Graham Nash - La Cigale - Paris - 29/05/2016 - Compte-rendu de concert - Concert review


RETOUR A LA MAISON
Graham Nash présente son dernier album solo et parcourt toute sa carrière. Une très belle soirée.

De la poussière à la poussière, de la cendre à la cendre
A la vitesse de la lumière, le temps passe lentement
Et à la fin, je suppose que rien n’a d’importance
Vous avez vécu votre vie avant que le vent
Ne vous retourne à la terre
Back Home (Retour à la maison)
Album « This Path Tonight » - 2016


Graham Nash entame une carrière solo à 74 ans. Il aurait pu garder son domicile à Hawaii, rester avec la femme qui partageait sa vie depuis quarante ans, parcourir le monde en chantant avec David Crosby et/ou Steven Stills. Mais non, Graham Nash a quitté sa femme, il est tombé amoureux d’une autre, il a quitté Hawaï pour New York (la culture urbaine lui manquait dit-il), il a écrit son autobiographie et il prépare plusieurs livres de photographies (une autre de ses passions). Côté musique ? Récemment brouillé avec David Crosby, Graham Nash assure que jamais plus on ne verra sur scène Crosby, Stills and Nash (et encore moins Young). Table rase. Pour bien marquer le coup de tonnerre dans sa vie, Graham Nash fait fi de toute nostalgie et créé à nouveau. Il sort son premier album solo depuis 14 ans, « This Path Tonight » (ce chemin ce soir) et part en tournée. Peut-on parler d’urgence Rock’n’Roll ? Il est temps de se faire sa propre idée. Direction La Cigale à Paris où Graham Nash vient traîner ses pieds…nus.


La Cigale est en configuration assise ce soir. Nous sommes placés pile poil en face de Graham Nash, en haut tout au fond du balcon. Au moins nous ne risquons pas de gêner qui que ce soit derrière nous en prenant quelques photos. Pour le confort postural la salle peut mieux faire. Les places assises sont trop étroites pour les jambes et le mécanisme de nos sièges est défaillant, faisant plonger l’assise vers l’avant

Le concert est annoncé à 19h et Graham Nash entre sur scène à 19h05. Il fallait mieux arriver à l’heure. Graham Nash joue pieds nus sur un magnifique et immense tapis oriental. Le reste de la décoration consiste en des piédestaux sur lesquels brûlent des bougies. L’artiste est accompagné en tout et pour tout de son compère Shane Fontayne à la guitare. Shane est le complice qui a co-écrit et produit le nouvel album "This Path Tonight". 


Graham Nash parcourt ce soir toute sa carrière. La première étape est le morceau « Bus Stop » de son premier groupe The Hollies. Un bon démarrage qui met la pêche d’emblée. Suit un autre morceau des mêmes Hollies, « King Midas in Reverse ». A ce stade Graham Nash dédit le concert à Marianne Faithfull, présente ce soir dans la salle. Il présente « Marrakesh Express » du fameux trio « Crosby, Stills & Nash » (Woodstock, la légende, tout ça quoi). De fait Graham Nash va introduire chaque titre en situant le contexte ayant présidé à son écriture. C’est souvent amusant, parfois poétique voire même mordant. Premier extrait de la carrière solo, « I Used to Be a King », datant de 1971, est ornementé d’un magnifique solo de guitare. « Immigration Man » nous rappelle que le duo Crosby et Nash, lorsque les deux hommes ne sont pas fâchés ensemble, fait des merveilles. A ce stade du concert nous devons souligner que Graham Nash et Shane Fontayne s’en sortent très bien. A eux deux ils captivent l’audience et remplissent sans aucun problème la salle de sons de guitares épatants et d’harmonies vocales délicates. « Sleep Song » est un autre titre extrait de l’album solo de 1971. Entre chaque morceau les deux guitaristes changent d’instrument. C’est un défilé de guitares vintage. Graham Nash présente ensuite « This Path Tonight », extrait de son dernier album solo éponyme. Un très beau morceau, vraiment très agréable à écouter. Le public applaudit avec chaleur. Graham Nash remercie en retour avec une attitude humble. Toujours extrait du nouvel album, « Myself at Last » est gratifié d’un chant splendide. Un autre très beau titre. Graham Nash et Shane Fontayne jouent ensuite un titre qu’ils ont composé sur la scène de l’Olympia et qui s’intitule tout simplement « Olympia ». Graham Nash y évoque la mythique salle parisienne et la mémoire d’Edith Piaf et de Maurice Chevalier. L’émotion passe. « Wind on the Water », autre titre du duo Crosby & Nash, est dédié aux baleines et exprime la honte de voir l’homme massacrer ces grands mammifères. L’évocation d’une ambiance aquatique avec piano et guitare est juste stupéfiante. C’est un des grands moments d’émotion de la soirée. Une splendeur.

Une pause de quinze minutes est requise par Graham Nash, qui nous invite à aller acheter son dernier album pendant qu’il va pisser un coup (sic). Nous descendons boire une bière. Le gobelet tendu par le barman est décoré d’une effigie de David Bowie.


