Amanda Palmer and The Grand Theft Orchestra - La Maroquinerie - Paris - 02/11/2012 - Compte-rendu de concert - Concert review

CULOTTEE

Amanda Fucking Palmer joue ce soir à Paris avec son groupe, The Grand Theft Orchestra. Pas de chance, Amanda a une extinction de voix. Elle décide d’assurer tout de même le spectacle.

Amanda Voiceless Palmer
La date de ce soir affiche complet depuis de nombreuses semaines. Amanda Palmer à Paris, c’est rare (le dernier passage c’était avec Evelyn Evelyn en avril 2010). Le spectacle a lieu dans la magnifique salle de la Maroquinerie (impeccable pour un show intense et intime).

J’arrive trop tard pour voir la première partie (Jherek Bischoff à la basse) mais je ne loupe pas la deuxième première partie. C’est Amanda Palmer qui vient sur scène nous présenter le groupe, nommé « The Simple Pleasure ». Et là c’est le choc ! Enfin, c’est un choc pour moi en tout cas. Je semble en effet être un des seuls dans la salle à ne pas avoir consulté Twitter cet après-midi : Amanda Palmer est malade et n’a quasiment plus de voix ! Elle présente le groupe via un texte écrit sur de grandes pancartes en carton.

The Simple Pleasure
Le groupe est composé de Chad Raines, au chant et à la guitare, de Champagne Sequins au synthé, de Jessie England au déhanché et au synthé et de Jherek Bischoff à la basse. Le groupe joue une pop vitaminée, énergique, sexy, colorée, lumineuse, androgyne, qui appelle à danser. Sympa.

 

Que le spectacle continue
Amanda Palmer nous fait attendre une grosse demi-heure. Je suppose qu’il lui faut du temps pour écrire les paroles des chansons au feutre noir sur de grands cartons (en anglais et en français s’il vous plaît). Du temps aussi pour prendre un gros cocktail whisky/stéroïdes pour tenter de retrouver (un peu) sa voix. Le groupe The Grand Theft Orchestra entre en scène. On retrouve des membres de The Simple Pleasure et on accueille Michael McQuilken à la batterie et Amanda au piano. Le groupe est accompagné par une section de cordes et de cuivres, recrutée sur le web cette semaine. Amanda, avec une voix très ténue, nous demande de chanter à sa place en faisant défiler les paroles sur des cartons. Les musiciens sont baignés dans la lumière de photographies (envoyées par les fans) projetées sur la scène comme sur un écran.

A ce stade l’envie de partir me taraude un instant. J’ai en effet du mal à imaginer quel plaisir je vais prendre en assistant à un concert de cette immense chanteuse sans sa voix, sans sa puissance, sans son émotion, sans ses dérapages, sans sa déchirante mélancolie, sans ses éclats de rire.

Bref il manque la voix sur ce premier morceau du concert. Je me concentre donc sur la musique. Comme sur le nouveau CD, « Theatre is Evil », le groupe joue un rock très orchestré, volontiers saturé, privilégiant les ambiances sautillantes. A mon sens il manque ce soir la puissance de la voix d’Amanda Palmer pour faire vraiment décoller les morceaux. Ça doit être sacrément percutant quand Amanda Palmer peut donner toute sa voix et son enthousiasme. La suite de la soirée va me prouver que la jeune femme a de la ressource dans l’adversité.

Theatre is Live
Amanda Palmer va réussir à assurer la soirée avec tous les moyens possibles : Chad Raines la seconde parfois pour les aigus, elle fait chanter le public sur les morceaux les plus exigeants, elle se réserve des morceaux que sa voix peut couvrir ce soir. Les autres membres du groupe se permettent même de se moquer gentiment d’Amanda. En effet, lorsqu’elle leur demande de présenter le dernier album à sa place, les membres du groupe présentent l’album d’une voix aphone, rendant leurs paroles incompréhensibles.

Très culottée, Amanda Voiceless Palmer demande à deux volontaires dans le public de venir chanter successivement deux chansons de leur choix. Ce sont deux femmes, Anne et Alex, qui chantent ainsi successivement sur scène, lors d’un moment magique. Il faut dire que le public encourage chaleureusement les deux jeunes femmes, tout comme il seconde Amanda depuis le début du concert. Le contact avec le public est alors définitivement effectué et Amanda, toute à sa joie, va retrouver une belle partie de sa voix le temps de quelques morceaux. La confiance est acquise et Amanda vient alors au contact de la foule, touchant les mains et descendant danser dans la fosse. La belle s’habille ensuite d’une veste prolongée d’un immense voile et se jette à plat ventre sur les bras des spectateurs des premiers rangs. Des centaines de mains portent alors Amanda autour de la salle, pendant qu’elle chante. Je suis sur le parcours de la belle et je porte successivement son flanc, son bassin et toute sa jambe gauche. Je vois passer sa botte au dessus de moi. I’ve touched a Rockstar. Fin du passage fétichiste. 

Human Karaoke Machine
Amanda Fucking Palmer a réussi son pari : faire un concert sans pouvoir chanter (ou en tous cas sans pouvoir donner toute la puissance de sa voix).
Pour clôturer la soirée, le groupe se fend d’un rappel en traversant la foule et les membres viennent se placer juste à côté de moi (j’ai bien fait de me mettre devant la console !). Le rappel est a cappella. Nous, le public, sommes chargés de chanter et frapper le rythme tandis qu’Amanda tente de faire entendre sa voix via un porte-voix. La bonne humeur l’emporte. Malgré quelques flottements, bien compréhensibles compte tenu des circonstances, l’enthousiasme sur scène et dans la salle ont réussi à sauver une soirée qui aurait pu être chaotique.
Amanda Fucking Palmer ou l’art d’assurer le spectacle, même malade, fatiguée et sans voix pendant une grande partie de la soirée.

* Setlist :

1. A Grand Theft Intermission
2. Smile (Pictures or It Didn't Happen)
3. The Killing Type
4. Missed Me ("The Dresden Dolls" cover)
5. Want It Back
6. Astronaut
7. Grown Man Cry
8. MAGICFUTUREBOX ("The Few Moments" cover)
9. Sing ("The Dresden Dolls" cover) - Chanté par Anne C.
10. In My Mind ("Amanda Palmer" cover) - Chanté par Alex
11. The Bed Song
12. Bottomfeeder
13. Leeds United

Encore:

1. Want It Back