[Concert] Primordial - Swallow the Sun - Rome - Heathen Crusade to Doomsday - La Machine du Moulin Rouge - Paris - 14/04/2022

LA GUERRE SANS TREVE
La Machine du Moulin rouge accueille Primordial, Swallow the Sun et Rome. Le retour des concerts. Enfin.


"La guerre entre l'artiste et le monde est sans trêve"
Jérôme Reuter - Rome
 Interview Bardo Methodology - 2019


La Machine du Moulin Rouge à Paris accueille la tournée "Heathen Crusade to Doomsday", soit la croisade païenne jusqu'à la fin du monde. Au programme de cette croisade, les groupes Rome, Swallow the Sun et Primordial. Une bien belle affiche. La tournée devait avoir lieu voici deux ans. La pandémie a reporté toutes les dates. Jusqu'à aujourd'hui. Enfin, la tournée a lieu. Enfin, nous y sommes. Les finlandais de Swallow the Sun remplacent leur compatriotes de Moonsorrow qui étaient initialement prévus à l'affiche en 2020.
 


Quel plaisir que de revenir à la Machine. Je descends à la station Pigalle afin de prendre le temps de marcher le long du très animé boulevard de Clichy, jusqu'à atteindre le Moulin Rouge. J'ai pris mon après-midi ce qui me permet d'être là dès l'ouverture, pour ne pas rater Rome qui joue dès 18h15. Je prends des nouvelles dans la file d'attente, entre têtes connues et nouvelles têtes. Nous entrons à 18h dans la salle de spectacle. Le planning est respecté toute la soirée à la minute près.

Rome ouvre la soirée. Rome c'est le projet du luxembourgeois Jérôme Reuter, chanteur, musicien et parolier. Ce soir Jérôme est à la guitare acoustique amplifiée. Il est accompagné d'un batteur. Rome joue du néo folk avec des rythmiques martiales. Le son du tambour accompagne la bataille que Jérôme Reuter livre pour donner sa vision de l'état des sociétés européennes. Les thématiques sont riches. L'Union européenne, la culture, la montée des populistes, le rejet de l'autre. Les paroles sont ouvertes à interprétation ce qui laisse la place à la réflexion. Le public applaudit chaleureusement chaque chanson. Jérôme Reuter laisse parler sa musique et échange juste un merci de temps en temps. Sur le dernier morceau, "Ächtung, Baby !", Jérôme Reuter est rejoint au chant par Alan Averill de Primordial. Un beau concert de quelques trois quart d'heure.
 


 
 
Setlist Rome :
  1. Neue Erinnerung
  2. Celine in Jerusalem
  3. The Torture Detachment
  4. Die Nelke
  5. Uropia O Morte
  6. One Lion's Roar
  7. Das Feuerordal
  8. Who Only Europe Know
  9. One Fire
  10. Ächtung, Baby !


Les finlandais de Swallow the Sun viennent nous jouer leur doom/death metal mélodique. Je réalise que ne n'avais pas vu le groupe depuis dix ans. Le claviériste a jeté l'éponge en 2016 et le groupe utilise des bandes pour les parties de claviers. Le chanteur Mikko a étoffé ses lignes de chant, il utilise tout le spectre du guttural, du chant clair et du cri. Swallow the Sun nous invite à éprouver la souffrance et le deuil au travers d'une musique désespérée, sombre et mélancolique Les paroles des derniers albums narrent la perte personnelle de l'être aimé. Les récentes compositions sont imprégnées de la sensation d'étouffement ressentie lors du confinement. La lourdeur de la frappe s'allie à la joliesse des mélodies afin d'engendrer en nous des émotions fortes. Le chanteur est, comme à son habitude, peu causant. Juste avant "Falling World", Mikko parle cependant, pour évoquer sa satisfaction à être de nouveau sur la route après deux années de pandémie. Le groupe enchaîne à la perfection les morceaux "Stone Wings", "The Void" (ce riff rampant est de toute beauté) et "New Moon" (ou la dépression faite musique). La chanson "Firelights" me semble ensuite un peu en retrait (elle aurait peut être gagné à être placée plus tôt dans la setlist). La fin du concert est impeccable. Swallow the Sun enchaîne "Woven into sorrow" avec sa courte accalmie à la cinquième minute qui est suivie d'un riff proprement écrasant, puis "This House Has no Home", avec ses arpèges puis son déchainement black metal et de magnifiques cris à deux voix au final. POur finir nous avons "Descending Winters" et "Swallow", deux morceaux issus des deux premiers albums. De quoi ravir mes oreilles de vieux fan. Un très beau concert d'une heure et quart. C'est agréable, voici une tournée dans laquelle chaque groupe a le temps pour s'exprimer pleinement.



 
Setlist Swallow the Sun :
  1. The Fight of Your Life
  2. Enemy
  3. Rooms and Shadows
  4. Falling World
  5. Stone Wings
  6. The Void
  7. New Moon
  8. Firelights
  9. Woven Into Sorrow
  10. This House Has No Home
  11. Descending Winters
  12. Swallow (Horror, Part 1)


Primordial démarre les hostilités avec "Where Greater Men Have Fallen". Une base solide qui met tout de suite le public dans l'ambiance. Primordial le revendique d'entrée et haut et fort "Nous venons de la République d'Irlande". Le guitariste Ciáran MacUiliam n'a pas pu participé à la tournée et est remplacé. Je ne connais pas le nom du remplaçant, qui fait du bon boulot. Je note que Micheál O'Floinn reprend à sa charge certaines des parties jouées habituellement par Ciáran. Le chanteur Alan Averill, toujours aussi charismatique, nous exprime sa satisfaction de nous voir répondre présent ce soir, deux ans après la date initialement prévue. Nous aussi nous sommes heureux de nous réunir pour bouger, suer, chanter tous ensemble sous un déluge de décibels. Primordial, armé d'un son massif et précis, prouve une fois de plus son excellence et sa parfaite maîtrise de la scène. Tous les musiciens sont impeccables. Le groupe est d'une impressionnante cohésion, toute en force et fluidité. C'est une fois de plus le chanteur Alan Averill qui réclame et attire tous les regards, toutes les âmes, mouillant le maillot du début à la fin pour nous entraîner dans une danse macabre. Le gars maîtrise toute les subtilités du rituel. Il sait venir chercher et convaincre chaque membre du public.
 

