[Journal] Le pangolin vous salue bien - Episode 9

Jeudi 16 avril. Lundi dernier le chef de l'Etat a évoqué une fin de confinement au plus tôt le 11 mai. L'activité partielle a augmenté dans ma boîte. De nombreux collègues passent du jour au lendemain en arrêt d'activité complet jusqu'au 11 mai. Pour ma part je garde un filet d'activité chaque semaine. Et j'ai toujours des heures de délégation syndicale que je peux exercer pendant mon activité partielle.

Le Covid-19 bouscule les politiques. Les Etats-Unis retirent leur participation financière à l'Organisation Mondiale de la Santé. Ils tirent sur l'ambulance. Cette grosse agence a ses défauts mais rien n'est prévu pour la remplacer. La Chine va s'engouffrer dans la brèche ouverte. Le pouvoir chinois doit faire le dos rond car la grogne interne monte. La France demande à la Chine si elle a bien tout dit. Les amateurs d'hypothèses surfent sur la vague en assurant que le virus est sorti d'un laboratoire chinois. L'Union Européenne est face à son ixième défi. Chaude ambiance.

Dimanche. Le gouvernement, avec des tronches de croque-mort, dévoile comment il compte mettre en œuvre la marche à suivre définie par le Président. Je comprends pourquoi l'annonce par le Président de la réouverture des écoles ne m'a pas excitée plus que ça. Tout ça est loin d'être réglé étant donné la complexité de l'affaire. Tant que les lits des hôpitaux sont remplis, tant que des cas journaliers s'ajoutent, tant que masques et respirateurs sont en nombre limité, pas facile de se projeter dans trois semaines. Ça sent la reprise de l'activité avec un retour très encadré pour certains, avec un possible allongement de l'activité partielle pour d'autres, avec un maintien en télétravail pour ceux qui le peuvent et avec une sortie très progressive du confinement.

Nous attaquons la sixième semaine de confinement. C'est quand qu'on sort ?


Mardi soir. A vingt heures les habitants du quartier applaudissent les soignants. Je reçois un coup de fil. C'est ma sœur et mon neveu qui chantent « Touch Too Much » d'AC/DC. Je ne comprends pas tout de suite (je suis un peu truffé d'informations). Ah oui, pardon, c'est un joyeux clin d'œil à mon post de la semaine dernière dans lequel je demandais à entendre ce morceau dans la sono de balcon d'une voisine du quartier.

Mercredi soir. Ballade avec ma compagne. Nous continuons à arpenter les rues, ruelles et passages de la ville en fin de journée, histoire de se vider la tête et de se dégourdir les jambes. Règle numéro 1 de ces ballades : ne pas parler de l'actualité morose. Nous découvrons un ouvrage sur lequel sont inscrits les noms « Vanne » et « Loing ». Il s'agit sans doute d'un regard qui permet de descendre dans la partie souterraine des aqueducs qui apporte à Paris les eaux de la Vanne, un affluent de l'Yonne, et du Loing, un affluent de la Seine. Nous avons au total quatre aqueducs à Cachan. L'aqueduc gallo-romain est le plus ancien. Il en reste trois piles de la partie visible surplombant le lit de la Bièvre. L'aqueduc Médicis, qui puise ses eaux à Rungis, est construit en pierre de taille au-dessus de l'emplacement de l'aqueduc gallo-romain. L'aqueduc de la Vanne surplombe les deux précédents aqueducs. L'aqueduc du Loing (et du Lunain) est visible non loin de là. C'est ce quatrième aqueduc que nous suivons ce soir. Nous descendons le coteau en imaginant sous nos pieds le système de siphons souterrains. Puis nous longeons la section en relief de l'aqueduc. Une section dont la partie supérieure est recouverte de gazon, pour faire une petite réserve de faune et de flore.

Jeudi. La barre des 10 millions de salariés au chômage partiel a été franchie.

C'est par où la sortie ?