Dix albums qui m’ont marqué et que j’écoute encore régulièrement

Sabbath Bloody Sabbath - Black Sabbath - 1973
C'est l'album Paranoid qui m'a fait découvrir le Sab, c'était dans la discographie du grand frère d'un copain, en cinquième. J'ai fait appel au réseau de copains pour trouver d'autres albums et j'ai reçu celui-là. les deux sont immenses et j'ai dorénavant une tendresse toute particulière pour l'album ci-dessus, plein de recherches acoustiques. Iommi est un créatif et il le prouve magistralement. Ces albums résistent incroyablement bien au temps qui passe 

 

Songs Of Moors And Misty Fields - Empyrium - 1997

En cette fin d’année 1997, j’écoute Lou Reed, The Cure, Depeche Mode, Noir Désir. Soit beaucoup moins de hard/heavy qu’auparavant. Je décide alors de m’ouvrir à d’autres horizons, trop longtemps délaissés. J’achète un numéro de la revue Metallian pour découvrir les nouvelles tendances. La compilation CD fournie est une révélation. Le morceau « The blue mists of Night » d’Empyrium me marque au fer rouge. J’achète l’album “Songs Of Moors And Misty Fields”. L’artwork est sobre et puissant. L’oeuvre est éblouissante. La musique célèbre le sublime, les grandes exaltations, les peines immenses, la fascination pour la mélancolie. Ou comment concilier solennité et sonorités black, doom, folk. La sincérité, l’originalité, la profondeur de l’œuvre me bouleversent. C’est très vraisemblablement, avec le recul, cet album qui m’a fait explorer la scène extrême et dark pour y dénicher d’autres pépites. A ce jour, Empyrium reste le seul groupe pour lequel moi et ma belle avons pris l’avion pour aller assister à un de leurs rares concerts. C’était le 22 novembre 2013 à l’église Passionskirche à Berlin.


 

Passion Things - Le Vasco - 2013

Le Vasco c'est un groupe magnifique de cinq très jeunes gens qui nous livrent leur coeur, avec une honnêteté épatante. C'est un instant suspendu qui nous montre le passage entre l'adolescent et l'adulte. La volonté du lieu (Palaiseau et ses environs) et de la bande de potes. Beau, fragile, émouvant. Et généreux.


On the Beach - Neil Young - 1974

Un album énorme de bout en bout. En 1974 Neil Young est en pleine déprime. Le "loner" a perdu des potes et un paquet d'illusions, il encaisse mal le succès immense de "Harvest". Il veut aller de l'avant, le mythe hippie très peu pour lui. Avec une rythmique implacable, Neil Young flingue le flower power en se mettant dans la peau de Charles Manson, exprime son malaise face aux medias et tire sur l'ambulance une bonne fois pour toute (magistral "Ambulance Blues"). Johnny Rotten est sous le charme. Moi aussi. Depuis plus de 40 ans. En fait j'ai entendu ça j'avais 9-10 ans donc peu importe le contexte et les paroles, ce qui m'a parlé c'est avant tout la musique. Et elle est excellente.


The Gathering Wilderness - Primordial - 2005

Adhésion immédiate, à peine écouté le début de l'album je sais que j'aime, profondément et pour longtemps. Puis je lis les paroles. Le monsieur n'est pas content. Il a des choses à dire, beaucoup et très sérieusement. Nous ne sommes pas là pour nous déguiser en corsaire, être porté sur la foule en bouée jaune avec un tee-shirt Alestorm. Non non non. Il faut savoir être sérieux. Colère, mélancolie, révolte, coeur, intellect, tripes et âme. J'adore.


Joue pas avec mes nerfs - François Béranger - 1979

Une période que j'ai eu la chance de connaître. J'étais presque ado. Une scène alternative existait en marge du show-biz (avec notamment Mama Béa Tiekelski, Leny Escudero, Catherine Ribeiro). Des textes pleins de tendresse et de colère qui n'ont pas pris une ride.



Pampered Menial - Pavlov's Dog - 1975

J'ai acheté l'album en 1985, attiré par la mention d'une production par Murray Krugman et Sandy Pearlman (le duo derrière les premiers albums de Blue Öyster Cult). Enorme surprise lorsque je pose le vinyle sur la platine. L'ambiance est romantique. La voix de David Surkamp est un choc. Je crois initialement m'être fourvoyé. Puis, écoute après écoute, mon oreille apprécie la flamboyance et l'émotion dégagées. Là où la production me paraissait surchargée, je perçois la volonté de réussir un mélange difficile entre délicatesse du propos et création d'un mur sonore. Des années après je découvre encore des merveilles dans ces chansons écrites avec passion. Vous appréciez le lyrisme, la mélancolie et la grandiloquence ? Vous aimez entendre battre un coeur ? Foncez ! L'éditeur allemand Rockville Music a réédité les albums de Pavlov's Dog, et aussi les albums sortis par David Surkamp depuis la désintégration de la formation d'origine en 1977, le tout agrémentés de superbes inédits. La voix de David, avec le poids des années, a même gagné en émotion à mes oreilles. Ecoutez par exemple "House Broken", live de 2015, merveilleux témoignage de la haute tenue des concerts de la formation actuelle de Pavlov's Dog, menée par David Surkamp et sa femme Sara Surkamp, accompagnés de brillants musiciens. Beauté et sensibilité.



