[Concert] Zaho de Sagazan - Loverman - chien noir - PoiL Ueda - Festival des Primeurs de Massy - 01/11/2023

TON COEUR IL FERA BIEN CE QU'IL VOUDRA
Le festival des Primeurs de Massy fête sa 26e édition. La salle Paul B est un bel écrin pour les premiers albums.


Le festival des Primeurs de Massy a lieu à la salle Paul B à Massy, une scène épatante pour les musiques actuelles. Nous fonçons. Suivez-nous.
 

Hanami
Hanami est un duo de musiciens qui pratique une chanson électronique pop. Des textes tendres et poétiques, de l'émotion (« Mina »), de mignonnes ritournelles face au chaos ambiant (« Tous à la calanque »). 
 


PoiL Ueda
PoiL Ueda c'est la rencontre du rock du groupe PoiL et de la tradition japonaise du récit épique chanté par Junko Ueda. Le concert commence par un chant féminin tout en cérémonial, avec les instruments qui font monter lentement la tension, entre légères percussions et choeurs. Ça monte jusqu'au point de bascule où la furie se déchaîne. Le guitariste fait des plans répétitifs. La rythmique fait perdre les repères. Nous espérons un instant que la magie va opérer sur nous. C'est raté, nous passons à côté.
 

 

chien noir
Vous voulez de la mélodie ? chien noir va vous régaler. chien noir c'est Jean, voix délicate, présence frêle et forte. Il est accompagné de Vincent à la guitare et de Megane aux claviers et au chant. Sur scène ça joue, c'est présent, c'est ému et joyeux d'être là. Le trio bénéficie du son impeccable et soigné de la salle Paul B, de la chaude acoustique du lieu et d'éclairages léchés et accueillants. Bravo à l'équipe technique de la salle. « Ton coeur, il fera bien ce qu'il voudra » nous chante chien noir dès le premier morceau, celui qui ouvre également l'album « Apollo ». La musique est pop, avec de jolis choeurs à deux voix. Le son peut se muscler avec des passages à deux guitares électriques, Jean et Vincent assurant quelques chouettes soli. Les paroles sont directes et ça crée une connivence immédiate avec le public. Les thèmes sont familiers. Que savions-nous de ce jour il y a deux ans ? Où en serons-nous dans deux ans ? chien noir évoque avec délicatesse l'enfance et la perte. C'est un monde empli de liberté, avec des envies, de l'amitié, de l'amour. Comme le scande chien noir dans sa dernière chanson « Je veux, je veux, je veux ». Nous aussi.
 


* Setlist chien noir :
  1. Ton coeur
  2. Julia
  3. Le souffle
  4. Ne parle pas
  5. Lumière bleue
  6. Échappées belles
  7. Olvido
  8. Je veux, je veux, je veux
Loverman
Le belge flamand Loverman présente son premier album intitulé « Lovesongs ». Loverman propose des chansons folk, accompagné de sa guitare acoustique. Le chant est habité et en anglais. La voix est grave et puissante. L'univers est nocturne ou pour le moins crépusculaire. Le personnage est charmeur, vénéneux, envoûtant, avec une pointe de danger qui flotte dans la salle. Nous sommes embarqués. D'autant plus que Loverman implique le public dès le début du concert, n'hésitant pas à descendre de la scène pour venir fendre la foule en courant. Puis il retourne sur les planches pour chanter en équilibre instable sur un retour de scène placé à la vertical. Il saute alors jusqu'au sol de la fosse. De quoi obtenir une solide connexion avec le public. Le spectacle alterne douces émotions et rage folle. Les harmonies de « Candyman » sont à tomber et ramène au souvenir de la magnificence des morceaux de Nick Drake (si vous ne connaissez pas Nick Drake alors écoutez immédiatement ses chansons). Le regard du chanteur est intense. Il scrute chaque membre du public, engendrant la joie pour certain et un vague malaise pour d'autres. Visiblement Loverman aime bien que les spectateurs soient un peu mal à l’aise. Cela crée de l'imprévu, une attente de ce qui va se passer. Loverman garde ainsi le public en haleine. A la fin du morceau « Would (Right In Front Of Your Eyes) », Loverman hurle à pleins poumons « Make our cries be heard » (Fais entendre nos cris). Prétextant que sa voix est cassée, il s'empare d'un tambourin. Armé de ce seul instrument il demande au public de chanter à sa place. C'est fou ce que le son d'un tambourin peut emplir une salle. Le public suit et chante avec application sous le regard pénétrant de Loverman. Étrange et captivant.
 


