Blue Öyster Cult - Olympia - Paris - 6 septembre 2009 - Compte-rendu de concert - Concert review

Soirée métal à l’Olympia. Uriah Heep + Blue Öyster Cult. Uriah Heep assure 1h30 de première partie. Un show magnifique proche de la perfection. Mais ceci est un autre live report que je vous laisse consulter par ailleurs.
Je me consacre ici au live report du show du Blue Öyster Cult.

Le public est âgé ce soir. De 40 ans à une bonne soixantaine bien tapée. Quelques trentenaires éparses. Très peu. Avec leur papa. Pas de petits jeunes venus seuls. A l’entracte entre les 2 groupes je croise Philippe Manœuvre qui fait le beau. C’est vraisemblablement grâce à ce type que je suis là ce soir. Il décrivait les disques du BÖC et leurs prestations scéniques dans Rock & Folk dans les années 70 et me donnait envie de les écouter. Plus tard il a aussi fait leur éloge dans les colonnes de Métal Hurlant. Comment savoir à l’époque à quoi ressemblait leur musique ? Sur les conseils avisés et enflammés de Philippe j’ai fini par acheter les 2 premiers disques en occaz en 1982 (20 francs chacun, l’argent de poche du mois pour les 2). La claque. En 1983 j’ai acheté le double live « Extraterrestrial Live ». Neuf ! 63 francs. La claque. Merci Phil. Merci aussi pour Hawkwind eux aussi achetés en occaz (20 francs le double live) grâce à tes critiques élogieuses. Merci pour m’avoir donné envie de connaître Motörhead en passant un jour la chanson « Capricorn » à la radio. Bon voilà, je reviens au concert de ce soir, la boucle étant bouclée et l’hommage rendu au journaliste.

Les lumières s’éteignent. Une intro se fait entendre avec un light show tournoyant. Plusieurs morceaux du groupe sont mixés dans un rythme un peu fête foraine. Le groupe apparaît. Ovation. Beaucoup de fans ce soir.

C’est parti. Le BÖC attaque avec « The Red and the Black ». Les guitares filent à toute allure. Le narrateur file lui aussi et passe la frontière canadienne. Il note au passage que la police montée canadienne porte un uniforme rouge et noir. Le refrain est simple et entraînant : « It's all right...It's all right, It's all right...It's all right, It's all right...Ah yeah baby knows it's all right”. De l’autre côté de la frontière, dans le froid de la nuit polaire, le narrateur nous explique la situation : « j’ai un fouet dans ma main et une fille ou un Husky au bout de ma lanière de cuir ». Le décor est planté. Le BÖC a des textes souvent étranges, parfois cyniques voire cruels. Un monde à part. Pas de crises existentielles à la Black Sabbath, pas de magiciens à la Uriah Heep, pas de racines blues à la Led Zeppelin.

Tout le monde est debout. Le BÖC a frappé fort dès l’entrée. Ils enchaînent avec « Before The Kiss (A Redcap)”. Le narrateur est dans un bar. Les lèvres des filles s’ouvrent comme les pétales d’une rose. Leurs langues sortent et se rétractent. Image du gin qui luit dans la pénombre. Au milieu de ce morceau très seventies, le BÖC a inséré un bout de rock année 60. Très sympa.

Le groupe est en forme. La croix avec le crochet, symbole du groupe, est projetée en fond de scène. Une croix blanche lumineuse sur le fond noire de la scène, bien au dessus des musiciens. « Burnin' For You ». Je brûle pour toi. Magnifique introduction de guitares. Rythme imparable. Chant magique. « Un foyer dans l'obscurité, un foyer sur la route, un foyer n'est pas ma manière de vivre, un foyer ne le sera jamais. Consume le jour, consume la nuit, je vis pour donner son dû au démon, et je brûle, je brûle, je brûle pour toi. »

Déboule un autre classique du BÖC : « Cities On Flame (With Rock'n'Roll) ». Enorme riff. Le jeu à plusieurs guitares fait merveille. Le chant est hallucinant. Une ode au rock : « mon coeur est noir et mes lèvres sont froides, les cités sont en feu (avec le rock’n’roll). 3000 guitares qui semblent pleurer. Mes oreilles fondront puis ce sera mes yeux. » La cruauté encore.

La particularité du BÖC, au niveau du son, c’est la guitare. Contrairement à nombre de ses contemporains qui jouaient avec une guitare et une basse (Deep Purple, Black Sabbath, Led Zeppelin, The Who, Uriah Heep), BÖC joue avec deux guitares et une basse. Et ça s’entend. Un quatrième compère alterne entre les claviers et une quatrième guitare. Ça aussi ça s’entend. Il ne s’agit pas de faire un mur du son mais bien de construire un son ample, complexe, puissant tout en recherchant de magnifiques harmonies.