 
Le jeu de lumières est splendide tout au long du concert, bravo aux techniciens. Comme Alan le chante dans le vindicatif "No Grave Deep Enough", aucune tombe n'est assez grande pour nous enterrer. "Nail Their Tongues" nous cloue sur place sous une charge de riff black metal. Alan nous explique que toute personne en ce monde est mauvaise et que chacun est un menteur, y compris nous. Cette déclaration introduit "The Mouth of Judas", la bouche de Judas, un morceau qui démarre par un rythme lent et un chant très solennel. "Sons of the Morrigan" nous ramène vingt ans en arrière avec son hypnotique riff final. Alan nous questionne : "La liberté ou la mort ? Quel est votre choix ?". Un spectateur répond : "La mort". Alan sourit : "Nous tenons notre Robespierre". Primordial enchaîne sur "As Rome Burns". Rome brûle. L'occasion pour le public de scander le refrain "Chante, Chante, Chante aux esclaves, chante aux esclaves que Rome brûle". C'est bien bon de chanter de nouveau tous ensemble. Nouveau retour en arrière, en l'an 2000, avec le puissant "Gods to the Godless". Un mélange parfait de l'influence de la musique irlandaise et du black metal, appuyé par la rythmique incomparable de Pól MacAmlaigh à la basse et de Simon O'Laoghaire à la batterie. Juste avant de jouer l'hymne païen "Wield Lightning to Split the Sun", Pól échange un large sourire avec Alan. Au milieu du morceau, Micheál O'Floinn choisit de jouer le solo avec un Ebow, ce petit boitier qui vient remplacer le médiator et qui permet de soutenir la note. La sonorité se rapproche alors de l'Uilleann pipe, la cornemuse irlandaise. Alan nous demande ensuite si nous aimons les histoires. Bien sûr répond le public. Alan nous narre l’histoire de Walter Lynch, un irlandais condamné à mort en 1493 pour avoir tué un noble espagnol venu rendre visite dans la demeure familiale. Walter Lynch sera pendu par le maire de la ville, Jason Lynch, qui n'est autre que son propre père. Primordial a pris cette tragique histoire comme base pour "To Hell or the Hangman", un morceau à la rythmique galopante et imparable. Alan nous invite ensuite à nous projeter voici quatre-vingt dix ans, en Ukraine. Il nous parle de l'Holodomor, l'extermination par la faim, en 1932 et 1933, voulue et organisée par Staline. Quatre-vingt ans avant la grande famine ukrainienne, la grande famine irlandaise causa la mort d'un million d'irlandais. "The Coffin Ships" relate cette famine et l'impact qu'elle a dans la mémoire irlandaise. Alan dédicace ce soir la chanson à l'Ukraine. Chaque note de "The Coffin Ships" est pétrie d'émotion. Chaque mot exprime un immense chagrin. "Nerf et muscle et cœur et cerveau/ Ils sont perdus pour l'Irlande, ils sont perdus en vain/ Alors tu fais une pause et tu peux presque entendre/ Les sons, ils résonnent à travers les âges". La charge émotionnelle est telle qu'un lien se créé avec le passé. J'ai les larmes aux yeux. Les paroles finales sont "J'ai l'impression d'être déjà venu ici/ Ici où les animaux se couchent au sol pour mourir". La musique ralentit pour clore la chanson. Alan regarde vers le plafond, absorbé par sa vision et vient conclure a capella " Alors nous nous tenons, seuls sur un rivage lointain/ Des esprits brisés, en haillons et en lambeaux". Ma voisine de concert est bouleversée, son visage est un océan de larmes. Intense ovation du public. Il est l'heure pour Primordial de conclure par une note d'espoir, un dernier combat. Alan nous le rappelle. "Chaque empire s'effondre, chaque monument s'écroule, maintenant c'est votre chute". L'intense "Empire Falls" est la touche finale à un concert impeccable. Une heure et demie de bonheur. Primordial est un des tous meilleurs groupes à voir en concert. Ils sont excellents.
 

 
Setlist Primordial :
  1. Where Greater Men Have Fallen
  2. No Grave Deep Enough
  3. Nail Their Tongues
  4. The Mouth of Judas
  5. Sons of the Morrigan
  6. As Rome Burns
  7. Gods to the Godless
  8. Wield Lightning to Split the Sun
  9. To Hell or the Hangman
  10. The Coffin Ships
  11. Empire Falls
 
C'est la fin de cette belle soirée de la croisade païenne en attendant la fin du monde. 3h30 de musique de très grande qualité, dans des styles variés et complémentaires. Quelle superbe remise en jambes et en voix après ces deux années de disette.



[Concert] Primordial - Swallow the Sun - Rome - Heathen Crusade to Doomsday - La Machine du Moulin Rouge - Paris - 14/04/2022 [Concert] Primordial - Swallow the Sun - Rome - Heathen Crusade to Doomsday - La Machine du Moulin Rouge - Paris - 14/04/2022 Reviewed by Concerts expos by Pat on avril 17, 2022 Rating: 5

Aucun commentaire