[Expo] Amazônia - Sebastião Salgado - Philharmonie de Paris - du 20/05 au 31/10/2021

L'APPEL DE LA FORET

La Philarmonie de Paris expose les photos de Sebastião Salgado sur l'Amazonie avec une musique de Jean-Michel Jarre. Un cri d'alarme somptueux.

La Philharmonie de Paris propose d'arpenter la forêt amazonienne à la découverte de la richesse de sa biodiversité et à la rencontre de quelques uns de ses peuples. Avec une réflexion inquiète sur leur devenir. Le parcours est sonore et visuel. La musique de Jean-Michel Jarre, créée pour l'occasion, accompagne deux cent photographies de Sebastião Salgado. Nous y sommes allés. Suivez-nous.

Le lieu d'abord. La Philarmonie de Paris est située dans le parc de la Villette. De loin le bâtiment évoque une immense colline pavée. Des milliers d'oiseaux métalliques décorent le parvis et la façade. La salle d'exposition est au rez-de-jardin. Nous descendons vers l'entrée comme nous entrerions dans une grotte, grise et sombre. Le vaste hall d'accueil redonne de la clarté. Après avoir montré patte blanche (passe sanitaire en poche), nous pénétrons dans l'immense salle d'exposition de 800 m2. Une carte de l'Amazonie nous montre les zones protégées, les zones photographiées et les tribus rencontrées par le photographe.

La scénographie plante l'ambiance. De grandes reproductions de photographies sont suspendues. C'est une forêt dans laquelle nous cherchons de prime abord nos repères. Nous allons et venons afin d'appréhender le lieu. Une fois apprivoisé notre environnement, nous n'hésiterons pas à revenir en arrière pour comparer et mélanger les différentes impressions ressenties. Les photographies ont été captées lors de sept années de voyage. L'éclairage met en valeur les clichés. En revanche les légendes sont illisibles, les caractères minuscules et la faible luminosité n'aidant pas. Des noms de rivières, des affluents, des régions, nous déchiffrons avec peine avant d'abandonner la lecture. Nous nous laissons aller à la contemplation des photographies. La lumière passe à travers les nuées et illumine les montagnes. Une forêt épaisse s'étend dès que les parois sont moins raides. Nous imaginons le vert des feuilles, même en nuances de gris. Les masses de vapeurs d’eau rejetées par la forêt forment des rivières volantes au dessus des arbres. Les pluies sont si denses que leur chute ressemble au pied d'un champignon atomique. Les formations nuageuses libèrent glaçons et puissantes rafales de vent. De photographie en photographie, nous nous approchons des méandres du fleuve, de la surface de l'eau. L'objectif capte la pluie devant la forêt. Nous sommes sous la végétation. Nous rencontrons les hommes.

Nous sommes accompagnés par la musique conçue par Jean-Michel Jarre à partir des archives sonores du Musée d’Ethnographie de Genève. Nous entendons les sons de la forêt. Les feuilles qui bruissent, les animaux qui crient, des hommes qui parlent ou chantent. Tous ces bruits se mêlent, la composition musicale devant fonctionner en tout point d'une exposition que chacun parcoure de manière imprévisible.

Une minuscule salle présente des projections de portraits en grand format. Ce recoin est mal indiqué. Une fois trouvé il s'avère trop petit pour s'installer. Nous glissons un regard quelques instants et lâchons l'affaire.

Trois espaces aux parois circulaires présentent une dizaine de peuples parmi les centaines de peuples amazoniens. Nous regardons des photographies de personnes, avec de nombreuses poses réalisées dans un studio installé près du lieu de vie. Nous écoutons des témoignages, sous forme de cinq films, qui permettent d'entendre la parole de ces peuples. Dommage que la musique d'ambiance couvre parfois la voix. Nous découvrons notamment les Yawanawá qui renouent avec les rituels traditionnels et la langue ancestrale tout en utilisant smartphones et ordinateurs. Ainsi que les Marubo, qui apprennent le portugais, ce qui facilite leurs relations avec les représentants de l'État et les aident à soutenir les actions des organisations de défense des Indiens.

Cette exposition est belle et instructive. Au delà de la majesté de la forêt amazonienne, nous allons à la rencontre de membres de notre espèce, avec leurs nombreuses traditions. Ces personnes nous parlent de l'histoire des hommes, de respect, de survie et de la nécessité de protéger la biodiversité.