Le Vasco - Primeurs de Massy - Paul B - 29/10/2016 - Compte-rendu de concert
EMPREINTE DIGITALE
Le Vasco joue aux Primeurs de Massy.
Les Primeurs de Massy est le nom d'un festival qui programme des artistes émergents. Le mot d'ordre est à la découverte musicale de sonorités actuelles. Le festival est organisé par Paul B, un lieu culturel dynamique qui dispose de deux salles.
Le festival dure du 26 au 29 octobre. Nous nous y rendons le dernier soir, attirés par la présence à l'affiche de Le Vasco.
En attendant Le Vasco, nous allons assister au concert de Grand Blanc. Le groupe joue de la disco noire (dixit le chanteur guitariste). Nous avons l'impression d'assister à une caricature de rock sombre et dépressif. Nous quittons la salle après trois morceaux.
Les fauteuils de l'immense bar nous accueillent confortablement. Pour la durée du festival, l'atelier YokYok a imaginé et construit d'immenses tentures réalisées en laine (ici). Paul B pourrait garder cette installation plus longtemps tant elle est jolie.
Le Vasco c'est notre gros coup de coeur de ces dernières années. Nous les avons vus neuf fois entre 2013 et 2015. Des musiciens audacieux, inventifs, sincères. Une musique sombre, brutale, aérienne et envoûtante. Des prestations époustouflantes, surprenantes, enjouées, euphorisantes. Leur EP éponyme de 2013 est un joyau. Leur mixtape "Passion Things" de 2014 est une tuerie. Depuis le quintette est devenu quatuor, le saxophone soprano étant parti vers d'autres aventures. Un premier album est prévu. Le Vasco dévoile depuis quelques semaines les morceaux au compte-goutte. Il accompagne chaque morceau de vidéos faites maison (ambiance débrouille garantie). La volonté affichée est de proposer un voyage à la fois sonore et visuel. Le Vasco vient de sortir l'EP "We're Not Natural Anymore :'(". Le groupe présente les nouveaux morceaux comme un voyage artistique entre le réel et internet. L'abondance de voix de robots sur ces trois titres a refroidi notre ardeur. Il reste à découvrir comment Le Vasco va gérer ces nouvelles sonorités en concert.
En fond de scène un immense écran nous invite à envoyer des messages à un numéro de portable. Les messages sont alors diffusés en temps réel sur l'écran. Des samples vocaux accompagnent le début du concert de Le Vasco, en forme de consignes de vol. Le groupe est noyé dans une lumière bleue. Une ambiance visuelle neutre qui ne variera pas de tout le concert. Deux drapés avec un motif de colonne antique encadrent les musiciens. Le premier morceau, "Neon Blue", nous installe d'emblée dans le son du nouvel EP. Les sonorités sont numériques, les basses sont puissantes. Le Vasco propose un univers sonore synthétique aux contours évanescents. La recherche sur le traitement de la voix a abouti à atténuer la superbe voix de Louise. Sa force émotionnelle est amoindrie par l'auto-tune. Le second morceau offre de belles envolées de Baptiste à la guitare, ajoutant de la chair et du nerf aux rythmes mécaniques. Le troisième morceau démarre avec un sample de bruit d'eau. Le Vasco nous donne l'impression d'utiliser de nombreux sons pré-enregistrés. Rien de surprenant dans l'absolu étant donné le caractère plus répétitif, moins jazzy, des nouveaux morceaux. En revanche ça fragilise l'impact visuel du concert, Nils et Raphaël aux claviers se retrouvant à plusieurs reprises les bras ballants. Des bruits de vagues viennent clôturer le morceau. Suit "Tears of Juice" dans lequel Le Vasco joue avec les remarquables ruptures de rythmes qui lui sont propres. Les sons sont étonnants, lourds et cotonneux à la fois. Reste que les vocaux sont beaucoup trop tunés à notre goût. En arrière plan les SMS commencent à prendre l'allure d'un site de rencontres. Comme quoi, quelque soit la technologie proposée, chacun cherche