Félix Vallotton - Le feu sous la glace - Exposition - Galeries nationales du Grand Palais - Paris - du 02/10/2013 au 20/01/2014 - Compte-rendu de visite

VICE CACHE
L'exposition Félix Vallotton au Grand Palais permet d'admirer l'élégante oeuvre de l'artiste.

« Il me semble que je peins pour des gens équilibrés,
mais non dénués toutefois – très à l'intérieur –
d'un peu de vice inavoué.
J'aime d'ailleurs cet état, qui m'est aussi propre. »
Félix Vallotton - Journal du 13 août 1919

L'exposition intitulée « Le feu sous la glace » présente 60 gravures et 110 toiles de Félix Vallotton, dans le décor somptueux des Galeries nationales à Paris. Ces galeries sont situées dans une partie de l'aile nord du Grand Palais. L'escalier menant au deuxième étage de l'exposition est de toute beauté.

Félix Vallotton est un artiste peintre, sculpteur, graveur sur bois, critique d'art et romancier. Il est né en Suisse à Lausanne le 28 décembre 1865. Il a été naturalisé français en 1900 et est mort en 1925.

Entre 1891 et 1901, la renommée de Félix Vallotton devient internationale grâce à ses illustrations en noir et blanc. L'artiste renouvelle l'art de la xylographie (bois gravé) avec 120 œuvres marquantes. Le trait est précis, les cadrages subtils. Le noir emplit volontiers les illustrations, dévorant le blanc, reflétant notamment la violence des relations adultérines, sujet récurrent de l’artiste.

L'Argent - Intimité V - 1898

La Paresse - 1896

A partir de 1901, Félix Vallotton se consacre à la peinture. Son travail est intensif. Il peindra 1700 toiles. Il poursuit ses recherches visuelles, développant un style lisse, des contours clairs, des couleurs délicates. Les cadrages sont intrépides, influencés par l'art naissant de la photographie.

Félix Vallotton peint des paysages, des intérieurs, des natures mortes, des portraits, des femmes nues.

La blanche et la noire - 1913

L'Automne - 1908

Les paysages sont peints dans l’atelier de l’artiste d’après des esquisses effectuées en extérieurs, voire d’après des photos. Félix Vallotton expérimente, il aplatit les perspectives, poursuivant le travail entrepris avec ses gravures.

Le peintre affectionne la représentation du corps des femmes, de préférence avec des formes généreuses. Les carrnations sont froides (les chairs sont trop roses voire grises ou bleues) et contrastent avec les couleurs chaudes des murs et du mobilier, comme pour opposer interdits et pulsions. L’artiste glisse des allusions (des rougeurs équivoques) et des détails inattendus comme la pilosité des aisselles fièrement exhibée.

Les scène d’intérieurs empruntent le langage spécifique à la photographie avec leur point de vue audacieux, l’évocation d’éléments hors-champ ou des effets de lumière comme le contre-jour.

L’artiste a égélament peint des toiles sur la guerre (1914-18) ainsi que des tableaux d’inspiration mythologique.

Le cimetière militaire de Châlons - 1917

Cette exposition a été pour moi l’occasion de découvrir avec un immense plaisir ce passionnant artiste et son œuvre sensuelle, sensible et réfléchie.

Si vous le pouvez, n’hésitez-pas à aller contempler ces œuvres jusqu’au 24 janvier 2014. Une reproduction ne saurait rendre les rouges somptueux de « La Roumaine à la robe rouge » ou le regard de « L’Africaine », ni parvenir à restituer le halo dans les yeux bleus du « Retour de la mer » ni le regard derrière les lunettes de « L’autoportrait à la robe de chambre », ni encore la qualité stupéfiante des reflets du mobilier et de la lumière dans « La malade ».

Félicitations aux organisateurs pour cette très belle exposition.