Amenra - Treha Sektori - La Maroquinerie - Paris - 13/04/2014 - Compte-rendu de concert - Concert review

LA PESANTEUR ET LA GRACE
Amenra à la Maroquinerie. Un bel écrin pour une expérience intense.

Treha Sektori : gravité
Treha Sektori c'est le groupe d'un seul homme, le graphiste/musicien parisien Dehn Sora. Seul sur scène, Dehn Sora joue une longue pièce de dark ambient. Une vidéo est projetée sur la scène, avec des visions d'une même scène sous différents angles de vue (un homme se hisse lentement en s'extirpant d'une boue noire). La musique est au diapason, répétant un motif lancinant qui invite au voyage intérieur. Les textures atmosphériques.sont sombres et la tension est permanente (intensité du son, chuchotements, percussions). Je vais jusqu'au bout du voyage mystique proposé mais pour ma part le chemin aurait gagné à être un peu plus court. La répétition des images ésotériques a nuit à ma concentration vers la fin de la performance.

Voici "Ah Estereh Komh Derah". La vidéo est réalisée par William Lacalmontie :


Amenra : denses émotions
Les cinq belges du groupe Amenra arrivent sur scène. D'entrée de jeu le son est massif. Tous les instruments sont parfaitement différenciés dans le mixage, ce qui augmente encore la force d'impact de la musique. Bravo à Hein Devos à la console, qui assure une cohésion sonore en tout point remarquable. Amenra c'est un volume sonore compact qui s'abat sur vous. Une lourde chape de plomb qui vous paralyse les neurones tout en activant vos nerfs. Votre corps tangue à la lourde cadence imposée par la rythmique implacable. La pesanteur des riffs s'allie à une grande richesse des motifs joués. Les musiciens sont tout à leur concentration et génère un volume sonore d'une densité et d'une compacité épatantes. Amenra fait preuve d'une remarquable concision dans l'exécution des morceaux. Pour accentuer le plaisir auditif, les ambiances sont changeantes, avec des transitions parfois véhémentes, parfois toute en continuité, toujours captivantes.

Aucune lumière sur scène, ou très peu, les musiciens sont éclairés par la projection de superbes vidéos en noir et blanc (des bords de mer, des forêts, des paysages soulevés par des explosions). Nulle parole n'est échangé avec le public, le chanteur se tient dos à la salle durant la majorité du concert. Cette attitude atypique ne gêne en rien la communion avec le public. Amenra déclenche quelques moments de fureur pendant lesquels la fosse ondule et vacille. C'est un spectacle visuel réjouissant que de voir les silhouettes des membres du groupe se dessiner au dessus des oscillations tumultueuses de la foule.

La musique du groupe peut sembler extrême au premier abord. La sensation est exacerbée par le chant cru et vif, très soutenu. La sombre violence apparente du propos dévoile dans un deuxième temps un message plus nuancé. Derrière l'intensité, on ressent la passion et l'ardeur. La force du chant scandé, loin de nous écraser, est toute en amplitude et en puissance. La douleur et la souffrance sont exprimées avec une telle véhémence qu'une sensation de sublime nous envahit. L'intensité de la musique augmente l'acuité des sensations, amplifie la brillance des images dans nos esprits. Plus la musique plonge dans les profondeurs, plus elle renforce la vivacité de la lumière qui brille dans les ténèbres. A la fin du concert, l'image projetée sur toute la scène est celle d'une cathédrale en ruine.
La sortie de scène est radicale. Abrupte. Sans un mot. Définitive.
Nul besoin de rappel.
Un concert splendide, sensible et flamboyant.

Setlist :

1. Your shapeless pain
2. Razoreater
3. A mon âme
4. Boden
5. Terziele
6. Nowena I 9.10
7. Am kreuz
8. Silver needle.golden nail

Voici le morceau "Razoreater", filmé ce soir là (merci à Miscere) :

Nota : à l'affiche ce soir il y avait deux autres groupes du collectif Church of Ra, Hessian et Oathbreaker, que je n'ai pas vus.