Pavlov's Dog - Pablo et Sarah - Le Forum - Vauréal - 21/05/2016 - Compte-rendu de concert - Concert review
Pavlov's Dog joue pour la première fois en France
"Dite aux oiseaux de ne pas indiquer quel chemin je prends
Dite aux feuilles d'essayer de cacher ma piste
Nous leur offrirons de l'or
Car l'or n'est rien de spécial
Dite leur à tous d'essayer de cacher le chemin
Et un jour bientôt
Nous verrons bien où nous allons
Et un jour bientôt
Nous trouverons notre voie"
Pavlov's Dog - Theme from Subway Sue - 1975
Pablo et Sarah : When I'm on, when I'm on my way
Deux jeunes personnes montent sur scène. Sarah Amiot est à la voix et Pablo Roquefort à la guitare. Le duo commence avec un morceau lent, envoûtant, avec guitare acoustique épurée et voix lancinante comme une douleur à l'âme. Le morceau "Usher's Garden" est basé sur la nouvelle "La Chute de la maison Usher" d'Edgar Allan Poe. Un charme tout aussi vénéneux que les sombres visions de l'écrivain. Le public suit et applaudit chaleureusement. La reprise du "Black Bird" des Beatles vient égayer l'ambiance. Sarah alterne les aigus et les graves avec souplesse. Loin de s'arrêter à utiliser son fort agréable grain de voix, la jeune femme sort des sons de percussions de son gosier. Ou comment faire de la pop avec des racines jazz. Sur la reprise de "The Wind cries Mary" de Jimi Hendrix, Sarah utilise sa voix comme un instrument à part entière, explorant des rythmes, variant les timbres. Pablo superpose les textures sonores à grand renfort d'effet et de boucles. Les boucles sonores sont également appliquées à la voix pour ajouter des choeurs. Le public apprécie. Sarah est dorénavant tout sourire et invite le public à chanter. Nous participons un peu timidement. En tout cas l'initiative de nous faire participer est chaleureuse. Le duo conclut un set très vivant par une reprise du "Kashmir" de Led Zeppelin. En étant deux sur scène il faut du cran pour s'attaquer à un tel monument. Sarah fait des prouesses avec sa voix, chantant les paroles tout en scandant le rythme et en improvisant des lignes mélodiques. Pablo se déchaine sur sa guitare. Entre respect et exploration, le duo trouve le ton juste et fait passer l'émotion. Une fois bien en place, Sarah ose même aller chercher la puissance vocale apte à faire décoller cette reprise vers les cimes attendues ("When I see, when I see the way, you stay"). Ces deux là se sont rencontrés au sein du département jazz du Conservatoire de Cergy. Ils ont pris le parti ce soir de privilégier des improvisations sur une base résolument pop rock. Pari gagné. Un duo qui transpire l'authenticité dans la démarche.
Setlist Pablo et Sarah :
- Usher's Garden
- Black Bird (reprise The Beatles)
- The Wind Cries Mary (reprise Jimi Hendrix)
- Kashmir (reprise Led Zeppelin)
Pavlov's Dog : décocher une flèche par-delà le soleil
Quarante ans après la sortie du mythique premier album en 1975, Pavlov's Dog est en concert en France pour la première fois. Le seul rescapé ce soir de la formation d'origine est le chanteur David Surkamp. Les autres membres du groupe sont soit absent soit décédé. Peut-on assister à un concert de Pavlov's Dog avec un seul de ses membres d'origine ? La réponse est oui, mille fois oui. D'abord parce que David Surkamp est non seulement le chanteur du groupe, avec sa voix si particulière, mais en est également la moelle épinière. David a écrit six des neuf morceaux du séminal premier album "Pampered Menial" et la quasi intégralité de la suite des aventures du groupe. Ensuite parce que les musiciens qui forment la version actuelle du groupe Pavlov's Dog sont impeccables. Mais je m'avance. Place au concert.
Le premier plaisir est de voir un groupe avec sept musiciens sur scène. Trois guitares, un violon, un clavier plus une rythmique basse/batterie. De quoi ravir les oreilles. Le second plaisir est de voir trois femmes dans un groupe de rock. C'est assez rare pour être souligné. Le concert commence avec "Echo and Boo", un extrait de l'album éponyme du groupe en 2010. Ou comment annoncer d'emblée que Pavlov's Dog ne joue pas sur la renommée de ses deux premiers albums mais continue à écrire de la musique. Retour aux sources dans la foulée avec "Late November" et "Fast Gun", deux extraits du premier album. La magie opère. Les musiciens font briller ces vieilles pépites avec respect et énergie. David Surkamp nous salue alors au nom du groupe, visiblement heureux d'être enfin de passage en France.
