Les Fourberies de Scapin de Molière - Comédie-Française - Paris - du 20/09/2017 au 11/02/2018

EBOURIFFANT
Eblouissante mise en scène de Denis Podalydès pour les Fourberies de Scapin.

Sept jours avant la fin de l'année, nous décidons le 24 décembre dernier de passer l'après-midi à la Comédie Française. Nous nous y rendons en famille et entre amis pour voir les Fourberies de Scapin.

Sur une scène transformée en docks du XVIIe, deux jeunes hommes confient leur inquiétude suite aux conséquences prévisibles de leurs frasques. Profitant de l'éloignement de leur père respectif, l'un se marie en cachette, l'autre courtise une bohémienne. Hors les pères sont de retour. La panique gagne. Les deux fils décident de s'en remettre au valet Scapin, dont le talent est connu pour savoir arranger ce genre d'embrouille.



Voici qu'entre en scène Scapin, joué par Benjamin Lavernhe. Son torse nu émerge d'une trappe au sol. Il écoute ses maîtres l'oeil encore ensommeillé, la bouche pâteuse. Puis il jaillit sur le plateau, fesses à l'air, exhibe son corps avec nonchalance avant d'enfiler son caleçon. Son verbe se fait plus clair, son esprit est à l'écoute et prépare déjà quelque joyeuse intrigue. Nous allons plonger avec délice dans les mille et un stratagèmes du valet. Scapin occupe le devant la scène, au propre comme au figuré, avec force clins d'oeil au public. Le rire, car nous rions beaucoup, est partagé. Le tout bénéficie d'une technicité impeccable. Les entrées et sorties sont épatantes de vitalité. Le décor de port s'étend dans toutes les dimensions, escaliers, portes, trappes, arrière-cour, palissades. Pourtant le lieu est comme clos, le plateau réduit de moitié, tous les acteurs sont au corps à corps et proche du devant de la scène, au contact de l'audience. La participation est encore renforcée lors de la fameuse scène dans laquelle Scapin roue de coups son maître Géronte, campé par un Didier Sandre grinçant et méchant. Géronte est enfermé dans un sac et suspendu en l'air par une poulie. Le sac est frappé violemment et passe au-dessus des premiers rangs. Les effets sonores sont bluffants et donnent l'impression que la victime est bien dans le sac. Alors Scapin demande à un enfant dans l'assistance de frapper le sac à sa place. Le gamin s'exécute. Géronte sort du sac dans un état pitoyable, maquillage saisissant d'un vieil homme rompu de coups, vieux lion rugissant soudain sévèrement amoindri. La salle, totalement prise au jeu par la mise en scène, oscille entre rires et frémissement. C'est que Scapin, à force de braverie braillarde, n'hésite pas à aller trop loin, à se considérer en maître absolu de la situation, jusqu'à la cruauté. Tout est à l'avenant dans la mise en scène de Denis Podalydès. De la farce, de la sauvagerie, de la fureur, de la jeunesse, de l'insolence, de la violence, de la rage et, in fine, un final mélancolique.
Ebouriffant.





Les Fourberies de Scapin de Molière - Comédie-Française - Paris - du 20/09/2017 au 11/02/2018 Les Fourberies de Scapin de Molière - Comédie-Française - Paris - du 20/09/2017 au 11/02/2018 Reviewed by Concerts expos by Pat on février 11, 2018 Rating: 5

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