Lors de son concert Loverman a salué le public d'un « Bonsoir Paris ». Il a été repris par certains d'un « Ici c'est Massy » avant de répondre « ah, d'accord, c'est local ». Oui c'est vrai que c'est local. Nous sommes dans le sud parisien en haut de l'Essonne. Sur les terres de Massy, Palaiseau, Orsay. C'est la 26e édition des primeurs de Massy. Le public couvre tous les âges, des plus jeunes, juchés sur les épaules de leurs parents, jusqu'aux grands parents.

Chaque artiste a droit ce soir à la même durée de jeu, quarante minutes ni plus ni moins. Un peu court pour la tête d'affiche mais c'est le principe. Les concerts alternent entre la petite et la grande salle. Comme la soirée commence à 20h ce n'est qu'à 23h40 que Zaho de Sagazan arrive sur les planches de la grande salle. Nous aurions apprécié que la soirée démarre un peu plus tôt (après minuit le train RER ne circule plus).

Zaho de Sagazan
La jeune femme de 23 ans nous a envoûtés avec son album « Symphonie des éclairs », impeccable mélange d'électronique et de chant en français. Le décor est minimal. Les deux amis musiciens sont juchés chacun sur une plateforme, bidouillant leurs synthétiseurs modulaires. Les magnifiques éclairages de la salle habillent la scène d'ambiances incomparables. Zaho semble ainsi à plusieurs reprises disparaître dans la lumière pour mieux en émerger. Nul besoin de fumigènes, le jeu d'ombre et de lumière est épatant. Les chansons sont des pépites d'écriture, toute en force des émotions, un condensé de sentiments profonds, le tout propulsé par l'envie de partager, de se raconter. 
 
 
La musique mélange la chanson francophone classique et les sons électroniques, toutes basses en avant. Ce qui est marquant c'est que le public réagit à tout âge, les paroles de joyaux d'écriture comme « Les dormantes » ou « La symphonie des éclairs » sont chantées à la fois par l'adolescente devant moi et par la femme de plus de soixante ans à ma droite. C'est rare de toucher ainsi autant de générations. Il faut dire que Zaho raconte des histoires, met le texte en avant et soigne la diction et la mélodie. Elle touche au coeur avec une voix grave très agréable.
 

Zaho de Sagazan se révèle très à l'aise sur scène. Elle déborde d’énergie et court de long en large. Zaho n'a pas apporté son piano. Le piano-voix ça peut être risqué en festival. Le public ne vient pas forcément pour vous. Après trente minutes de chansons, Zaho fait le choix de faire danser les gens pour le restant des quarante minutes de jeu. « Il est minuit, alors dansez ! Lâchez-vous, c'est la fin de la journée ». Pour nous inviter à lâcher prise, Zaho plonge avec générosité dans la fosse. Elle vient nous chercher un par un, oui là, devant nous, les yeux dans les yeux, elle intime : « Dansez ! ». Le public est sous le charme.

* Setlist Zaho de Sagazan :
  1. Aspiration
  2. Mon inconnu
  3. Les dormantes
  4. Tristesse
  5. La symphonie des éclairs
  6. Ne te regarde pas
  7. Dansez
La salle Paul B a offert son écrin irréprochable de son et de lumière à de jeunes pousses de la scène francophone. Merci à toute l'équipe des Primeurs de Massy.
[Concert] Zaho de Sagazan - Loverman - chien noir - PoiL Ueda - Festival des Primeurs de Massy - 01/11/2023 [Concert] Zaho de Sagazan - Loverman - chien noir - PoiL Ueda - Festival des Primeurs de Massy - 01/11/2023 Reviewed by Concerts expos by Pat on novembre 11, 2023 Rating: 5

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