Anselm Kiefer - du 16/12/15 au 18/04/16 - Centre Pompidou - Paris - Compte-rendu de visite

AUCUN PAYSAGE N'EST INNOCENT
Le Centre Pompidou consacre une exposition à Anselm Kiefer

De nombreuse oeuvres de l'artiste plasticien Anselm Kiefer sont exposées au Centre Pompidou. Anselm Kiefer adore les toiles gigantesques et les installations démesurées. Chaque salle de l'exposition propose, écrite sur un mur, une analyse de l'oeuvre et de son évolution. L'analyse est clairement exposée en termes simples. C'est fort agréable car les oeuvres nécessitent à l'évidence quelques explications quant à leur contexte et leur propos. Le non-initié aurait bien du mal à deviner seul les enjeux abordés par l'auteur. Anselm Kiefer questionne le rapport qu'a l'Allemagne contemporaine avec l'héritage de la période national-socialiste.

Voilà pour l'intention. Maintenant quel est le résultat ? Représentation répétée du salut nazi. Champs de terre noircie. Mythologie wagnérienne. Livres brûlés. Kabbale. Machine à écrire couverte de cendres. Ce qui frappe c'est la noirceur des toiles. Ou plutôt leur grisaille. Tout est pâle, blême, terne. Entre amoncellement de gouache, usage de la paille et de plaques de plomb, la fadeur l'emporte. Aucune émotion ne jaillit de ces oeuvres blafardes. Face à ces mornes visions, le coeur n'a rien à ressentir, l'âme reste sans élan. Or l'art est émotion pour votre serviteur. Ici tout est comme éteint.

Le regard est cependant attiré par des livres brûlés ou par des objets calcinés. Comme l'on est captivé par la texture des cendres froides dans l'âtre au petit matin. Les éléments les plus accrocheurs de l'exposition sont au final ceux qu'on a déjà vus.

L'installation monumentale dans le hall du Centre Pompidou permet de se mouvoir à l'intérieur même d'une oeuvre d'Anselm Kiefer. Pour le même résultat, au delà du spectaculaire, au delà du discours, tout n'est que médiocre absence de transport ou de trouble. L'Histoire est utilisée ici sans grande inventivité et, pire, sans émotion au regard des douleurs invoquées.