement à aller voir les préparatifs dans l'église. Nous retrouvons avec plaisir le décor de l'église Sainte Croix des Pelletiers. Un homme et une femme sont à genoux, astiquant le parquet pour enlever l'argile répandu la veille lors de la performance de la Danse de la Terre. La femme redresse la tête et nous fait un large sourire. L'homme nous regarde et nous fait un signe avec les doigts de la main : le V de la Victoire.

* Setlist (sauf erreur de ma part) :
  1. Capteurs
  2. Adorasti
  3. Invocation
  4. In Tenebris
  5. Terribilis
  6. Hel Hel
  7. Tonitrvi
  8. Aglon
  9. Morituri
  10. Ante-A
  11. Venite+
  12. Omnes Qui Descendunt
  13. Svrsvm Corda
  14. Proficere
  15. Ab Irato
  16. Eli-Elo (Danse De La Terre)
  17. Misericorde
  18. Vil
Rosa†Crux - Sieben - Les Nuits Dark Ritual - IIIème édition - Eglise Sainte Croix des Pelletiers - Rouen - 16/09/2011 - Compte-rendu de concert - Concert review Rosa†Crux - Sieben - Les Nuits Dark Ritual - IIIème édition - Eglise Sainte Croix des Pelletiers - Rouen - 16/09/2011 - Compte-rendu de concert - Concert review Reviewed by Concerts expos by Pat on septembre 17, 2011 Rating: 5

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