Cernunnos Pagan Fest 7 - Primordial - Angantyr - Manegarm - Himinbjorg - Fejd - Celtachor - Bran Barr - Myrkvar - Niburta - Kroazhent - La Machine du Moulin Rouge - Paris - 23/02/2014 - Compte-rendu de concert - Concert review

AU COEUR DE L'OMBRE
La 7ème édition du Cernunnos Pagan Fest c'est musique et ripaille.

Six cent pièces filent
vite, quand, sans retenue,
tous boivent sans fin.
Mais ils boivent l'esprit gai,
ainsi nous sommes ceux que tous méprisent,
et ainsi nous sommes sans le sou.
Ceux qui nous critiquent iront au diable
et avec les justes ne seront pas comptés.

Paroles issues de

"Quand nous sommes dans la taverne"
Extrait de Carmina Burana - Chansons profanes
Carl Orff 1935-1936

Le dieu cornu
Le festival Cernunnos Pagan Fest, qui en est à sa 7ème édition, est une fête médiévale avec ses artisans, ses jeux, ses animations et une taverne traditionnelle.
Cernunnos est un dieu gaulois. Il est parfois représenté entouré d’animaux tel un Maître du règne animal. 

Voici la représentation de Cernunnos sur le chaudron de Gundestrup, en argent martelé (c'est l'origine de la pochette de l'album "Golden Age" de Himinbjorg)


La fête a lieu dans les murs de la Machine du Moulin Rouge à Paris. Les trois niveaux de La Machine sont mis à contribution. Au sous-sol se trouve la petite scène et une partie des exposants, au rez-de-chaussée la grande scène, le merchandising des groupes et la suite des exposants, au 1er étage le restaurant avec des plats médiévaux, le vestiaire et les autres exposants. Rien moins que 5 escaliers principaux relient ces différentes zones.

Les groupes de musique alternent entre les deux scènes sans interruption de 14h30 à 22h30 en continu, soit 8h de musique. La programmation ne laisse aucune seconde entre deux groupes et il s'agit de changer d'étage à chaque fois. Ceci ne m'a posé aucun problème car le va-et-vient entre les deux scènes est facile. Pour ceux qui ne souhaitent pas changer de salle, des animations et des jeux permettent de patienter jusqu'au prochain concert (danse médiévale, démonstration de combat, souffleurs d'olifan, lancer de nain, tir à la corde, concours de costumes).


Grâce à l'excellente organisation du festival, j'ai pu voir tous les groupes (à l'exception de Månegarm que j'ai écouté de loin). Un très bon point est que chaque groupe a droit à au minimum 40 minutes de jeu. De quoi avoir le temps de construire et imposer une ambiance et un échange avec le public.
Voici mon compte-rendu.

Kroazhent : crossroads
Le nom Kroazhent signifie "croisée des chemins" en breton. Kroazhent joue de la musique bretonne en associant les instruments traditionnels (deux sonneurs à la bombarde et au biniou) au rythme du rock (guitare, basse et batterie). La section mélodique est complétée par une violoniste et la section rythmique par des programmations de boucles. Bien épaulée par le rythme basse/batterie/boucles, la guitare développe des ambiances post-rock. La violoniste (Coralie Larrazet, également à l'affiche avec Bran Barr) magnifie les morceaux avec un jeu qui allie puissance et sensibilité.
L'ensemble sonne très bien et donne la pêche. Le groupe ouvre le festival avec brio. Une douzaine de personnes improvisent une danse bretonne devant la scène (en attendant les circle pits et autre mosh qui vont se déchaîner au même endroit dans une heure).

Une bien belle prestation.



Setlist :
  1. Gavotte
  2. Dazont Plinn
  3. La Horde - Kas-a-barzh 
  4. Avance Rapide - Fisel
  5. Rond de loudeac
  6. Trans Breizh Express - An dro
  7. Rond de Saint Vincent
Voici le Rond de Saint Vincent (ici à Lorient en 2013) :



Niburta : au coeur des Balkans
Niburta est un groupe hongrois qui joue du folk metal/death mélodique avec une pointe de metalcore. La formation est menée par le beau chant aux influences orientales de Martina Veronika Horváth. Son chant s'oppose au chant phrasé d’István Kristóf. Le groupe joue un mélange de musique traditionnelle des balkans et de métal aux riffs saccadés. Il est étonnant que le groupe parvienne à donner une telle impression d'unité avec autant d'éléments musicaux disparates et autant de personnes sur scène (neuf!). L'exercice, périlleux, est globalement réussi, en particulier grâce à la fougue des musiciens, même si certains morceaux gagneraient à mon avis à être plus concis en concert.



