Le Corbusier - Mesures de l'homme - Exposition - Centre Pompidou - Paris - du 29/04 au 03/08/2015 - Compte-rendu de visite
LAISSE BETON
Le Centre Pompidou expose Le Corbusier à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition
Les idées architecturales fortes de Le Corbusier sont citées, sans être approfondies. Toit-terrasse ou fenêtre en bandeau, je vois l'immense influence de l'architecte tout en restant un poil sur ma faim. La perspective choisie est de privilégier le rapport de l'architecte avec le corps humain. J'apprécie tout particulièrement la section consacrée au mobilier, avec des pièces à la modernité épatante près d'un siècle après leur conception. Au centre de l'exposition une salle entière est consacrée au Modulor, une silhouette humaine standardisée. Le Corbusier s'en sert pour dessiner ses projets, en remplacement du système métrique. Le Modulor est présenté par l'architecte comme un outil permettant un confort maximal dans les relations entre l'Homme et son espace vital. Pour ma part j'ai eu l'impression que la rationalisation de l'habitat autour du corps humain créait un effet d'enfermement, une mise sous contrôle de l'Homme. Le confort contre la liberté. A l'échelle des villes, Le Corbusier conçoit un urbanisme pour les masses. Dans son univers le béton est roi et les tours poussent haut dans le ciel.
Je trouve la chapelle Notre-Dame-du-Haut plutôt réussie avec ses effets de lumière sur les murs en béton. En revanche le couvent Sainte-Marie de La Tourette me laisse de marbre avec sa régularité géométrique, son épuration des formes. L'intérieur du bâtiment est peut être plus intéressant.
Même la menue cabane construite par Le Corbusier pour ses vieux jours manque d'âme à mon goût. Elle est ordonnée, hygiénique mais je ne sens pas battre son coeur. De fait je ne sens pas l'homme dans ces lieux. Quelque chose me chagrine, m'empêche de m'emballer. J'ai savouré les expositions consacrées à Eileen Gray, Bernard Tschumi ou Frank Gehry mais là j'ai du mal à apprécier la pensée rectiligne de Le Corbusier. Trop d'angles droits. Trop de recherche de standardisation.
En sortant de l'exposition j'ai la nette impression qu'il me manque une information cruciale. La librairie à l'étage est bondée de livres (et de produits dérivés) consacrés à l'architecte. Je feuillette les ouvrages. Un hors-série de Télérama éclaire ma lanterne. Le Corbusier a fréquenté des cercles fascistes dans les années 1930. Il fût fasciné par le totalitarisme (Mussolini puis Vichy) et par l'eugénisme. L’eugénisme est cette idéologie visant à intervenir sur le patrimoine génétique de l'espèce humaine dans le but de le faire tendre vers un idéal donné. Les commanditaires fidèles de Le Corbusier furent des idéologues sympathisants des régimes totalitaires, haïssant la démocratie, affichant leur antisémitisme. Des idées fort répandues à l'époque. Idéal de pureté, exaltation de l'hygiène, refus de l'individualisme. Ces idéologies violentes et mortifères alimentent la pensée et l'oeuvre de Le Corbusier. L'oeuvre de certains auteurs est indissociable de l'idéologie qui les animait (Céline en France, Lovecraft aux Etats-Unis, Salvador Dali en Espagne) et on la comprend mieux en la replaçant dans le contexte.
Au final une exposition qui aurait gagné en qualité à mes yeux en citant l'idéologie brutale qui anime l'oeuvre de Le Corbusier.
Le Centre Pompidou expose Le Corbusier à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition
"J'entends que les Directeurs du Contrôle Génétique
ont acheté toutes les propriétés récemment mises en vente,
prenant un risque audacieux.
Ils ont dit que dorénavant les gens seront d'une plus petite taille,
Ils pourront en faire tenir deux fois plus dans un même immeuble.
(Ils disent que c'est bien)"
Extrait de la chanson "Get 'em out by Friday"
sur l'album Foxtrot de Genesis en 1972
ont acheté toutes les propriétés récemment mises en vente,
prenant un risque audacieux.
Ils ont dit que dorénavant les gens seront d'une plus petite taille,
Ils pourront en faire tenir deux fois plus dans un même immeuble.
