[Journal] Le pangolin vous salue bien - Episode 10

Sixième week-end de confinement.
Ma compagne et moi nous continuons à explorer notre quartier. Nous cochons la fameuse case sur l'attestation de déplacement obligatoire : « déplacement bref, dans la limite d'une heure quotidienne et dans un rayon maximal d'un kilomètre autour du domicile ». Nous nous arrêtons pour observer une construction d'un étage, enduite de couleur rouge, surmonté d’un grenier en pan de bois à persiennes. Il s'agit d'un séchoir. Plongeons dans le temps. Ce séchoir date de la fin du XIXe siècle. Il témoigne de l'ancien métier principal de la ville de Cachan, la blanchisserie. Après la Révolution les grandes propriétés installées le long des rives de la Bièvre sont démantelées. L'industrie du blanchissage prend alors son essor autour de la rivière. En 1900 la ville compte cent vingt blanchisseries. En ces heures de pandémie, je me transporte à l'époque. Je pense aux blanchisseuses et aux repasseuses, ainsi qu'à toutes les personnes qui récupéraient, transportaient, étendaient le linge. Un linge souillé, non désinfecté, dans des ateliers insalubres et non aérés. La tuberculose fît des ravages. Aujourd'hui il ne reste qu'une seule blanchisserie à Cachan.