MC50 - Elysée Montmartre - Paris - 14/11/2018 - Compte-rendu de concert
PERTE D'INTENTION
Wayne Kramer célèbre les cinquante ans de la sortie de l'album "Kick Out the Jams" du MC5, mythique précurseur du punk rock
Il y a 50 ans, le groupe MC5 enregistrait l'album live « Kick out the Jams », sur ses terres, Détroit, la capitale de l'industrie automobile américaine. Le MC5 ou Motor City Five, les cinq de la cité du moteur. Un album bordélique, puissant, rageur. L'énergie rock renouvelée, alliée à des emprunts au rhythm'n'blues. Deux albums studio plus tard, les problèmes de drogue grippent le moteur et le MC5 s'arrête. Rob Tyner décédé en 1991, Fred « Sonic » Smith décédé en 1994, les trois survivants ressuscitent le MC5 en 2004 le temps d'une tournée sous le nom de DKT MC5, fondé sur la première lettre de leurs noms (Michael Davis à la basse, Wayne Kramer à la guitare et Dennis Thompson à la batterie). Une belle réunion à laquelle j'ai eu la chance d'assister lors d'un concert magique à l'Elysée Montmartre. Elysée Montmartre qui, quatorze après, réunit ce soir une nouvelle incarnation du MC5, appelée cette fois le MC50. Michael Davis décédé en 2012, Dennis Thompson n'ayant visiblement pas l'intention de partir en tournée à soixante-dix piges, c'est Wayne Kramer seul, soixante-dix piges lui aussi au compteur, qui rallume le moteur pour fêter le 50ème anniversaire de l'album culte. Le guitariste originel du groupe s'est entouré du guitariste de Soundgarden, du batteur de Fugazi, du bassiste de Faith No More et du chanteur de Zen Guerilla. Alléchant tout ça. Ma compagne et moi nous prenons nos places.
Wayne Kramer célèbre les cinquante ans de la sortie de l'album "Kick Out the Jams" du MC5, mythique précurseur du punk rock
Il y a 50 ans, le groupe MC5 enregistrait l'album live « Kick out the Jams », sur ses terres, Détroit, la capitale de l'industrie automobile américaine. Le MC5 ou Motor City Five, les cinq de la cité du moteur. Un album bordélique, puissant, rageur. L'énergie rock renouvelée, alliée à des emprunts au rhythm'n'blues. Deux albums studio plus tard, les problèmes de drogue grippent le moteur et le MC5 s'arrête. Rob Tyner décédé en 1991, Fred « Sonic » Smith décédé en 1994, les trois survivants ressuscitent le MC5 en 2004 le temps d'une tournée sous le nom de DKT MC5, fondé sur la première lettre de leurs noms (Michael Davis à la basse, Wayne Kramer à la guitare et Dennis Thompson à la batterie). Une belle réunion à laquelle j'ai eu la chance d'assister lors d'un concert magique à l'Elysée Montmartre. Elysée Montmartre qui, quatorze après, réunit ce soir une nouvelle incarnation du MC5, appelée cette fois le MC50. Michael Davis décédé en 2012, Dennis Thompson n'ayant visiblement pas l'intention de partir en tournée à soixante-dix piges, c'est Wayne Kramer seul, soixante-dix piges lui aussi au compteur, qui rallume le moteur pour fêter le 50ème anniversaire de l'album culte. Le guitariste originel du groupe s'est entouré du guitariste de Soundgarden, du batteur de Fugazi, du bassiste de Faith No More et du chanteur de Zen Guerilla. Alléchant tout ça. Ma compagne et moi nous prenons nos places.
C'est la première fois que je remets les pieds à l'Elysée Montmartre depuis son incendie en 2011 et sa réouverture en 2016. J'ai tant de souvenirs de concerts fabuleux dans cette salle. Un lieu qui magnifiait la communion des spectateurs et des artistes. La question est de savoir si la salle a pu garder son atmosphère magique. Autre question : est-ce que Philippe Manoeuvre, l'homme qui a croisé les plus grands, est de la partie ce soir ?
