Uli Jon Roth - Le Trabendo - Paris - 20/12/2018 - Compte-rendu de concert

ET LE VENT COMMENÇA A HURLER
Uli Jon Roth célèbre ce soir 50 ans de carrière sur les planches.


Dehors dans les rudes alentours
Un chat sauvage a miaulé
Deux cavaliers approchaient
Et le vent commença à hurler
"All Along the Watchtower - Bob Dylan "

Uli Jon Roth célèbre ses cinquante années de carrière sur les planches. Un demi-siècle marqué au fer rouge par le mémorable passage du guitariste dans le groupe Scorpions entre 1974 et 1978. Puis Uli Jon Roth forma son propre groupe de hard-rock, Electric Sun, avec lequel il enregistra trois albums jusqu'en 1985. Il compose depuis des œuvres imprégnés de musique classique. Depuis près de dix ans, il assure, sous son propre nom et avec des musiciens fidèles, des concerts qui font la part belle aux rugissements électriques.

Pas de première partie ce soir, ce afin de laisser toute latitude à Uli Jon Roth et son groupe, pour plus de deux heures de célébration.

 

Le concert met immédiatement la guitare au centre des débats avec le morceau "Sky Overture", issu de l'album "Transcendental Sky Guitar" sortie en 2000. Place ensuite à la période Electric Sun, avec "Indian Dawn" puis "Electric Sun", deux titres qui permettent aux musiciens qui accompagnent Uli de donner toute leur puissance. Nous retrouvons les acolytes désormais bien connus, les guitaristes David Klosinski et Niklas Turmann (ce dernier également au chant), Corvin Bahn aux claviers, Michael Ehré à la batterie et Simon Foster à la basse (seule tête qui ne nous est pas encore familière). Si la guitare de Uli est rapidement mise en place, les deux autres guitares sont moins discernables dans le mix. Certes le travail majeur de David Klosinski est de doubler Uli pour densifier le son mais Niklas Turmann se permet lui quelques parties de guitare qui auraient mérité d'être plus audibles. Les claviers restent prudemment en retrait (Scorpions n'avait pas de sons de claviers et Electric Sun en avait peu). La basse, très en retrait, est la perdante du mix sonore de la soirée. Le bassiste chante (les refrains essentiellement mais également des couplets), ce qui nous fait, avec Uli et Niklas, rien moins que trois chanteurs. Voyant les photographes quitter le devant de la scène au bout de trois morceaux, Uli Jon Roth questionne à haute voix le pourquoi de cette pratique, commune à tous les concerts de rock, et invite les photographes à rester si ils le souhaitent ("en plus, vous êtes bien installés, vous avez des sièges") tout en leur conseillant malicieusement de ne rester que si "ils ont des protections auditives". C'est que le groupe, une constante chez Uli, joue fort. Il est clair que sans la jauge de volume maximum autorisé, le candide guitariste n'hésiterait pas une milliseconde à pousser tous les potards à 11. Uli chante ensuite "Sun in my Hand" de Scorpions, un morceau qui dévoile en salle tout son potentiel de blues crasseux imparable, avec ses mélodies à trois guitares harmonisées, le tout illuminé par les soli d'Uli. Si Uli Jon Roth a toujours sa voix si particulière, il la place très bien ce soir, chantant tout en justesse et émotion. Retour à Electric Sun avec le morceau "Why ?". Uli Jon Roth présente chaque morceau très humblement. Titre, album, année, groupe. Point. Pas de chichi, ce n'est pas le genre de la maison. L'éclairage est sobre. L'animation principale, hors la musique, est la projection de vidéos en fond de scène, principalement des nuages et des cieux étoilés, ainsi que quelques plans des musiciens. Uli nous informe (ou nous rappelle) que son frère cadet Zeno Roth est mort cette année. En hommage le groupe joue deux morceaux de Zeno, "Don't Tell the Wind" (très belle composition qui ce soir est sublimée par un remarquable duo de voix entre Niklas et Simon) et "Eastern Sun" (Uli posant un superbe solo sur ce titre melodic rock). C'est bien sa vie, ses amis, ses amours, sa famille que Uli Jon Roth évoque ce soir. "Starlight" est un morceau prenant et planant extrait de l'album solo "Sky of Avalon". Un bruit de moteur retentit ensuite dans la salle. Uli Jon Roth nous demande de nous souvenir, soulignant que le sujet est toujours d'actualité car de tels actes peuvent encore advenir. Des images d'archives défilent en toile de fond. Le moteur continue à vrombir. C'est celui d'Enola Gay, le bombarbier B-29 qui a largué une bombe atomique sur Hiroshima. Construit en quatre mouvements, le morceau "Hiroshima" d'Electric Sun est un crève coeur. Premier mouvement, "Enola Gay", le chant enflammé d'Uli est propulsé par un excellent riff. Deuxième mouvement, "Tune of Japan", une délicieuse mélodie. Troisième mouvement, "Attack", déluge sonore de distorsion. Quatrième mouvement, "Lament" et sa bouleversante guitare plaintive. Morceau de bravoure certes mais qui n'oublie pas d'émouvoir. C'est un public choqué et conquis qui applaudit cet immense morceau. Uli Jon Roth embraye aussi sec sur "The Sails of Charon" de Scorpions et son flamenco détourné. Niklas Turmann s'en sort plutôt bien pour reprendre les morceaux initialement chanté par l'immense Klaus Meine. L'astuce est de ne jamais chercher à rivaliser avec l'original et de ne pas hésiter à ajouter sa touche personnelle (ici de régulières montées dans les aigus). Le public entre à fond dans le jeu. Fin de la première partie, pause de dix minutes. Uli promet de revenir avec un morceau acoustique.