 
 

Voici "Forebears' Dance" :


Myrkvar : au coeur de l'action
Retour à la petite scène pour voir Myrkvar et leur folk/viking metal. Les cinq néerlandais (dont une femme au violon) vont tout emporter sur leur passage. Les hymnes guerriers de Myrkvar font mouche. C'est épique à souhait. Le violon apporte de belles mélodies et le chant clair est agréable. Le tout est d'une redoutable efficacité en concert. C'est simple, dès le deuxième morceau le public brandit le poing et scande à l'unisson. Dès le troisième morceau la fosse est transformée en un champ de bataille pour le reste du concert. Une très bonne prestation, énergique et joyeuse.


 

Setlist :
  1. Noodlot
  2. Voorspelling
  3. Nagleschip
  4. Gjallarhoorn
  5. Oorlogslendeen
  6. I Viking
  7. Twistengod
  8. Donderslag
Voici "Nagelschip" :

Bran Barr : l'art de la fusion
Bran Barr maîtrise l'art difficile qui consiste à fondre et à allier les éléments folkloriques aux sonorités du metal. D'emblée le groupe installe un son équilibré et cohérent. Les rythmiques celtiques sont imparables et le chant rageur de Richard Loudin propulse le set. Les arrangements folkloriques sur album sont remplacés sur scène par le violon de Coralie Larrazet (vue juste avant avec Kroazhent). La jeune femme embellit la fureur des riffs avec ses sonorités délicates. Bran Barr réalise une prestation épatante, qui se conclut par une chanson à boire.


 


Setlist :
  1. Celebration - Son of Nuadh Amhach
  2. Rebirth - Morgan's Gift to Righ'Sidh
  3. Pride and Malevolence
  4. Bàas in the Underworld
  5. Fury - Exile Of The Orphan
  6. The Lamentable Tragedy Of Deidra
  7. Righ'beern
Voici le morceau "Profedïez" :


Celtachor : avec leur coeur
Le groupe Celtachor vient d'Irlande et c'est aujourd'hui son premier concert en France. Celtachor joue un folk black metal celtique (on pense bien fort à Primordial). Le chanteur, très volubile entre les morceaux, a un jeu de scène théâtral. Il apparaît passionné par sa musique et met tout son coeur à nous expliquer que les paroles sont inspirées par la mythologie irlandaise. La forte implication émotionnelle est palpable dans l'ambiance dégagée par la musique du groupe, qui a tôt fait de me fasciner. Les chansons sont propulsées par la remarquable rythmique de la batteuse, qui me surprend en parlant un français impeccable. Rien d'étonnant puisque Anaïs Chareyre est une française installée à Dublin. Elle est également graphiste et c'est elle qui réalise l'artwork du groupe.
Un beau concert.

Voici "Sorrow of the Dagda" :


Fejd : jolis coeurs
Fejd est un groupe suédois qui joue de la musique folk avec un emprunt aux sonorités metal. Voici qui est rafraîchissant. ça me change des groupes folk metal qui bastonnent leurs riffs et leur chansons à ripailler en ne laissant que peau de chagrin aux éléments folkloriques (suivez mon regard : Finntroll en 2008 dans cette même salle). J'écoute avec plaisir la langue suédoise et le chant épique, un peu mélancolique, d'une douceur parfois presque sucrée. L'ensemble m'a paru un peu répétitif dans ses motifs mais sans jamais être monotone. Une autre belle prestation à l'affiche de cette magnifique journée.



Voici "Ulvsgäld" :

Himinbjorg : chant de guerre
Himinbjorg est un groupe français de black/viking metal. Le son déployé par la groupe est juste ébouriffant, clair et violent. Le duo basse/batterie est d'une puissance redoutable. Les riffs de guitare sont imparables. La voix emporte le tout avec un chant intense et athlétique. La fosse se déchaîne. La reprise finale d'Impaled Nazarene est sidérante d'efficacité, alliant à merveille brutalité et technicité.
Après une telle mandale, je décide de faire une pause d'une heure avant d'enchaîner sur un autre concert.

