Ozzy Osbourne est mort - 1948 - 2025

Ozzy Osbourne est monté sur scène voici une poignée de jours pour dire au revoir à son public, en jouant des morceaux de sa carrière solo puis en chantant avec le groupe Black Sabbath, dans sa ville natale de Birmingham. L'homme, passionné par la musique et dévoué à son public, a fait un dernier concert, à notre avis très réussi. Une dernière révérence à son public. Puis il s'en est allé. L'homme ne regrettait rien. Il a fait du bien. Il a fait du mal. Il a vécu. 
 
 

Les deux livres autobiographiques d'Ozzy, « I am Ozzy » et sa séquelle « Trust Me, I'm Dr. Ozzy », permettent de mieux cerner une personnalité émotive qui oscille entre des excès et une facette tendre. Le tout raconté avec beaucoup d'humour. Ozzy Osbourne témoigne de ses addictions, dont une consommation sidérante de cocaïne et d'autres substances. Les excès accompagnent le groupe Black Sabbath. En 1972 l'album Vol. 4 est dédié à la cocaïne. En 1974 les membres du groupe ont de la poudre plein les narines lorsque Black Sabbath se produit au California Jam. Les abus précipitent la descente aux enfers. Ozzy, cramé, épuisé, rincé, est évincé de Black Sabbath en 1979. Sharon Arden, la fille du président du label de Black Sabbath, prend en main la carrière solo d'Ozzy et se marie avec lui. 

Back to the beginning. Je vais revenir au début. En 1978. Lorsque j'entends pour la première fois Black Sabbath. Parce que tout ça c'est une histoire de public. Pas de public, pas d'argent, pas de groupe, pas de légende. En 1978 Ozzy est proche de se faire évincer du groupe. Mais je n'en sais rien. Je suis dans la chambre du grand frère de mon copain Etienne et je découvre l'album Paranoid de Black Sabbath dans sa collection de 33 tours. L'intérieur de la pochette double du vinyle me fait grand effet, avec ces quatre sombres chevelus qui posent sur une photo en noir et blanc. Celui de droite, séparé des trois autres sur la photo, me semble être le chanteur. Gagné. Quand le diamant de la platine attaque la première face du vinyle je suis marqué pour toujours. Ce riff lent et lourd, cette basse agile, cette frappe multi-dimensionnelle. Ce chant halluciné. Ce chant geignard et poignant. Ozzy a un timbre très particulier, entre monotonie et folie. Et ça marche, ça marche vraiment. Je plonge la tête la première dans cette musique. 

J'ajoute à mes écoutes les albums du passé, l'éponyme Black Sabbath de 1970, le Master of Reality de 1971, le Vol. 4 de 1972 et le Sabbath Bloody Sabbath de 1973. Le punk, la new wave, le rap bousculent ces trentenaires défoncés qui semblent en panne d'inspiration. C'est mal connaître l'intensité de la passion qui anime ces musiciens. J'écoute avec enchantement les albums d'un Black Sabbath qui ressuscite avec Ronnie James Dio au chant. J'écoute des morceaux des albums solo d'Ozzy Osbourne à la radio (merci tonton Zégut). Je n'ai pas acheté les albums d'Ozzy à l'époque, mon argent de poche allant déjà à la reconstitution de sa carrière avec Black Sabbath et à l'achat des albums avec Ronnie James Dio.

Les frasques d'Ozzy en ce début des années 80 font les délices des magazines spécialisés. Je crois naïvement que la voix en or de Dio va enjoliver les morceaux de Black Sabbath qui étaient chantés à l'origine par Ozzy. Il n'en est rien. Quand Dio reprend les anciens morceaux de Black Sabbath, la théâtralité de sa voix divine peine à restituer la puissance du chant instinctif d'Ozzy.

Ozzy Osbourne et Black Sabbath vont résister. Pas question pour eux d'appartenir à un passé révolu. Si Ozzy fait sa tournée d'adieu en 1992, l'homme s'accroche ensuite et revient sur scène, là où il excelle. De son côté Tony Iommi continue à jouer sous le nom Black Sabbath (ou Heaven and Hell, la faute à des bagarres juridiques). La ténacité va transformer ces musiciens en légende vivante. Les ringards d'un jour sont dorénavant cités en référence par les nouveaux groupes et obtiennent le titre de pionniers du heavy metal. La bagarre d'égo va bientôt s'arrêter. La sobriété relative va permettre à Black Sabbath de se reformer avec des membres originaux (moins le batteur Bill Ward, trop fatigué pour encaisser des tournées).

Je vois enfin Ozzy Osbourne en concert au Hellfest en 2011. L'homme est une bête sur scène. En 2012 Ozzy rejoint Black Sabbath. Le groupe est en tête d'affiche du Hellfest mais doit annuler en raison de la maladie de son guitariste Tony Iommi qui se bat avec un cancer lymphatique. Ozzy Osbourne assure un show écourté avec une mauvaise toux alors que la pluie et le vent s’abattent sur le festival dès le début du show. En décembre 2013 je vois Black Sabbath à Paris. Une excellente prestation. A la fin du concert, Ozzy Osbourne se prosterne devant le public, lançant un vibrant et chaleureux "Thank you, Thank you all, Thank you for coming'". En juin 2014 je vois Black Sabbath, toujours avec Ozzy, une dernière fois. Le chanteur assure le spectacle avec une étonnante sobriété. Cette fois il ne se renverse pas de seau d'eau sur la tête et n'arrose pas les photographes. Son attitude reste cependant toujours aussi dingue avec une étonnante imitation de grenouille à quatre pattes. C'est avec plaisir que je vois les membres du groupe s'échanger de larges sourires sur Iron Man. Le groupe vient nous saluer en bord de scène après le rappel. Un final émouvant.
 
Merci Ozzy.

Voici Black Sabbath avec Children Of The Grave au California Jam en 1974. Ozzy parle au début et à la fin. 

 

Ozzy Osbourne est mort - 1948 - 2025 Ozzy Osbourne est mort - 1948 - 2025 Reviewed by Concerts expos by Pat on juillet 28, 2025 Rating: 5

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