Uriah Heep - Thin Lizzy - Garage - Sarrebruck - Allemagne - 14 Octobre 2008 - Compte-rendu de concert - Concert review

SOMPTUEUX
Uriah Heep joue à Sarrebruck, avec Thin Lizzy en première partie. Une soirée magique.

Le concert avait lieu à Sarrebruck/Sarrebrucken. C'est situé en Allemagne à la frontière (environ 30 minutes de voiture au dessus de Metz). ça fait 440 km de bonne route (que de l'autoroute) soit 4 heures. Météo nickel tout du long.

Localisation :
Votre serviteur est un grand naïf. Quand il va voir un concert à Sarrebruck, il tape Sarrebruck sur Mappy, il monte dans sa bagnole et il fonce. En fait Sarrebruck est une grande ville donc c'est un peu comme taper Paris pour trouver la salle de l'Elysée Montmartre. Donc arrivé à Sarrebruck me voici jouant à la course aux trésors à une station service : "Guten Tag, bonjour, je cherche la salle "Garage", bitte". J'obtiens une orientation et je me rapproche du lieu mais je reste complétement perdu. J'interpelle un passant. Il ne parle pas anglais et je ne parle pas allemand mais il est de super volonté. Il se propose de monter dans ma voiture et de me guider jusqu'à la salle vu qu'il est super sympa et pas à 5 minutes : "Keine problem. Ich Free". C'est parti. En chemin il me demande "Gruppen?". Les groupes? Je les cite mais il ne connaît pas. Sympa le gars, me voici devant la salle avec un quart d'heure d'avance.

La salle :
très chouette salle. Visuel fonctionnel et passe partout. Taille Bataclan. Il y a des pièces spéciales en plus de la salle principale (billards, fumeurs, bars). Les toilettes sont super spacieuses.

La foule :
Majoritairement 40 à 50 ans. Guère plus. Pas mal de moins de 40 ans dont quelques ados (15 ans). Un public mixte hommes/femmes. Habillement sobrement métal ou carrément commun. Les tee-shirts sont de circonstances (pas de trash/black metal) : Uriah Heep, Thin Lizzy, MSG, Iron Maiden, Rush, New Model Army (bibi), Whitesnake, Journey.

Première partie :
Un homme de 25-30 ans avec une guitare (mais sur son CD il a un groupe complet pour l'accompagner) vient chauffer la salle pendant 20 minutes. C’est du pop folk plutôt pêchu. Le gars se la joue écorché vif (la guerre ce n’est pas bien, l’amour ça va ça vient). Sa voix est puissante et il tente des montées dans les aigus genre Bee Gees qui sont plutôt pas mal. Quand il se calme la salle couvre son show (ça cause beaucoup !). Le gars assure son rôle : il a chauffé nos oreilles.

Thin Lizzy
Thin Lizzy tourne donc encore. Une bonne partie du public est venue pour eux et ça s’entend lorsqu’ils montent sur scène, sur fond de sirènes d’alarme. Le son est très (trop) fort. La batterie décolle les poumons (je suis au 5ème rang). Il est difficile d’apprécier les guitares tant le son sature. Je sors les boules Quiès. Ça va tout de suite mieux. Je vais pouvoir profiter de morceaux d’anthologie (Jailbreak, Boys are back in town, etc…), avec une basse épatante (sacrée Phil Lynott, rest in peace), des morceaux parfaitement construits (Phil Lynott forever), de la chaleur (Phil !), des duels de guitares ahurissants. Le seul truc qui cloche c’est que la formation actuelle n’a aucune âme. Malgré le répertoire exceptionnel, ça cachetonne dur. Les grimaces enthousiastes et les sourires forcés n’y font rien, ça sent tout juste l’honnête Tribute Band. Quelques passages laissent cependant imaginer ce qu’a du être Thin Lizzy du temps de sa splendeur. Ça devait être une tuerie sur scène. L’émotion me submerge sur les deux morceaux « pour emballer » (dancing in the moonlight puis Still in love with you). Un épouvantable solo de batterie me fait revenir à la réalité. L’émotion vient du passé et non de ce qui se passe sur scène. Le solo de batterie est insupportable. Déjà c'est un solo de batterie et en plus le son est tellement fort que seule ma ceinture empêche mon pantalon de descendre sous les vibrations. Quant à mes bouchons d’oreille il me faut les replacer régulièrement car le volume sonore les décolle de mes conduits auditifs. Le batteur a décidé de bien montrer qu’il a 12(!) cymbales et charlestons à sa disposition et il les cogne, les finissant à poings nus. Fin du show pour moi, le solo de batterie m’a fait décrocher. Je reviens le temps d’un « Cold Sweat » très bien exécuté en rappel (le groupe arrête de grimacer et se concentre sur la musique et tout de suite ça fait une différence). Encore un dernier morceau qui finit dans un bordel de larsens indignes de Thin Lizzy et le Tribute band quitte la scène. Finalement je me dis que Thin Lizzy aurait mérité de ne pas être diminué par ce tribute band appliqué mais bien fatigué. Allez, honnêtement, ça vaut au moins la moyenne car le groupe a joué une heure que je n’ai pas vu passée (sauf l’affreux solo de batterie). Je me dis cependant que je n’irai pas les revoir (sauf si ils sont en première partie d’un autre groupe comme ce soir).