l'autre. "Easy Online" poursuit dans l'ambiance éthérée. Dans la fosse, deux filles éméchées parlent devant nous de leurs courbes respectives. La musique est si calme que nous ne perdons pas une miette de cette instructive conversation. L'auto-tune nous perturbe toujours autant, gâchant une pourtant fort agréable montée en puissance, un passage tout en tension et en retenue avec la répétition entêtante du refrain. Un SMS en fond de scène nous informe : "Si vous faites bien attention, vous remarquerez qu'il y a un groupe sur scène". Nous admettons bien volontiers que l'ambiance ouatée des nouveaux morceaux présente des limites quand il s'agit d'établir une connivence avec le public. L'interaction reste limitée aux rares interventions de Louise (toujours en auto-tune, c'est le concept de la soirée). Le Vasco conclut avec un dernier titre, toujours dans la même ambiance feutrée. Les hormones sont en furie dans la salle si l'on se fie aux SMS envoyés et affichés en fond de scène ("je trouve le barman trop mimi" ou autre "je regarde une fille au balcon depuis le début du show"). Le concert se termine aussi calmement qu'il a commencé. Il faut se résoudre à constater que nous nous sommes ennuyés. Le caractère douillet des nouveaux morceaux est propice à une écoute dans un canapé, un pouf moelleux ou sur un matelas. En concert c'est une toute autre histoire. Explorateurs dans l'âme, les musiciens de Le Vasco ont cherché à questionner la frontière entre le très humain (l'approche est d'une sincérité évidente) et le très artificiel. Le Vasco a expérimenté jusqu'où il pouvait dénerver sa musique. A notre sens la limite a été franchie. Dans l'univers proposé ce soir, l'humain post-internet manque de sueur, de larme, de sang et autres fluides corporels propres aux salles de concert. Nous attendons la suite.
Le Vasco joue aux Primeurs de Massy.
Les Primeurs de Massy est le nom d'un festival qui programme des artistes émergents. Le mot d'ordre est à la découverte musicale de sonorités actuelles. Le festival est organisé par Paul B, un lieu culturel dynamique qui dispose de deux salles.
Le festival dure du 26 au 29 octobre. Nous nous y rendons le dernier soir, attirés par la présence à l'affiche de Le Vasco.
En attendant Le Vasco, nous allons assister au concert de Grand Blanc. Le groupe joue de la disco noire (dixit le chanteur guitariste). Nous avons l'impression d'assister à une caricature de rock sombre et dépressif. Nous quittons la salle après trois morceaux.
Les fauteuils de l'immense bar nous accueillent confortablement. Pour la durée du festival, l'atelier YokYok a imaginé et construit d'immenses tentures réalisées en laine (ici). Paul B pourrait garder cette installation plus longtemps tant elle est jolie.
Le Vasco c'est notre gros coup de coeur de ces dernières années. Nous les avons vus neuf fois entre 2013 et 2015. Des musiciens audacieux, inventifs, sincères. Une musique sombre, brutale, aérienne et envoûtante. Des prestations époustouflantes, surprenantes, enjouées, euphorisantes. Leur EP éponyme de 2013 est un joyau. Leur mixtape "Passion Things" de 2014 est une tuerie. Depuis le quintette est devenu quatuor, le saxophone soprano étant parti vers d'autres aventures. Un premier album est prévu. Le Vasco dévoile depuis quelques semaines les morceaux au compte-goutte. Il accompagne chaque morceau de vidéos faites maison (ambiance débrouille garantie). La volonté affichée est de proposer un voyage à la fois sonore et visuel. Le Vasco vient de sortir l'EP "We're Not Natural Anymore :'(". Le groupe présente les nouveaux morceaux comme un voyage artistique entre le réel et internet. L'abondance de voix de robots sur ces trois titres a refroidi notre ardeur. Il reste à découvrir comment Le Vasco va gérer ces nouvelles sonorités en concert.