Oh une belle chanson d’amour tirée du magnifique avant dernier album « Heaven forbid » : « Harvest Moon ». La lune de la moisson. Excellent riff. Chant magique. Choeurs léchés (comme bien souvent chez BÖC), superbes harmonies. Sauf que malgré les apparences ce n’est pas une chanson d’amour, loin s’en faut : « je perçois dans l’obscurité, je sens une présence ici, (les chœurs chantent : lune de la moissooooon), je sens le Mal en ce lieu, un changement dans le temps qu’il fait, j’entends des bruits effrayants, je ne sors plus la nuit depuis que la plus jeune des filles Bobrow a disparu ».

Une particularité du BÖC c’est la recherche des harmonies vocales. Trois chanteurs alternent (dont Eric Bloom et Buck Dharma, chanteurs/guitaristes fondateurs). Eric Bloom alternent également entre guitare et clavier.

Excellent démarrage de concert. Le groupe est bien en place. Le son excellent. Superbe ambiance.

Le BÖC doit son nom au producteur Sandy Pearlman. En 1960 Sandy avait écrit un poême qui décrivait un groupe d’extraterrestres qui contrôlaient notre destinée. Ce groupe s’appelait le Culte de l’Huître Bleue. Quand des années plus tard Sandy Pearlman produit un groupe de musiciens new yorkais, il leur donne le nom de ce groupe d’extraterrestres et insuffle à leurs premiers textes une ambiance unique, mélange de science fiction, de magie et de violence.

Eric Bloom, l’un des trois chanteurs guitaristes, annonce justement la chanson « The vigil » sur le thème des extraterrestres qui nous observent. « nous tournons en rond, nos jours sont comptés, toutes les nuits je regarde les cieux et je prie. Venez à nous”. Une musique magnifique avec de superbes vocaux et des guitares enchanteresses.

Le BÖC enchaîne sans temps mort sur « Buck's Boogie ». Bon là c’est un instrumental de rock/ boogie endiablé. Une pure tuerie de guitares et de rock’n’roll. Magique. Un grand moment.


Le BÖC enchaîne sur « ME 262 » (nota : l’avion à réaction allemand Messerschmidt de la seconde guerre mondiale). Ce morceau est issu du troisième album du BÖC, en 1974. Cet album clôt la trilogie dite « noire et blanche » du groupe, celles des pochettes noires et blanches (et un peu rouge). Celle des textes les plus cruels. Celles des morceaux les plus heavy. A l’époque, en 3 albums, le BÖC vient de définir les fondations du heavy metal. Délaissant les racines blues du hard rock, le BÖC a « construit » des morceaux d’anthologie sur fond de psychédélisme. BÖC se fiche de l’héritage de Hendrix. BÖC invente, avance. Le son du heavy metal naît certainement à Birmingham avec Black Sabbath. Le BÖC va aider à définir la structure du heavy metal. Là où Black Sabbath ralentit le rythme, BÖC l’accélère. Là où Black Sabbath simplifie, BÖC travaille les harmonies. Là où Led Zeppelin durcit le blues, BÖC s’en éloigne. A mon sens Judas Priest naîtra du mélange de Black Sabbath et de BÖC (et déploira le heavy metal à son tour). Pourquoi dire tout çà ? Parce que ce morceau du BÖC résume à mes yeux cette incroyable époque de recherches qui va déboucher sur le heavy metal. Led Zeppelin avait dit que leur musique serait comme du plomb qui tombe du ciel. Un journaliste avait dit qu’écouter la musique de Hendrix c’est comme écouter du métal lourd tombant du ciel. Alors qui a pu croire que le BÖC est un groupe de nazis lorsqu’ils lancent cet incroyable brûlot de heavy metal (de métal lourd) qu’est « ME262 » ? La messe Heavy Metal est dite : « Goering appelle au téléphone de Fribourg pour dire que Willie a fait du bon boulot, Hitler au téléphone depuis Berlin déclare qu’il va faire de toi une star. Mon capitaine Von Ondine, voici votre prochaine mission : un vol de bombardiers anglais au dessus de la Manche, à midi ils seront là, je pense que vous savez ce qu’il vous reste à faire. Ils sont là suspendus dans le ciel comme un fruit de métal lourd. Est-ce que ces anglais devraient vivre et moi mourir? ME 262 prince des jets. Regardez ces avions anglais brûler. Vous pourrez témoigner combien étaient rouges les cieux quand les forteresses volèrent pour la dernière fois. Il faisait sombre au dessus de la Westphalie en avril 1945 ». Le morceau est une énorme claque. Tout l’album dont il est tiré est d’ailleurs une monstrueuse claque de heavy metal. Les thèmes de dominance et de soumission sont poussés à fond. Le groupe titre même un morceau « sous homme ». Nazisme vraiment ? En fait simple provocation de la part de ces juifs new yorkais. Gainsbourg ne chante-t-il pas à la même époque « Rock around the bunker » ? Le BÖC clôt sa trilogie vénéneuse avec une force et une inventivité qui force le respect. Un nom magique (Blue Öyster Cult), la création d’une musique puissante ET mélodique, des textes envoûtants, une imagerie incroyable (ce symbole de la croix et du crochet !), une ambiance ésotérique. Le dernier morceau du dernier disque de cette trilogie initiale s’appelle d’ailleurs « Astronomy ». Metallica le reprendra plus tard.