Seconde partie du concert. Uli Jon Roth revient seul sur scène, accorde longuement sa guitare puis joue un nouveau morceau composé durant l'été, "Passage to India". C'est de toute beauté, quoique bien électrifié et donc passablement acoustique. En tout cas l'originalité et la virtuosité font bon ménage dans ce morceau fort inspiré. Le groupe au complet revient sur scène. Uli sort une vieille guitare "c'est celle avec laquelle j'ai joué la première fois que je suis monté sur scène voici cinquante ans" et nous régale d'une reprise de "Apache" des Shadows. Ensuite démarre la série de morceaux de Scorpions. "We'll Burn the Sky" avec ses paroles écrites par Monika Dannemann (qui fût la femme de Uli). La foule chante à tue-tête. Uli Jon Roth actualise juste ce qu'il faut les mélodies avec quelques subtiles variations. Sur "In trance" c'est tout le morceau qui est repris par le public. Le chanteur est à peine audible tant la ferveur est grande. Les musiciens sont tout sourires. "Pictured Life" et "Catch Your Train" finissent de mettre le feu. Des cris d'oiseau retentissent en intro de "Yellow Raven", qui commence tout en douceur, nous régale de sonorités divines issues de la guitare d'Uli, avant de finir en puissance. Voilà, fin des morceaux de Scorpions pour ce soir. Sept morceaux seulement (pour dix au Nouveau Casino en 2011, quinze à la Flèche d'Or en 2014 pour les quarante années du premier album avec Scorpions et quatorze au Petit Bain en 2017 pour célébrer l'album "Tokyo Tapes"). Uli Jon Roth célèbre ce soir ses cinquante années sur scène en piochant dans toute sa longue carrière, sans céder à la facilité de la nostalgie des mythiques années Scorpions. La soirée est conclue par les deux incontournables reprises en hommage à Jimi Hendrix (dont le nom n'est à aucun moment cité ce soir). D'abord une interprétation fulgurante de "All Along the Watchtower" de Bob Dylan (dans la version survitaminée de Jimi Hendrix). Ensuite une sidérante version de "Little Wing" durant laquelle Uli Jon Roth nous régale de sa capacité remarquable à aller chercher des sons venus d’ailleurs tout en gardant un sens aigu du groove et de la fête.
Le groupe quitte la scène sous une ovation soutenue. Un concert de plus de deux heures fort réussi. Une bien belle soirée. Merci.

 

Setlist :
Set 1
  1. Sky Overture
  2. Indian Dawn (Electric Sun song)
  3. Electric Sun (Electric Sun song)
  4. Sun in My Hand (Scorpions song)
  5. Why? (Electric Sun song)
  6. Don't Tell the Wind (Zeno cover)
  7. Eastern Sun (Zeno cover)
  8. Starlight (Sky of Avalon cover)
  9. Enola Gay (Hiroshima Today) (Electric Sun song)
  10. The Sails of Charon (Scorpions song)
Set 2
  1. Passage to India
  2. Apache (The Shadows cover)
  3. We'll Burn the Sky (Scorpions song)
  4. In Trance (Scorpions song)
  5. Pictured Life (Scorpions song)
  6. Catch Your Train (Scorpions song)
  7. Yellow Raven (Scorpions song)
  8. All Along the Watchtower (Bob Dylan cover)
  9. Little Wing (The Jimi Hendrix Experience cover)

Uli Jon Roth - Le Trabendo - Paris - 20/12/2018 - Compte-rendu de concert Uli Jon Roth - Le Trabendo - Paris - 20/12/2018 - Compte-rendu de concert Reviewed by Concerts expos by Pat on décembre 27, 2018 Rating: 5

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