[Expo] Mexica. Des dons et des dieux au Templo Mayor - Musée du Quai Branly-Jacques Chirac - Paris - du 03/04 au 06/10/2024

L'ENCEINTE SACRÉE AUX TÊTES DE SERPENTS
Le musée du quai Branly révèle l’art terrifiant des Mexicas.

 

Cette exposition présente le fruit des recherches conduites depuis 1978 au Templo Mayor, parmi les vestiges de l'enceinte sacrée de l’ancienne cité de Tenochtitlan, découverts sous la ville de Mexico. Tenochtitlan était la capitale de l'empire aztèque ou mexica. Nous nous y rendons. Suivez-nous.

 

La scénographie propose près de 500 œuvres dont plus de 200 offrandes que le peuple mexica offrait à ses divinités. L'étude de ces dons révèle la domination politique, économique et artistique de la société mexica.

L'exposition cherche à faire comprendre le sens des rites et des croyances des Mexicas. C'est une louable intention. Malgré l'abondance d'explications, nous captons une infime partie d'une pensée symbolique et religieuse complexe. Nous observons les oeuvres présentées. Nous voyons des effigies inquiétantes taillées dans des roches volcaniques. L'art est très influencé par les animaux. Partout ce sont aigle, sauterelle, jaguar, papillon, chien, tortue, lapin, singe ainsi que le mythique serpent à plumes.

 

Récipient cémémoniel de l'aigle - Cuauhxicalli, Templo Mayor, 1400-1521

Homme âgé, homme jeune, Mexique, 1325-1521 

 

Brasier, boule de gazon et épines d'agave, Codex Magliabechi 79r 

 

Mictlantecuhtli, le dieu de la mort, Case de las Águilas, Templo Mayor, Mexico, 1469-1486

L'exposition gagne en intensité lorsque nous atteignons la salle consacrée au Templo Mayor (le « Grand Temple »). Une immense découpe au fond de la salle simule la forme de la grande pyramide à degrés de Tenochtitlan, un effet simple et réussi. Dès l'entrée une maquette nous aide à visualiser le centre cérémoniel, l'« Enceinte sacrée » aux têtes de serpents, dans toute l'ampleur de sa quarantaine de bâtiments. L'exposition présente des offrandes exhumées des fouilles actuelles. Ce sont des objets cultuels, des plantes, des squelettes humains, des restes de mammifères et d’oiseaux, des jarres et des pots.

 

Brasero avec divinité de la végétation, Offrande 23, Templo Matoy, 1469-1481  

 

Le Templo Mayor était le lieu du sacrifice humain par cardiectomie. Il s'agit d'extraire le cœur de la cage thoracique à l'aide d'instruments en obsidienne. Devant les autels percés de trous pour laisser couler le raisiné, l’effroi nous gagne lorsque nous effleurons en pensée la violence des cérémonies sacrificielles, le sang versé à flots sur la grande pyramide.

 

Pierre sacrificielle - Chacmool - Centre historique, Mexico - 15e-16e siècle

 

Récipient pour le sang et les coeurs (cuauhxicalli), Mexico, 15e-16e siècle 

Il faut visualiser que ce rituel macabre se déroule dans une cité prospère peuplée de 200 000 habitants. De longues avenues et un important réseau de canaux assurent son dynamisme. A notre sens l'exposition ne montre pas assez la grandeur de la cité de Tenochtitlan.

 

L'arrivée, en 1519, des conquistadors menés par Hernán Cortés scella la fin du règne des mexicas. En 1521 la quasi-totalité de la ville de Tenochtitlan est détruite. Elle est remplacée par la cité espagnole de Mexico. Il ne reste alors de la civilisation mexica que les codex mésoaméricains qui n'ont pas été détruits et les témoignages des conquistadors. C'est dire l'importance des fouilles archéologiques du Templo Mayor.

Un peu de lecture nous sera nécessaire après la visite de l'exposition pour mieux comprendre ce que nous avons vu. Nous lisons « L'Amérique en 1492 : portrait d'un continent » d'Ariane Aneigem et Manuel Lucena Salmoral. Cette lecture nous aide à mieux appréhender le caractère massif des sacrifices humains chez les mexicas. L'empire Mexica est agité par les révoltes des cités tributaires et chaque campagne de répression alimente ses lots de révoltés réprimés et condamnés à être sacrifier. La lecture nous renseigne par ailleurs sur la complexité et la raffinement de la civilisation Mexica.