A la santé d’Aline qui nous a donné l’envie de venir ce soir

La deuxième partie du concert démarre avec « Military Madness ». Nous sommes définitivement projetés en 1971 dans un univers musical qui prône la paix, l’amour de l’autre, le respect des animaux et de la planète, le tout avec aplomb et rébellion. La chanson « Lady of the Island » est fort belle. Il faut souligner l’incroyable jeunesse de la voix de Graham Nash, qui chante magnifiquement. « Marguerita » est une histoire d’amour « de dix minutes », assez désopilante, entre Nash et une femme qui commande une margarita sans sel au bar. Retour ensuite au politique avec le titre« Mississippi Burning », disponible sur l’édition avec bonus du dernier album solo. C’est l’histoire tragique de trois étudiants qui ont été tués au début des années soixante quand ils sont allés dans le sud des Etats-Unis pour demander le droit de vote pour les noirs. L’un d’entre eux était noir et n’a pas pu être enterré avec les deux autres. Comme quoi, conclut Graham Nash, le racisme fait des ravages même après la mort. Graham Nash déplore le fait qu’il observe une recrudescence du racisme aux Etats-Unis. Il souligne que le candidat républicain Donald Trump est un danger pour les Etats-Unis et pour le reste du monde. Le récent « Golden Days » est dédié aux jours anciens, l’âge d’or, les difficiles années d’après-guerre en Angleterre (Graham Nash est anglais même si il a longuement vécu aux Etats-Unis). Graham Nash explicite le message de la chanson : « Tout ne va pas mal, ne croyez pas les médias, seules les mauvaises nouvelles font vendre ». « Back Home » est une autre perle du nouvel album. Un rite funéraire pour les nombreux musiciens qui meurent ces dernières années. « On a l’impression de perdre un ami chaque jour » nous dit Graham Nash, qui dédie plus particulièrement le morceau à Levon Helm, batteur de The Band, décédé en 2012.



Les titres chantés ce soir sont sélectionnés avec beaucoup de réussite dans toute la carrière de Graham Nash. Leur ordre d’apparition est parfaitement choisi, assurant une progression fluide de l’ambiance du concert, avec une impression tenace de vivre une expérience intime entre l’audience et les deux musiciens. Pour le morceau suivant, « Cathedral », une pièce complexe qu’il joue superbement au piano, Graham Nash s’amuse à expliquer le contexte de l’expérience mystique qui est narrée. Voici l’histoire. Un jour de relâche lors d’une tournée de « Crosby, Stills & Nash », Graham Nash décide de se lever dès six heures du matin, de louer une Rolls Royce avec chauffeur, de prendre du LSD et de se faire amener sur le site mégalithique de Stonehenge (« à l’époque on pouvait encore toucher les pierres »). Il se rend ensuite à la cathédrale de Winchester dans laquelle il a une révélation qu’il décrit avec force (« Chaque religion doit avoir son jour/ Les expressions sur le visage du Sauveur/ Me font comprendre/Que je ne peux pas rester/ Ouvrez les portes et laissez-moi sortir/ Trop de gens ont menti au nom du Christ/ Pour que quiconque réponde à l'appel/ Tant de gens sont morts au nom du Christ/ Que je ne peux y croire ». Un grand moment du concert. Le classique « Our House » de Crosby, Stills, Nash & Young, permet au public de chanter. Nous ressentons le poids des années sur cette chanson qui nous semble dégager beaucoup moins d’émotion et de beauté que les autres morceaux interprétés ce soir. En fait la nostalgie ne joue pas pour votre serviteur qui n’écoute que rarement Graham Nash, CSNY, CSN et CN. C’est la fin de la deuxième partie. Les deux musiciens sortent brièvement de scène et reviennent jouer « Chicago ». Une belle interprétation d’un morceau toujours aussi efficace. Les musiciens s’amusent ensuite à reprendre « Blackbird » des Beatles. Un immense classique joué ce soir avec un amusement respectueux. Graham explique que ce titre sert aux deux hommes à se chauffer la voix avant le concert (« Nous ne sommes pas de chanteurs d’opéra, nous ne sommes pas des professionnels, nous sommes des chanteurs de Rock’n’Roll »). « Teach Your Children”, lui aussi de CSNY, conclue un concert de deux heures. Deux heures qui sont passées comme un charme. Une très belle soirée.


Setlist  :

  1. Bus Stop (The Hollies song)
  2. King Midas in Reverse (The Hollies song)
  3. Marrakesh Express (Crosby, Stills and Nash song)
  4. I Used to Be a King
  5. Immigration Man (Crosby and Nash song)
  6. Sleep Song
  7. This Path Tonight
  8. Myself at Last
  9. Olympia
  10. Wind on the Water (Crosby and Nash song)
Entracte
  1. Military Madness
  2. Lady of the Island (Crosby, Stills and Nash song)
  3. Marguerita (Crosby and Nash song)
  4. Mississippi Burning
  5. Golden Days
  6. Back Home
  7. Cathedral (Crosby, Stills and Nash song)
  8. Our House (Crosby, Stills, Nash and Young song)

Encore:
  1. Chicago (Crosby, Stills, Nash and Young song)
  2. Blackbird (The Beatles cover)
  3. Teach Your Children (Crosby, Stills, Nash and Young song) 
Graham Nash - La Cigale - Paris - 29/05/2016 - Compte-rendu de concert - Concert review Graham Nash - La Cigale - Paris - 29/05/2016 - Compte-rendu de concert - Concert review Reviewed by Concerts expos by Pat on juin 01, 2016 Rating: 5

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