Le BÖC enchaîne sur « Stone Of Love », morceau issu du faible dernier album. Sauf que le morceau est une tuerie en concert. Belle interprétation à nouveau. Magnifiques choeurs. La vache quel show! Superbe choix de morceaux entre les incontournables et les pépites oubliées.

En parlant de pépites, en voici une issue du magnifique album « Cultosaurus Erectus ». Nous sommes en 1980, le BÖC a délaissé le heavy metal des trois premiers albums et fait depuis 1976 dans le hard rock plus grand public. Plein de merveilles mais, bon, quand un groupe a été puissant on réclame sa puissance à nouveau non ? Une partie des fans d’origine râle donc à l’époque (surtout après le très faible album « Mirrors »). Le BÖC embauche alors le producteur Martin Birch qui vient de redonner vie à un Black Sabbath essouflé. Le BÖC va faire lui aussi des étincelles. Entre autres pépites il y a sur l’album ce morceau « Black Blade ». Un morceau parfait ! Intro. Ambiance. Chant. Tout est superbe. Un morceau très construit qui narre le destin d’Elric, le personnage créé par l’écrivain Michael Moorcock. Elric est sous l’emprise de l’entité maléfique qui est emprisonnée dans son épée, la Lame Noire. Elric, albinos à la santé fragile, doit abreuver de sang la lame de l’épée pour se ressourcer. Les paroles sont excellentes : « J'ai le sentiment que ma chance n'est pas si bonne. Cette épée, ici, a mes cotés ne fait pas exactement ce qu'elle devrait, elle continue à m'appeler son maître, mais je ressemble à son esclave, elle me traîne de plus en plus vite vers une mort précoce. Et elle hurle ! Elle hurle comme l'Enfer! Lame noire ! Lame noire ! Forçant mon esprit à se soumettre ».

Blue Öyster Cult assure ! Il est tant de revenir au premier album, enregistré en octobre 1971. Pour ce premier album, le Blue Öyster Cult a l’idée de mettre un trema au dessus du O de Öyster. Ce trema le bassiste chanteur Lemmy s’en souviendra sans doute 4 ans plus tard lorsqu’il quittera Hawkwind (qui chantait aussi des textes de Michael Moorcock) pour fonder Motörhead.

Sur le premier album il y a une superbe ballade de 3 minutes 30 qui s’appelle « (Then Came) The Last Days Of May ». Lorsque sonne les premières notes dans l’Olympia une partie du public en profite pour s’asseoir. Enfin une ballade. Il va pourtant être difficile de rester assis car la version concert de ce morceau est d’une rare puissance. Buck Dharma chante divinement cette ballade poisseuse « Terre aride, sable du désert, le soleil est torride. Trois bons copains riaient et fumaient à l’arrière d'une Ford louée. Ils ne pouvaient pas savoir qu'ils n’iraient pas loin. Chacun avec assez d'argent dans la poche pour s'acheter une voiture neuve. Ils avaient tout l'argent qu'ils voulaient et espéraient que cet argent les mèneraient loin ». Le troisième guitariste attaque un solo à pleurer, long, magnifique. Quand il s’arrête la foule applaudit à tout rompre sa performance. Buck Dharma poursuit l’histoire des trois voleurs à l’arrière de la Ford : « Le conducteur leur dit : la frontière est proche. La voiture s’arrête soudain au milieu d'un endroit froid et stérile et le conducteur se retourne et répand le sang de trois autres garçons. Savaient-ils qu'un piège leur était tendu ? ». Buck Dharma enchaîne sur son propre solo, beau à pleurer lui aussi. A la fin la foule l’ovationne. Quelle claque. « Ils sont agréables les derniers jours de mai. Je vais respirer de l’air sec ».

Vraiment une excellente prestation.

