David Hockney - Rétrospective - Centre Pompidou - Paris - du 21/06 au 23/10/2017 - Compte-rendu de visite

SOUS LE SOLEIL EXACTEMENT
Le Centre Pompidou présente une immense rétrospective consacrée à l’oeuvre de David Hockney. Lumineux.


" On n'est curieux qu'à proportion qu'on est instruit. "
Jean-Jacques Rousseau - Émile, ou De l'éducation (1762)

Le Centre Pompidou célèbre les quatre-vingts ans de David Hockney en restituant l'intégralité de son parcours artistique, de ses débuts jusqu’à ses oeuvres les plus récentes. L'exposition présente cent soixante peintures, photographies, gravures, dessins, ouvrages et installation vidéo. Vous l'aurez compris, l'exposition est très grande. Pour mener à bien cette rétrospective, le Centre Pompidou collabore avec la Tate Britain de Londres et le Metropolitan Museum de New York.


Aucune photographie n'est autorisée lors de la visite. Tant pis pour moi qui apprécie l'usage de l'appareil photo dans les expositions car il m'aide à participer, à échanger à distance avec l'artiste. Je me contenterai pour cette fois de vous narrer mes impressions sans ajout de reproductions d'oeuvres.
Né au Royaume-Uni à Bradford, David Hockney suit une formation artistique. L'exposition montre de nombreuses oeuvres des premières années de l'artiste. Les connaissances artistiques sont alors avalées avec une grande curiosité, les influences patiemment digérées (" Tea Painting in an Illusionistic Style, 1961 " ou " Flight into Italy - Swiss Landscape, 1962 "). David Hockney est marqué par un premier séjour à New York en 1960 (les gravures " Rake's Progress, 1961–63 ") puis par un premier séjour à Los Angeles en 1964. L'artiste est fasciné par l'intensité et la permanence de la lumière californienne. Il s'installe aux Etats-Unis et décide d'adopter la peinture acrylique pour retranscrire sur toile la netteté du soleil. Il peint alors une Californie hédoniste avec des oeuvres inventives. L'homosexualité de l'artiste est traité frontalement, avec des scènes joyeuses sous la douche ou au bord de la piscine. Sous le soleil, sans ombre, l'eau devient un élément incontournable des toiles de l'artiste.
Se confrontant à la critique, respectueux des maîtres classiques, assimilant les trouvailles des peintres modernes, curieux de nouvelles techniques, David Hockney pousse ses propres recherches picturales. Il explore le meilleur moyen de restituer le scintillement de la surface de l'eau des piscines. En 1967 il crée une icône (" A Bigger Splash ").

L'exposition a le mérite de me faire appréhender le travail artistique derrière des toiles qui ne correspondent à première vue ni à mes goûts picturaux (je suis plutôt peinture à l'huile) ni à mes sujets de prédilections (surréalisme, expressionniste et romantisme noir).
David Hockney teste l'acrylique sur une série de doubles portraits de grand format, dans une veine hyperréaliste. Chaque thème bénéficie d'une salle entière. Retour à la plume pour des portraits de la famille et des proches, dans une veine très classique. Les bases techniques sont solides, les connaissances multiples, l'oeil est fiable, la main est sûre, David Hockney peut poursuivre sa voie en toute liberté. Il prend partie pour l'insolence. Pas question de se laisser enfermer dans un dogme. Il va imprégner ses oeuvres d'aberrations perspectives.

A ce stade de l'exposition nous passons devant une baie vitrée avec un panorama sur le nord de Paris.


En 1978 David Hockney se lance dans l'expérimentation de nouvelles techniques. Avec du papier coloré dans la masse, il crée vingt-neuf « Paper Pools » qui évoquent les miroitements de l’eau à la surface de la piscine. Une bien belle série qui retient toute mon attention. Enfin je rentre dans l'univers de David Hockney. C'est comme la piscine, au début elle est froide.

Nouvelle salle, consacré à des autoportraits. Les techniques sont variées, les poses ludiques. Un régal pour les yeux et l'esprit.

Tiens, au détour d'une salle, seraient-ce des oeuvres de Matisse ? Non, c'est David Hockney qui, en 1986, explore l'usage qu'il peut tirer d'une photocopieuse couleur.

Nouvelle salle très importante à mes yeux, celles des polaroids. Rappelez vous, les polaroids, ces photographies argentiques qui sortent immédiatement de l'appareil juste après la prise de vue. David Hockney utilise le procédé pour juxtaposer des instants donnés d'une scène dans le temps et l'espace. Paysages ou portraits, le résultat est superbe (" My Mother, Bolton Abbey, Yorkshire, nov. 1982 " ou " Gregory Swimming, Los Angeles, March 31st 1982 "). Qui plus est l'artiste montre à quel point il peut assimiler les nouvelles technologies et les contraindre à rendre compte de sa vision.

David Hockney s'attache ensuite à évoquer l'espace avec les trouvailles visuelles qu'il a faites. Une production emplie de paysages entre retour au Yorkshire et vues du Grand Canyon (" 9 Canvas Study of the Grand Canyon, 1998 "). Des tailles parfois immenses comme le monumental " Bigger Trees Near Warter, 2007 ". On appréciera également l'originalité de l'installation vidéo des " Quatre Saisons " composée de quatre murs d'images multi-écrans.

Toujours à l'affût des nouvelles technologies, David Hockney s’empare de l’iPad. Il maîtrise le nouvel outil, diffuse sa production sur le web ou par message à ses proches. Surtout il donne à voir, grâce à la fonction d’enregistrement de l’appareil, l'exécution des dessins, les changements de direction, de trait, de couleur, de lumière. " The Supper, 2016 ", projeté sur grand écran, est à mon sens un des points forts de l'exposition.

Au final je sors de l'exposition sans avoir apprécié l'art de David Hockney à la hauteur de sa réputation. Question de goût artistique personnel, les toiles de Hockney ne font guère vibrer de corde en moi, à l'exception des polaroids et des autoportraits, vibrants et émouvants. Indépendamment de mon ressenti, l'exposition est une réussite. Les informations sont nombreuses et pertinentes. Le parcours est fort bien pensé. La présentation des oeuvres est irréprochable (grands espaces, excellente gestion des sources de lumière). Une réussite donc.



David Hockney - Rétrospective - Centre Pompidou - Paris - du 21/06 au 23/10/2017 - Compte-rendu de visite David Hockney - Rétrospective - Centre Pompidou - Paris - du 21/06 au 23/10/2017 - Compte-rendu de visite Reviewed by Concerts expos by Pat on août 11, 2017 Rating: 5

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