Le changement de scènes
En 30 minutes, les roadies démontent la scène complète de Thin Lizzy et installent la scène de Uriah Heep. Un grand moment . Pour ne rien gâcher, le fond sonore c’est l’album de Tenacious D. Chouette. Je m’éclate comme un fou et j’ai quelques voisins qui m’informent qu’ils s’éclatent aussi (je ne capte rien à l’allemand et ils ne parlent pas anglais mais on se comprend !).

Uriah Heep
La salle plonge dans le noir et Uriah Heep entame le morceau « Wake the sleeper » du dernier album. Tout est parfait. Le son est puissant mais supportable (ils ont visiblement baissé le volume par rapport à Thin Lizzy). Je vire les boules Quiès. Le son est magnifique, immédiatement enveloppant. Je baigne dans une puissance émotionnelle. Je souris béatement. Jouissif. Je me dis que rien que ce premier morceau valait déjà le (long) détour. J’ai rarement ressenti un tel plaisir en concert. Le groupe enchaine sur « Overload » et le chanteur révèle sa voix. La voix est puissante, chaude, aimante, magnifique. Elle choppe le cœur et le caresse. Aucun effet sur cette voix (juste quelques échos parfois), c’est tout simplement une voix exceptionnelle. Avec ça le chanteur parle à chaque personne dans la salle. Il est incroyablement charismatique. Le groupe attaque « Tears of the World ». C’est tellement bon que je baigne dans l’émotion. Littéralement. C’est la puissance et l’émotion de leur dernier album mais le tout multiplié par 10. Je réalise que le guitariste est un tueur. Je peux visualiser sa part dans la création de cette ambiance hallucinante. Il joue avec tellement de distorsion que sur CD je crois entendre un clavier. Malgré cette distorsion (ou grâce à elle), il dégage une émotion sidérante. Il sourit, caresse ses cordes, humidifie son doigt du bout de la langue avant d’attaquer la corde, lèche son médiator, souffle sur ses cordes, nous envoie des notes imaginaires du bout des doigts comme si il nous saupoudrait d’une poudre magique. Et la magie opère. Je suis complètement pris dans la musique. Le chanteur semble avoir 5 ou 6 ans sur son visage. C’est un gosse qui s’éclate. Il le dit d’ailleurs : « nous sommes là simplement pour prendre du bon temps en faisant du bruit ». La tuerie du dernier album continue avec « Land of a thousand stars ». Le chanteur ouvre ensuite une malle imaginaire et en sors un ancien morceau. La foule exulte. Moi aussi car même si je ne connais pas les vieux morceaux, l’ambiance est telle que tout est bon. Le bassiste, le clavier et le batteur assurent comme des malades pour aider à créer et maintenir l’émotion. Les visages autour de moi deviennent béats. Quand on croise nos regards dans la foule, ça nous illumine les yeux et on se fait des larges sourires avec un hochement de tête. Je n’avais pas connu çà depuis le concert du DKT MC5 à l’Elysée Montmartre. Cette musique fait tellement de bien à mon cœur, à mes tripes et à mon âme que j’ai envie d’aller embrasser le chanteur. Le seul chanteur qui me déclenche une telle réaction fusionnelle en concert c’est Higelin. C’est ça, voilà, Uriah Heep arrive à créer ce moment magique quand la foule non seulement fusionne avec le groupe mais aussi fusionne entre chacun de ses membres. C’est ce genre de concert où une entité vient couvrir l’ensemble de la foule, la réconforte, la berce, la réchauffe, la caresse. C’est très rare. Seuls quelques groupes arrivent parfois (pas toujours) à créer cette sensation (Higelin, New Model Army, Rose Tattoo). Ce soir cette entité est là et elle pénètre tout mon être. Cette sensation ne va jamais faiblir tout au long du concert. C’est si fort que le groupe lui-même semble surpris parce qu’il provoque. Surpris mais heureux comme un gosse de la situation qu’il a provoqué. Le chanteur annonce que visiblement de nombreuses personnes connaissent déjà le dernier album et que le groupe a décidé en conséquence de le jouer en entier. Je hurle : « Great, Excellent, Beautiful ». Nous ne sommes pas très nombreux à connaître le dernier album en fait mais nous sommes une petite dizaine à hurler notre sympathie pour cet album. ça nourrit visiblement le groupe qui nous renvoie notre soutien en balançant des versions hallucinantes de leurs derniers morceaux. Il faut entendre « Book of lies » en concert, c’est exceptionnel. J’apprends également que la magnifique et poignante ballade « What kind of God » parle du massacre des indiens d’Amérique (en particulier de Wounded Knee). Le chanteur perd son sourire le temps de chanter une sidérante version de ce morceau. Le final est grandiose avec sa relance à la basse (quel son) et la montée en puissance sur fond de hurlements. Le public et le groupe restent sonnés quelques secondes après ce grand moment d’émotion. Et le groupe enchaîne. Le concert va durer 1h45 minutes. Aucune faute de goût. Tout est magnifique. Je déclare Uriah Heep vainqueur toute catégorie pour le meilleur concert pour cette année (et l’année était fournie) et je place ce concert dans les tous meilleurs concerts auxquels j’ai pu assister. Uriah Heep nous salue après nous avoir fait exploser nos gorges sur un dernier Lady in black. Au revoir les gars. Quand vous voulez en France.
Uriah Heep - Thin Lizzy - Garage - Sarrebruck - Allemagne - 14 Octobre 2008 - Compte-rendu de concert - Concert review Uriah Heep - Thin Lizzy - Garage - Sarrebruck - Allemagne - 14 Octobre 2008 - Compte-rendu de concert - Concert review Reviewed by Concerts expos by Pat on septembre 20, 2009 Rating: 5

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