Un bruit de pas gigantesque retentit. Eric Bloom demande en français : « vous entendez ce bruit ? Qu’est-ce que c’est ? ». La foule hurle : “Godzilla. "Il est grand et vert" (toujours en français). Les guitares rugissent en attaquant ce morceau exceptionnel : « avec une grimace et un son effrayant, il met à terre les fils à haute tension. Il attrape un bus et le jette au sol tandis qu’il se fraye un passage à travers les immeubles jusqu’au centre-ville ». Eric Bloom parle en japonais : « Rinji news o moshiagemasu. Godzilla ga ginza hoomen e mukatte imasu! Daishkyu hinan shite kudasai! ». Le BÖC rendait ainsi hommage en 1977 à la culture cinématographique japonaise, bien avant l’engouement pour les mangas. En 2009 le BÖC incorpore une pause dans le morceau, laissant le batteur et le bassiste improviser quelques rythmiques pendant que le reste du groupe va boire une bière au fond de la scène. Bien méritée la bière. Le nouveau bassiste a joué avec Queen et en profite pour aligner quelques riffs de Queen, sous l’œil très amusé d’Eric Bloom et de Buck Dharma. Un très chouette moment. Le BÖC revient alors finir le morceau Godzilla. Sous les ovations.

C’est l’heure de balancer LE tube, « (Don't Fear) The Reaper ». En 1976 le BÖC revient avec un album adoucit, calmant le jeu après ses 3 premiers disques vénéneux. L’attaque à la gratte est sublime. Le chant. Les chœurs. Tout est parfait. Et ces textes : « Notre tour est venu, les voici maintenant partis, les saisons ne craignent pas la Faucheuse, ni le vent, le soleil ou la pluie. Nous pouvons être comme eux, viens chérie, ne crains pas la Faucheuse. La St Valentin est passée, les voici maintenant partis, Roméo et Juliette, ensembles dans l'éternité. 40 000 hommes et femmes chaque jour. Comme Roméo et Juliette. Nous pouvons être comme eux. Ne craint pas la Faucheuse, baby je suis ton homme. Deux amants ne font qu'un. Les voici maintenant partis ». Magnifique solo de guitare. Le groupe quitte la scène. Ovation. Hurlement . Rappel très bruyant.

Un roadie vient hurler dans le micro : “Mesdames et messieurs, ils sont là, de New York City, sur vos pieds ou à genoux, accueillez l’extraordinaire Culte de l’huître bleue ». Bruit de moteur d’Harley Davidson. Eric Bloom arrive sur scène en chevauchant une Harley. Il en descend, la cale, juste à temps pour chanter une reprise de la chanson légendaire de Steppenwolf, que viennent de lancer les autres membres du groupe : « Born to be wild ». Un retour aux premières sources du heavy metal. « Mets en marche ton moteur, Fonce sur l'autoroute, Cherchant l'aventure et tout ce que nous trouverons sur notre route. Oh chérie fais que ça se produise. Prends le monde dans une étreinte d'amour. Fais feu de tous tes pistolets à la fois et explose dans l'espace. J'aime la fumée et la foudre, le tonnerre du métal lourd (note personnelle : ouiiiii la messe est dite, heavy metal !). Comme un vrai enfant de la nature, nous sommes nés, nés pour être sauvage, nous pouvons grimper si haut, je ne veux jamais mourir. Nés pour être sauvage ».

Ovations. Hurlements. Le groupe quitte la scène. Certains dans le public partent déjà. C’est sans compter sur une foule qui HURLE et TAPE du pied pour obtenir un autre rappel.

Alors qu’ils ont déjà joué près de 2 heures, le BÖC revient pour un ultime rappel. C’est le cultissime « Hot Rails To Hell » du deuxième album. Avec ses guitares incandescentes. Les vocaux sont secs, glacés, presque cruels. C’est le guitariste Richie Castellano qui chante, très bien, le morceau. “Dans le métro, baignant dans la sueur, la chaleur de la journée ne s’est pas dissipée pour la nuit. L’express 1277 pour le Paradis fonce comme de la dynamite et gratte l’acier comme un combat de chiens. Il m’a jeté un sort. J’essaye de sortir mais tu sais très bien que la chaleur ici-bas peut faire exploser tes yeux. Rails chauds pour l’Enfer ». Une excellente version du morceau.

Fin du show. Le BÖC est radieux et distribue les poignées mains aux premiers rangs. Merci les gars. Superbe.

Voilà. J’espère que ça vous a plu.

SETLIST:

1. The Red & the Black
2. Before The Kiss (A Redcap)
3. Burnin' For You
4. Cities On Flame (With Rock'n'Roll)
5. Harvest Moon
6. The Vigil
7. Buck's Boogie
8. ME 262
9. Stone Of Love
10. Black Blade
11. (Then Came) The Last Days Of May
12. Godzilla
13. (Don't Fear) The Reaper
14. Encores: Born To Be Wild
15. Hot Rails To Hell
Blue Öyster Cult - Olympia - Paris - 6 septembre 2009 - Compte-rendu de concert - Concert review Blue Öyster Cult - Olympia - Paris - 6 septembre 2009 - Compte-rendu de concert - Concert review Reviewed by Concerts expos by Pat on septembre 19, 2009 Rating: 5

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