David annonce le morceau "Crying Forever", un morceau qu'il a écrit pour le groupe Savoy Brown. Il évoque non sans émotion son amitié avec Kim (Simmonds, leader du groupe). La voix de David n'étant pas adaptée pour chanter le blues, c'est sa femme Sara qui chante ce morceau. Sara chante avec une voix grave fort agréable. Le groupe enchaîne sur le poignant morceau "We All Die Alone" (nous mourons tous seul) issu de l'album "Echo and Boo" de 2010. Avant le morceau, David nous dit que ces quarante ans de musique sont passées vite. Il nous dit à quel point il est heureux d'avoir pu faire partager sa musique et de jouer ce soir avec d'aussi talentueux musiciens Il présente les musiciens : Sara Surkamp à la guitare et aux vocaux, Manfred Plötz à la batterie, Nathan Jatcko aux claviers, Abbie Steiling au violon, mandoline et choeurs, Amanda McCoy à la guitare et choeurs et Rick Steiling à la basse.
Le groupe joue ensuite le morceau "Preludin" de 1975. C'est un des rares morceaux non écrit par David. C'est le violoniste de l'époque, Sigfried Carver, qui l'avait composé. David salue la mémoire de Sigfried, qui a été le premier membre de la formation d'origine à mourir (en 2009). Le deuxième membre de la formation d'origine à mourir fût Doug Rayburn (en 2012). Avant de disparaître, Doug avait composé un morceau avec David mais il n'avait pas eu le temps d'être enregistré sur disque. C'est avec émotion que David annonce ce morceau sur scène ce soir. "Canadian Rain" figure sur le double album live "House Broken", album tout juste sorti et disponible uniquement à la vente pour l'instant sur la présente tournée. Le morceau s'avère être une très belle plage de rock progressif. Les musiciens sont épatants. Abbie Steiling au violon assure le cachet du groupe (Pavlov's Dog est "un mur sonore de violon" aurait déclaré à l'époque le fondateur Mike Safron). La guitariste Amanda McCoy est enjouée et inventive. Retour vers le passé avec "Standing Here With You (Megan’s Song)", un extrait du deuxième album "At the Sound of the Bell" de 1976. Avec une rare aptitude à mélanger les époques, David Surkamp propose ensuite "Wrong", extrait de son album solo de 2007 ("Dancing On The Edge Of A Teacup"). "Gold Nuggets" est ornementé d'un épatant dialogue entre guitare et violon. Suit "Try To Hang On". Ces deux titres nous rappellent que Pavlov's Dog avait tenter d'adoucir les aspects progressifs de sa musique dans le deuxième album.
"One Of These Days" est issu de l'album solo de David datant de 2007. "Walk Away" est une belle surprise dans cette soirée qui n'en manque pas. Le morceau a été écrit pour le groupe Hi-Fi (sur l'album "Moods for Mallard" en 1983), groupe formé par David Surkamp avec Iain Matthews après la séparation de Pavlov's Dog en 1977. Car oui la formation d'origine de Pavlov's Dog a explosé en 1977. Après des années de route, les membres épuisés se retrouvent en 1977 face à des problèmes d'égo insurmontables. L'usage de substances chimiques n'aide en rien à calmer les conflits. David Surkamp plonge à l'époque dans la dépression mais réussit in extremis à écrire de nouveaux morceaux pour un troisième album. Trop tard, Pavlov's Dog vient d'exploser en plein vol. La maison de disque jette l'éponge. L'album ne sort que sous forme de copies pirates au son déplorable (sous le titre "The Hounds" ou "Third album"). C'est grâce à la passion de la maison de disque Rockville que l'album est enfin édité de manière officielle en 2007 sous le titre "Has Anyone Here Seen Siegfried?". En 2013 la découverte du master original permet d'éditer une version avec un meilleur son, de quoi apprécier les morceaux à leur juste valeur. Comme ce magnifique "Only You", pure merveille musicale et régal d'émotion. Un des grands moments du concert. David Surkamp a tenté une première fois de faire revivre Pavlov's Dog en 1990. Avec la complicité de Doug Rayburn (et de Scorfina), Pavlov's Dog sort à l'époque l'album "Lost in America". Aucun extrait n'en est proposé ce soir. Il faudra attendre 2004 pour que les membres d'origine jouent un concert ensemble (sans Sigfried). En 2005 les fondateurs David Surkamp et Mike Safron reforment le groupe pour de bon et partent en tournée. Depuis lors le line-up a évolué jusqu'aux musiciens présents ce soir. Une histoire d'envie je vous dis. L'histoire d'une vie. L'émotion dégagée par la musique est confirmée par le récent "I Don't Do So Good Without You" de 