Paris Ma Rose (Et Prélude Extrait Du Pont Mirabeau) - Serge Reggiani

Cette chanson de Serge Reggiani me trotte en tête depuis quarante ans. Je suis sensible à sa mélancolie. Elle touche mon âme. Pourtant je ne connaissais pas Paris lorsque j'ai entendu ces paroles pour la première fois. Quant au Paris que je connais depuis, il n'a rien à voir avec les émouvants tableaux évoqués par la belle voix de Serge Reggiani. Les paroles sont écrites par Henri Gougaud. Il évoque le souvenir de la Commune de Paris au travers de Clément des Cerises. Plus loin dans le temps, plus troublant encore, il me fait étrangement vibrer au souvenir de François Villon. Me voici transporté à Paris à la fin du Moyen-Age. François Villon, dans une ville ravagée par la peste et la malnutrition, écrit un rondeau sur Jenin l'Avenu (en gros, en ancien français, ça veut dire l'idiot cocu). Paris, moribonde dans ces années de mort omniprésente, ne compte alors plus que 100 000 habitants. Ses limites sont celles des 6 arrondissements centraux. Au delà des murs de la ville, ce sont les cultures maraîchères. Au débouché de la rue Saint-Antoine, le pouvoir a fait construire une forteresse pour défendre l'enceinte. C'est la Bastille. La chanson évoque le chemin vert qui serpente à travers champs depuis ce lieu jusqu'à Ménilmontant. Je reviens dans le présent. Tous ces endroits sont devenus citadins, avalés par l'expansion de la capitale. Une rue et une station de métro gardent le nom de ce chemin vert.

 
Comme le dit Guillaume Appolinaire, cité en introduction de la chanson :

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Le Pont Mirabeau, Alcools, 1913

Merci à vous les poètes, vos mots sont bouleversants.