Vangelis est mort - 1943-2022

Vangelis est mort.

Chaque disparation évoque en nous ce que nous devons au disparu.

Je vais vous narrer ma relation à la musique de Vangelis. Tout commence en 1968 avec le morceau "Rain and Tears" puis l'année suivante avec "It's Five O'Clock". Je suis trop petit pour parler de cette musique qui passe à la radio, pour comprendre que c'est un groupe qui joue, que le nom du groupe est "Aphrodite's Child", que les musiciens sont grecs, que le compositeur s'appelle Vangelis Papathanassiou. Mais j'assimile cette musique dans mon cerveau, dans mes nerfs. J'y reviendrai plus tard, avec conscience. Nous sommes en 1972, je me rappelle la musique du documentaire l'"Apocalypse des Animaux", de Frédéric Rossif, à la télévision. La musique est de Vangelis. J'écoute, je note intérieurement ces sons. Toujours du même réalisateur, la série de documentaires "L'Opéra sauvage", en 1975, toujours à la télé, est également accompagnée de la musique de Vangelis. Les sons de Vangelis font leur chemin dans mon être. Ils s'installent. Le déclic, le lien, la compréhension s'opèrent chez un cousin plus âgé. Presque adolescent, je vais chez les autres, les grandes personnes, avec une K7 en poche. Pour les plus jeunes d'entre vous qui n'ont pas croisés de cassette audio, il s'agit d'un support d'enregistrement magnétique qui permet d'enregistrer et d'écouter de la musique. Avec cet objet magique en poche, je discute musique avec mes hôtes et, si ils ont un disque qui pourrait m'intéresser, je repars avec de la musique à écouter sur mon lecteur de K7. Oubliez Youtube, Deezer, Spotify, nous sommes encore dans les années soixante-dix. C'est ainsi que je découvre l'album "Heaven and Hell" de Vangelis. Et là c'est le choc ! D'abord je comprends que un seul homme a composé et jouer toute cette musique. Pour le chant il est accompagné de choeurs puissants, de la voix délicate de Vana Veroutis, de l'émotion touchante de Jon Anderson. Pour la composition c'est une série d'ébranlements. Percussions festives, voies célestes, rythmiques maladives, envolées poignantes. C'est très organique, je suis profondément touché. L'album "Albedo 0.39" en 1976 est également une belle écoute, plus relaxante. L'album "Spiral" de 1977 contient son lot de merveilles immédiates, "Spiral" certes; mais aussi"Dervish D." ou "To the Unknown Man". Que du classique. Vous pouvez également jeter une oreille sur les expérimentation au Yamaha CS-80 de l'album "Beaubourg" en 1978. En 1982 j'entends au cinéma la musique du film "Blade Runner" de Ridley Scott. Vangelis invente le son du Los Angeles du futur proche. Quand j'ai de l'argent de poche j'achète en K7 l'album "China" paru en 1979. Un copain, merci à lui, m'offre l'album de Vangelis et Jon Anderson (oui, le chanteur du groupe Yes, déjà entendu sur l'album "Heaven and Hell"), l'album intitulé "The Friends of Mr. Cairo". Rien à jeter sur cet album exceptionnel. J'achète également, en vinyles, les albums de Aphrodite's Child, dont le remarquable double album concept "666" sorti en 1972. Comme son nom l'indique l'album est basé sur l'Apocalypse de Saint-Jean. Ecoutez comment Demis Roussos annonce les cavaliers de l'Apocalypse avec "The Four horsemen" ou comment Irene Papas évoque l'infini sur "∞".

Vangelis n'a jamais cessé de composer de la musique jusqu'à sa mort. Merci à lui pour tous ces sons qu'il a capté dans l'univers et qu'il nous a légués.

Voici "Albedo 0.39".