2010, qui est agrémenté d'un dialogue endiablé entre claviers et violon. Pavlov's Dog joue ensuite le magnifique "Episode", épatant joyau de 1975, avec ses paroles enflammées et romantiques ("Si tu veux il t'apportera des pantoufles ou décochera une flèche par-delà le soleil"). David, très en verve ce soir, s'amuse à nous narrer qu'il a écrit les paroles à dix-sept ans sous le couvercle d'une boîte à chaussures appartenant à la mère d'un ami, faute d'avoir ce jour là du papier sous la main. Je trouve fort agréable la facilité avec laquelle David Surkamp nous promène dans le temps, piochant dans quarante années de création. Cela prouve que les morceaux écrits il y a quarante ans ont merveilleusement bien tenus l'épreuve du temps. C'est de la très bonne musique et la très bonne musique est intemporelle. Qui plus est la musique du groupe a conservé son originalité. La soirée continue avec "Did You See Him Cry" issu du deuxième album, avec ses nombreux passages typés rock progressif et un élan tragique remarquable. Une superbe prestation, enchaînée avec l'explosif "Song Dance" de 1975 (écrit par Mike Safron, le batteur fondateur). Sur le puissant "Valkerie" de 1976, le groupe nous invite à chanter le refrain lancinant. Le public n'a cependant pas très envie de chanter (ça arrive) et suit timidement, sauf votre serviteur qui s'époumone ("Bring back the good old days / Ramenez les jours heureux"). A la fin du morceau, David remercie chaleureusement l'audience et souligne son envie de revenir bientôt en France. Pavlov's Dog quitte la scène. Le public en redemande avec chaleur.
David revient sur scène. Il commence à la guitare acoustique, bientôt rejoint par le violon émouvant d'Abbie. Sara vient chanter en duo le magnifique "Angel’s Twilight Jump", qui constitue un autre intense moment émotionnel du concert (décidément l'album "Echo and Boo" de 2010 est un très beau cru). C'est le moment de conclure le concert en revenant aux sources, avec deux morceaux issus de "Pampered Menial". David nous explique que Sigfried ne comprenait pas les paroles que chantaient David. Ainsi Sigfried avait compris "Subway Sue" (Métro Suzanne !) au lieu de "Someday Soon" (un jour bientôt). Le titre de la chanson en a été modifié à jamais en "Theme From Subway Sue". Sur ce morceau très enlevé Pavlov's Dog nous offre un magnifique duel de guitares entre David et Amanda, bientôt rejoints par le violon d'Abbie. Un régal. Le groupe est sincère, profondément honnête dans sa démarche, heureux d'être ensemble sur scène. Il me vient à l'esprit que ces artistes sont de belles personnes humainement. Mon petit doigt me dit que l'aventure n'est pas finie, que le plaisir de jouer est si palpable que ces musiciens vont composer bientôt de nouveaux morceaux. Qui vivra verra. Le groupe conclue deux heures de concert, qui sont passées comme un charme, par le superbe "Julia".
Un concert magnifique, chaleureux et émouvant.
Setlist Pavlov’s Dog :
- Echo and Boo (album Echo and Boo – 2010)
- Late November (album Pampered Menial – 1975)
- Fast Gun (album Pampered Menial – 1975)
- Crying Forever (un morceau de Savoy Brown écrit par David)
- We All Die Alone (album Echo and Boo – 2010)
- Preludin (album Pampered Menial – 1975)
- Canadian Rain (Live album House Broken – 2016)
- Standing Here With You (Megan’s Song) (album At the Sound of the Bell -1976)
- Wrong (David Surkamp – Dancing On The Edge Of A Teacup – 2007)
- Gold Nuggets (album At the Sound of the Bell -1976)
- Try To Hang On (album At the Sound of the Bell - 1976)
- One Of These Days (David Surkamp – Dancing On The Edge Of A Teacup – 2007)
- Walk Away (Hi-Fi – Moods for Mallard – 1983- David Surkamp avec Iain Matthews)
- Only You (album Has Anyone Here Seen Siegfried ? – 1977 / 2007)
- I Don't Do So Good Without You (album Echo and Boo – 2010)
- Episode (album Pampered Menial – 1975)
- Did You See Him Cry (album At the Sound of the Bell -1976)
- Song Dance (album Pampered Menial – 1975)
- Valkerie (album At the Sound of the Bell -1976)
- Angel’s Twilight Jump (album Echo and Boo – 2010)
- Theme From Subway Sue (album Pampered Menial – 1975)
- Julia (album Pampered Menial – 1975)
Pavlov's Dog - Pablo et Sarah - Le Forum - Vauréal - 21/05/2016 - Compte-rendu de concert - Concert review
Reviewed by Concerts expos by Pat
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mai 27, 2016
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