The Nameless Disease - The Old Dead Tree - 2003

J’ai découvert le son de The Old Dead Tree en 2000, avec le morceau « It’s the same for everyone » sur la compilation Epsilon/ Adipocere. Le morceau me fait forte impression. Une montée en puissance fabuleuse, une voix poignante et un son de guitares émouvant. L’album « The Nameless Disease » sort en 2003 chez Season of Mist. Il me touche direct au coeur. La musique est excellente, avec des mélodies tenaces, une alternance impeccable entre douceur et ardeur, une voix splendide que ce soit en murmure, en chant clair ou en chant death. Les paroles et la musique restituent la complexité et l’intensité de l’état d’esprit des membres de The Old Dead Tree suite au suicide de leur ami (qui était le premier batteur du groupe). Nous sommes submergés dans un flot d’émotions et de sentiments enchevêtrés. Surprise, tristesse, solitude, confusion, accablement, frustration, colère. L’émotion est palpable, transmise avec chaleur et élégance. Un album d’une rare magnificence.




Champagne pour tout le monde - Jacques Higelin - 1979

C'était en 1979, à la charnière entre mon enfance et mon adolescence. Sur l'écran de télé surgit un chanteur aux yeux fardés, tout de rouge et de noir vêtu. Higelin interprète "Champagne", issu de son nouvel album « Champagne pour tout le monde ». Choc émotionnel Je m’empresse de faire le tour des darons et des amis pour dénicher l’album. A l’écoute je suis définitivement conquis. Les ambiances sont fort variées. Rage, mélancolie, voire vaudeville de théâtre ("Dans mon aéroplane blindé" ou autre "L'attentat à la pudeur"). Langueur proche du désespoir (« Vague à l’âme ») et gaîté lumineuse (« Tête en l'air », « Hold tight »). Jacques Higelin est partout, la tête dans la Voie Lactée (« Captain Bloody Samouraï ») et les pieds dans la fange (« Cayenne c’est fini », titre joué avec pavé, ferraille rouillée, marteau et un soulagement de vessie pour conclure). En pratique Jacques Higelin sort deux albums coup sur coup, "Champagne pour tout le monde ..." et "... Caviar pour les autres". Les deux sont merveilleux.



Space Ritual - Hawkwind - 1973

Il fût un temps où la musique n’était pas écoutable avant achat. Il fallait oser miser son argent de poche sur un album en espérant qu’il nous plaise. Pas d’internet, pas de FNAC, pas de médiathèque pour se faire une idée du contenu. Je me fiais alors aux critiques écrites, qui seules pouvaient me décider à croire que mon choix serait le bon. Le live "Space Ritual" de Hawkwind, datant de 1973, faisait ainsi partie des galettes à la réputation flatteuse dans tous les supports qui défilaient sous mes yeux (« Best », « Rock & Folk », « Métal Hurlant »). Un jour de 1984 j’ai franchi le pas. Voici le double 33 tours entre mes mains. Il est d’un design magnifique. Il se déploie en trois volets et six tableaux épatants qui me propulse dans l’espace. A l’intérieur un immense poster continue à me faire voyager avec six images supplémentaires. Je pose la galette noire sur la platine. Le concert commence avec des sons étranges, entre bidouillages électroniques et bribes de paroles. Et soudain ça part pour de bon et tous mes doutes sont dissipés. Une guitare au feeling ahurissant (Dave Brock), une rythmique insensée (Simon King et Lemmy, impeccables), un saxo et une flute toujours à propos (Nik Turner), deux dingues habillant l’ensemble de bricolages sonores électroniques (Dik Mik et Del Dettmar). Au chant, rien moins que trois voix (Dave, Lemmy et Nik). Entre les morceaux un narrateur (Robert Calvert) vient nous réciter ses textes ou ceux de Michael Moorcock. C'est fascinant. Le groupe engendre parfois dans ces intermèdes un sentiment d'agacement des nerfs, une tension certaine qui est libérée par le démarrage de la chanson suivante dans une débauche d'énergie foudroyante. Ce disque est splendide. L’ambiance est absolument unique. Tous les instruments sont parfaitement identifiables et en même temps nous sommes emmenés loin, très loin de notre lieu d’écoute. C’est un concert, ce sont des musiciens, un public, tout est là et pourtant tout est ailleurs. Pas une minute de répit, pas un instant d’ennui, pas une once de lassitude, le concert vous prend, vous emmène, vous surprend, vous transporte. Tous les morceaux sont parfaits. Pas un mot avec le public, à quoi bon, tout est dit à travers la musique. Juste un « thank you » final. Oui, effectivement, merci les gars ! Vous en connaissez beaucoup des albums de 1973 qui n’ont pas pris une ride ? Space is deep.




Dix albums qui m’ont marqué et que j’écoute encore régulièrement Dix albums qui m’ont marqué et que j’écoute encore régulièrement Reviewed by Concerts expos by Pat on juillet 01, 2018 Rating: 5

1 commentaire

christian provaux a dit…

Tout à fait d'accord avec toi, sur la scène alternative française des années 70, avec l’avènement de Ribeiro, Beranger, Tekielski ou Higelin et j'en oublie. Merci de les avoirs mis en lumière, c'est tellement rare ... Cela dit, Black Sabbath et surtout Hawkwind, que plus personne connais et qui est un groupe des plus remarquable. Merci pour ton initiative et bonne continuation ! C.