En fond de scène un immense écran nous invite à envoyer des messages à un numéro de portable. Les messages sont alors diffusés en temps réel sur l'écran. Des samples vocaux accompagnent le début du concert de Le Vasco, en forme de consignes de vol. Le groupe est noyé dans une lumière bleue. Une ambiance visuelle neutre qui ne variera pas de tout le concert. Deux drapés avec un motif de colonne antique encadrent les musiciens. Le premier morceau, "Neon Blue", nous installe d'emblée dans le son du nouvel EP. Les sonorités sont numériques, les basses sont puissantes. Le Vasco propose un univers sonore synthétique aux contours évanescents. La recherche sur le traitement de la voix a abouti à atténuer la superbe voix de Louise. Sa force émotionnelle est amoindrie par l'auto-tune. Le second morceau offre de belles envolées de Baptiste à la guitare, ajoutant de la chair et du nerf aux rythmes mécaniques. Le troisième morceau démarre avec un sample de bruit d'eau. Le Vasco nous donne l'impression d'utiliser de nombreux sons pré-enregistrés. Rien de surprenant dans l'absolu étant donné le caractère plus répétitif, moins jazzy, des nouveaux morceaux. En revanche ça fragilise l'impact visuel du concert, Nils et Raphaël aux claviers se retrouvant à plusieurs reprises les bras ballants. Des bruits de vagues viennent clôturer le morceau. Suit "Tears of Juice" dans lequel Le Vasco joue avec les remarquables ruptures de rythmes qui lui sont propres. Les sons sont étonnants, lourds et cotonneux à la fois. Reste que les vocaux sont beaucoup trop tunés à notre goût. En arrière plan les SMS commencent à prendre l'allure d'un site de rencontres. Comme quoi, quelque soit la technologie proposée, chacun cherche l'autre. "Easy Online" poursuit dans l'ambiance éthérée. Dans la fosse, deux filles éméchées parlent devant nous de leurs courbes respectives. La musique est si calme que nous ne perdons pas une miette de cette instructive conversation. L'auto-tune nous perturbe toujours autant, gâchant une pourtant fort agréable montée en puissance, un passage tout en tension et en retenue avec la répétition entêtante du refrain. Un SMS en fond de scène nous informe : "Si vous faites bien attention, vous remarquerez qu'il y a un groupe sur scène". Nous admettons bien volontiers que l'ambiance ouatée des nouveaux morceaux présente des limites quand il s'agit d'établir une connivence avec le public. L'interaction reste limitée aux rares interventions de Louise (toujours en auto-tune, c'est le concept de la soirée). Le Vasco conclut avec un dernier titre, toujours dans la même ambiance feutrée. Les hormones sont en furie dans la salle si l'on se fie aux SMS envoyés et affichés en fond de scène ("je trouve le barman trop mimi" ou autre "je regarde une fille au balcon depuis le début du show"). Le concert se termine aussi calmement qu'il a commencé. Il faut se résoudre à constater que nous nous sommes ennuyés. Le caractère douillet des nouveaux morceaux est propice à une écoute dans un canapé, un pouf moelleux ou sur un matelas. En concert c'est une toute autre histoire. Explorateurs dans l'âme, les musiciens de Le Vasco ont cherché à questionner la frontière entre le très humain (l'approche est d'une sincérité évidente) et le très artificiel. Le Vasco a expérimenté jusqu'où il pouvait dénerver sa musique. A notre sens la limite a été franchie. Dans l'univers proposé ce soir, l'humain post-internet manque de sueur, de larme, de sang et autres fluides corporels propres aux salles de concert. Nous attendons la suite.
Setlist :
- Neon Blue
- Titre inconnu
- Titre inconnu
- Tears of Juice
- Easy Online
- Titre inconnu
Le Vasco - Primeurs de Massy - Paul B - 29/10/2016 - Compte-rendu de concert
Reviewed by Concerts expos by Pat
on
novembre 04, 2016
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