 

Setlist :
  1. In the forest...
  2. Death of a King
  3. Solstice
  4. Destin de sang
  5. Rising
  6. The Horny and the Horned (reprise de Impaled Nazarene)
Voici "Rising" :


Månegarm
Je regarde la prestation de Månegarm de (très) loin en me remettant doucement de la baffe Himinbjorg. Du coup je ne fais pas de compte-rendu sinon il serait biaisé.


Angantyr : au coeur de la tempête
Angantyr est un groupe de black metal danois. Il s'agit du projet d'une seule personne, accompagnée de deux autres musiciens pour les concerts.
Les membres du groupe boient un litre de bière chacun sur le côté de la scène avant de monter sur scène. Leur musique est puissamment évocatrice. Je me retrouve seul sur un navire balloté par la tempête. Les eaux sont glacées et tomber à l'eau serait mortel. Autour de moi tout n'est que violence et désespoir. Une sourde haine me fait tenir la barre. Les musiciens d'Angantyr déchaîne leur black metal avec la hargne inhérente au genre et de subtiles mélodies. En concert les hurlements hargneux l'emportent sur les éléments folk. Quelques larsens et quelques hésitations dans l'enchaînement des morceaux viennent perturber le voyage mais l'ambiance épique est là.
Un plaisir que de voir ce groupe en concert.


 

Setlist :
  1. Den Store Krig
  2. Endelos
  3. Lænket
  4. Slettes skal mindet
  5. Vemods Hjemstavn
  6. Mi Lange Mætter
  7. Svig
  8. Stormen fra nord


Primordial : au coeur du maëlstrom
Enfin! Enfin les irlandais de Primordial jouent en tête d'affiche. Enfin nous allons pouvoir entendre ce merveilleux groupe jouer durant 1h15. Primordial avait joué en 2008 dans cette même salle mais était situé dans la programmation entre Eluveitie et Finntroll. Quant au Hellfest, après un remarquable passage en 2008, Primordial a joué de malchance avec en 2011 un son pourri par un violent vent latéral (c'était avant les nouvelles scènes fermées) et en 2013 un avion tellement en retard que le groupe n'a pu jouer que quatre morceaux. Bref ce soir Primordial est enfin en tête d'affiche. Le groupe connaît l'histoire et sait que le public français l'attend de pied ferme. D'entrée de jeu le son est puissant et chaque instrument est parfaitement audible (J'ADORE le jeu de Simon à la batterie). Le chanteur Alan Averill est, comme à l'accoutumée, très théâtral. Il va chercher chaque membre du public de sa voix, de ses mains, de son corps, de son coeur. Et quelle voix. Une des meilleures voix du métal, toutes époques et styles confondus. Primordial puisent largement les morceaux de la setlist dans ses deux derniers albums. Albums au demeurant en tout point remarquables, Primordial étant un des rares groupes qui à mes yeux effectue un sans faute depuis plus de vingt ans. Le concert alterne les moments d'émotion brute ("Bloodied Yet Unbowed" et le toujours traumatisant "The Coffin Ships") et les déchaînements de rage ("As Rome Burns"). La musique du groupe nous invite à nous battre avec colère contre la fatalité, même si le combat est perdu d'avance. Primordial conclut avec un "Empire Falls", en laissant le public HURLER le couplet qui rappelle que tout empire est voué à s'écrouler un jour.
Primordial est venu, a vu et a vaincu.

Vous revenez quand vous voulez les gars!
 
 

Setlist :
  1. Intro : Dark Horse on the Wind (*)
  2. No Grave Deep Enough
  3. Gods to the Godless
  4. Journey's End
  5. Bloodied Yet Unbowed
  6. Sons of the Morrigan
  7. As Rome Burns
  8. The Mouth of Judas
  9. Heathen Tribes
  10. The Coffin Ships
  11. Empire Falls
(*) l'intro du concert est un classique du folk irlandais, écrit par Liam Weldon et intitulé Dark Horse On The Wind, chanté a cappella par Alan. Ce morceau figure sur la compilation "One And All, Together, For Home" et est en écoute ici.
Voici "The Coffin Ships" :


Un grand merci aux Acteurs de l'Ombre, à Sigma Music Event, à Battle's Beer, aux partenaires, aux bénévoles et aux festivaliers pour ce superbe festival.
Artwork d'Anaïs Chareyre, du groupe Celtachor.

 
Cernunnos peint par Valérie Herron

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1 commentaire

Anonyme a dit…

merci pour ce live report! moi qui cherchait justement les setlist ;)