Nous montons l'escalier, moins glissant et moins raide que celui d'origine. En haut des marches nous découvrons qu'un partie de l'ancien magasin Tati a été remplacé par un foyer. L'intérieur de la salle a été entièrement refait, y compris la structure de poutres métalliques. Le lieu est notablement plus grand (nous dirions une capacité supplémentaire de deux cent places debout). Le plancher en bois verni est de toute beauté. Nous retrouvons nos marques d'antan, avec les toilettes et le mini-bar à gauche de la salle et le grand bar surélevé en fond de salle. Nous prenons un verre de vin en attendant le concert (nous arrivons après la première partie). Le public a plus de cinquante ans, la renommée du MC5 n'a pas atteint les plus jeunes. De fait la salle paraît à moitié vide.
Je jette un coup d'oeil au stand merchandising. Wayne Kramer est à l'honneur avec sa tête sur les tee-shirts (la tête de 1968, pas celle de 2018) et son livre autobiographique (là aussi avec une photo de l'époque). Au moins nous sommes prévenus, le MC5 n'est plus, ce soir c'est un hommage du guitariste fondateur à un passé révolu.
Wayne Kramer déboule sur scène en sautant dans tous les sens. L'intro du concert de 1968 résonne dans les hauts parleurs, avec sa harangue qui appelle à la révolution. Wayne Kramer répète une partie de l'appel aux armes ("Frères et soeur", "C'est le moment de décider", "Etes-vous prêts ?"). L'effet est étrange tant l'intention du discours de 1968, dans une ville de Détroit encore secouée par les émeutes raciales de 1967, dans une ambiance d'appel à la révolution culturelle, ne cadre plus avec le présent, qui plus est parisien. Wayne Kramer ne cherchera à aucun moment à resituer le contexte. Le son s'avère d'emblée très décevant. La rythmique est mise en avant, les guitares sont noyées dans le mix. Le classique "Kick Out the Jams" nous permet de pousser de la voix. Sur "Come Together" je réalise que les enceintes ne permettent pas de remplir la salle de manière homogène. La salle est trop vaste et le son va se nicher au plafond. Je change de place mais rien n'y fait, c'est comme si le groupe jouait sous la voute du grand hall qu'est devenu l'Elysée Montmartre. J'entends enfin un peu les guitares et c'est acoustiquement très mauvais. La ligne de basse revient très en avant sur "Motor City is Burning". sauf que le jeu du bassiste, qui joue plutôt dans un registre heavy funk, est à mille lieues de l'intention d'origine. Le chanteur se révélant qui plus est incapable de restituer la chaleur soul de la voix de Rob Tyner, il est impossible d'apprécier cette évocation du Détroit en flammes de 1967 avec une telle bouillie sonore. Sur "Rocket Reducer No. 62 (Rama Lama Fa Fa Fa)", la soirée passe au supplice. Le public ne s'y trompe pas et reste majoritairement inerte. "Borderline" est détruite sur place. Il est à craindre que rien ni personne ne permettra au concert de décoller ce soir et encore moins au son de s'améliorer. L'effroyable manque de cohésion et de puissance du démarrage de "I Want You Right Now" nous confirme ce que nous envisagions déjà depuis trois morceaux. Il est grand temps de quitter la salle. Nous sortons en pensant aux heures de travail qu'il va nous falloir pour payer le prix de cette soirée ratée. Trente huit euros la place tout de même. C'est la loi des concerts, quelques mauvaises expériences au milieu des instants de grâce. Adieu MC5, tu restes gravé dans mon coeur. Adieu Elysée Montmartre également, ta nouvelle incarnation n'étant qu'une pâle évocation d'une magie disparue en fumée.
J'allais oublié, Philippe Manoeuvre, Chevalier des arts et des lettres, était dans la salle ce soir. Sans ses Ray-Ban.
Setlist non exhaustive (établie jusqu'au moment où nous avons quitté la salle) :
- Ramblin' Rose
- Kick Out the Jams
- Come Together
- Motor City Is Burning
- Rocket Reducer No. 62 (Rama Lama Fa Fa Fa)
- Borderline
- I Want You Right Now
MC50 - Elysée Montmartre - Paris - 14/11/2018 - Compte-rendu de concert
Reviewed by Concerts expos by Pat
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novembre 18, 2018
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