(Ils disent que c'est bien)"
Extrait de la chanson "Get 'em out by Friday"
sur l'album Foxtrot de Genesis en 1972
Le Centre Pompidou présente 300 documents de l'architecte Le Corbusier, dans de nombreux domaines (dessins, maquettes, sculptures, mobilier, motifs décoratifs, tableaux, photographies, journaux, manuscrits). L'occasion rêvée d'aller me faire ma propre opinion sur cette gloire nationale.
Modulor - 1944
Les idées architecturales fortes de Le Corbusier sont citées, sans être approfondies. Toit-terrasse ou fenêtre en bandeau, je vois l'immense influence de l'architecte tout en restant un poil sur ma faim. La perspective choisie est de privilégier le rapport de l'architecte avec le corps humain. J'apprécie tout particulièrement la section consacrée au mobilier, avec des pièces à la modernité épatante près d'un siècle après leur conception. Au centre de l'exposition une salle entière est consacrée au Modulor, une silhouette humaine standardisée. Le Corbusier s'en sert pour dessiner ses projets, en remplacement du système métrique. Le Modulor est présenté par l'architecte comme un outil permettant un confort maximal dans les relations entre l'Homme et son espace vital. Pour ma part j'ai eu l'impression que la rationalisation de l'habitat autour du corps humain créait un effet d'enfermement, une mise sous contrôle de l'Homme. Le confort contre la liberté. A l'échelle des villes, Le Corbusier conçoit un urbanisme pour les masses. Dans son univers le béton est roi et les tours poussent haut dans le ciel.
Ville contemporaine de trois millions d'habitants - 1922
avec Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret - Fauteuil tournant - vers 1930
Je trouve la chapelle Notre-Dame-du-Haut plutôt réussie avec ses effets de lumière sur les murs en béton. En revanche le couvent Sainte-Marie de La Tourette me laisse de marbre avec sa régularité géométrique, son épuration des formes. L'intérieur du bâtiment est peut être plus intéressant.
Couvent Sainte-Marie de la Tourette - Eveux-sur-l'Arbresle - 1953
Même la menue cabane construite par Le Corbusier pour ses vieux jours manque d'âme à mon goût. Elle est ordonnée, hygiénique mais je ne sens pas battre son coeur. De fait je ne sens pas l'homme dans ces lieux. Quelque chose me chagrine, m'empêche de m'emballer. J'ai savouré les expositions consacrées à Eileen Gray, Bernard Tschumi ou Frank Gehry mais là j'ai du mal à apprécier la pensée rectiligne de Le Corbusier. Trop d'angles droits. Trop de recherche de standardisation.
En sortant de l'exposition j'ai la nette impression qu'il me manque une information cruciale. La librairie à l'étage est bondée de livres (et de produits dérivés) consacrés à l'architecte. Je feuillette les ouvrages. Un hors-série de Télérama éclaire ma lanterne. Le Corbusier a fréquenté des cercles fascistes dans les années 1930. Il fût fasciné par le totalitarisme (Mussolini puis Vichy) et par l'eugénisme. L’eugénisme est cette idéologie visant à intervenir sur le patrimoine génétique de l'espèce humaine dans le but de le faire tendre vers un idéal donné. Les commanditaires fidèles de Le Corbusier furent des idéologues sympathisants des régimes totalitaires, haïssant la démocratie, affichant leur antisémitisme. Des idées fort répandues à l'époque. Idéal de pureté, exaltation de l'hygiène, refus de l'individualisme. Ces idéologies violentes et mortifères alimentent la pensée et l'oeuvre de Le Corbusier. L'oeuvre de certains auteurs est indissociable de l'idéologie qui les animait (Céline en France, Lovecraft aux Etats-Unis, Salvador Dali en Espagne) et on la comprend mieux en la replaçant dans le contexte.
Au final une exposition qui aurait gagné en qualité à mes yeux en citant l'idéologie brutale qui anime l'oeuvre de Le Corbusier.
Le Corbusier - Mesures de l'homme - Exposition - Centre Pompidou - Paris - du 29/04 au 03/08/2015 - Compte-rendu de visite
Reviewed by Concerts expos by Pat
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mai 15, 2015
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